5 décembre 2016
Par Rénald Fortier

La SQI entend imprimer son leadership sur l’adhésion du milieu du bâtiment à la conception intégrée et à la modélisation numérique au Québec. Chronique d’une révolution annoncée.

BIM-PCI. Voilà une combinaison d’acronymes que les acteurs du bâtiment au Québec ont tout intérêt à intégrer à leur vocabulaire courant sans tarder. C’est que la Société québécoisedes infrastructures (SQI) a résolument entrepris non seulement de se tourner vers la modélisation des données du bâtiment (Building Information Modeling) et le processus de conception intégrée, mais aussi d’entraîner ses partenaires d’affaires dans son sillage.

 

Et force est de constater que la SQI est bien placée pour induire ces changements en profondeur dans la façon de concevoir, de réaliser et d’exploiter des bâtiments. De savoir seulement qu’elle gère un portefeuille comptant 78 projets actifs, dont la valeur cumulative est estimée à près de six milliards de dollars, suffit à prendre promptement la mesure de sa capacité à favoriser l’adoption de pratiques innovantes dans l’industrie.

 

Un pouvoir d’influence que la SQI a notamment su exercer au fil des dernières années, rappelons-le, pour donner une impulsion déterminante au mouvement en faveur du verdissement de l’environnement bâti au Québec. D’abord en exigeant l’obtention de la certification LEED pour ses projets de construction, puis celle de BOMA BEST pour s’assurer de la saine gestion environnementale de son parc immobilier.

 

L’imposition de ces exigences lui a bien sûr permis, depuis, de réduire l’empreinte de ses activités sur l’environnement, tout en l’amenant à fournir des milieux de travail plus sains et plus confortables aux ministères et organismes publics. Mais elle s’est également accompagnée du développement d’un véritable savoir-faire en construction et en exploitation immobilière écoresponsables dont peut désormais bénéficier toute l’industrie.

 

C’est donc avec une même portée élargie que la SQI entend maintenant favoriser le recours au BIM-PCI. Son président-directeur général, Luc Meunier, explique : « Nous visons sans cesse à améliorer la qualité de nos bâtiments, à en optimiser la performance sur l’ensemble de leur cycle de vie, à livrer nos projets dans le respect des coûts et des échéanciers, ainsi qu’à répondre du mieux possible aux besoins de nos clients. Et ce sont là autant d’objectifs vers l’atteinte desquels convergent l’utilisation de la modélisation numérique et l’adhésion au processus de conception intégrée. »

 

Implantation progressive

Comme ce fut le cas pour le bâtiment durable, la SQI doit nécessairement veiller à ce que ses fournisseurs emboîtent le pas pour profiter pleinement des bénéfices que promet l’implantation de l’approche BIM-PCI dans ses processus de gestion de projets. Voilà pourquoi cette révolution annoncée dans les façons de faire de l’industrie, parce que c’est bien de cela qu’il s’agit, ne s’opérera pas du jour au lendemain.

 

« Nous avons entrepris d’implanter le BIM-PCI progressivement sur un horizon de cinq ans à compter de 2016 », précise Luc Meunier. C’est ainsi que le BIM 3D (coordination) et la conception intégrée seront exigés dans le cadre de certains projets majeurs au cours des deux premières années, puis que les autres dimensions de la modélisation numérique entreront successivement en jeu selon le calendrier suivant : 2018, programmation des besoins en BIM avec le client ; 2019, BIM 6D (développement durable) ; 2020, BIM 4D (gestion des échéanciers) et BIM 5D (gestion des coûts) ; et 2021, BIM 7D (exploitation).

 

« Nous allons tranquillement déployer l’intégration optimale de l’approche BIM-PCI, note le PDG de la SQI, de façon à permettre à nos fournisseurs d’acquérir la capacité de répondre adéquatement à nos attentes. Mais en même temps que nous leur laisserons le temps de s’adapter aux changements qui se dessinent, nous allons demeurer fermes dans nos intentions et les inciter à se doter de l’expertise requise avec l’introduction d’exigences en ce sens dans nos appels d’offres. »

 

Luc Meunier convient que le recours à la modélisation numérique et à la conception intégrée par la SQI s’accompagnera d’un changement de paradigme majeur pour les fournisseurs de l’industrie, qui devront passer du travail en vase clos à un mode collaboratif mettant à contribution l’expertise de tous les acteurs engagés dans la conception et la réalisation d’un projet.

 

« Il est certain que notre démarche va bousculer les façons de faire traditionnelles dans l’industrie, dit-il. Le BIM-PCI, il faut le voir comme une approche d’innovation qui amène à revoir les pratiques établies en enjoignant à l’ensemble des intervenants s’activant sur un projet de partager une vision et l’atteinte d’objectifs communs. »

 

Si elle vise invariablement à susciter l’adhésion des architectes, ingénieurs, entrepreneurs et autres intervenants s’activant dans le bâtiment, la SQI entend également les soutenir dans leur quête d’innovation. C’est pourquoi elle a établi un dialogue à cette fin avec les différents acteurs de l’industrie, notamment par l’entremise de ses échanges avec les associations et corporations professionnelles. Sans compter les nombreux partenariats qu’elle a noués avec des universités québécoises et autres établissements de recherche et d’enseignement.

 

« L’intégration de l’approche BIM-PCI est incontournable, conclut Luc Meunier, car on ne peut pas bloquer l’innovation. L’industrie va assurément réussir à s’adapter. »

 

LES BÉNÉFICES ATTENDUS
  • Mobilisation des équipes autour de la vision et des objectifs du projet
  • Optimisation des solutions préconisées
  • Création de valeur

 

MODÉLISATION NUMÉRIQUE
  • Coordination (3D) : réduction du nombre de changements et de leurs coûts ; meilleure coordination multidisciplinaire ; gain de productivité
  • Programme : meilleure compréhension du projet ; projet répondant aux besoins du client
  • Coûts (5D) : budgets plus précis ; amélioration du suivi ; respect des budgets
  • Développement durable (6D) : efficacité énergétique et diminution des GES ; pérennité des infrastructures
  • Échéanciers (4D) : consolidation du système d’opération existant ; suivi optimisé des opérations ; gestion optimisée du parc immobilier
  • Exploitation (7D) : meilleure validation de la constructibilité du concept ; diminution du nombre de changements ; réduction de la durée des chantiers