Hydro-Québec accentue le recours à la préfabrication

24 décembre 2013

Le mégaprojet hydroélectrique de la Romaine fait la part belle à l’intégration d’éléments préfabriqués en béton. Une solution contribuant à écourter les échéanciers de construction et à améliorer la rentabilité des ouvrages.

Par Rénald Fortier

 

L’emploi de la préfabrication dans les ouvrages hydroélectriques québécois ne date pas d’hier. Même qu’il remonte aussi loin qu’au début des années 70, alors que la Société d’énergie de la Baie James (SEBJ) avait utilisé des éléments préfabriqués à LG-2. Avant de recourir de nouveau à cette solution à LA-2 dans les années 90.

 

Des applications qui, faut-il le dire, demeuraient aussi ponctuelles qu’exceptionnelles à ces époques. Car ce n’est qu’au moment de la construction du complexe Eastmain-1- A – Sarcelle – Rupert, à partir de 2005 à la baie James, que la préfabrication a véritablement commencé à être intégrée de façon plus significative par Hydro-Québec.

 

À Eastmain-1-A, des éléments de béton préfabriqués ont été utilisés comme panneaux de coffrage pour le mur aval et le plancher des alternateurs de la centrale, tandis que des poutres de béton produites en usine ont aussi été mises à profit pour constituer le tablier des transformateurs. Du côté de la Sarcelle, on fait usage de panneaux de coffrage préfabriqués pour le mur amont de la centrale.

 

Comme l’expérience s’est alors révélée des plus concluantes, le recours à la préfabrication a donc été préconisé à une plus grande échelle encore dans la foulée de l’aménagement hydroélectrique de la Romaine, sur la Basse- Côte-Nord. Rappelons que ce projet de l’ordre de 6,5 milliards de dollars, dont la réalisation se poursuivra jusqu’en 2020, inclut notamment la construction de quatre centrales totalisant 1 550 MW de puissance installée.

 

À Romaine-2, la première centrale mise en chantier, la préfabrication a été utilisée plus particulièrement pour le coffrage du mur aval, comme à Eastmain-1-A. Mais on a aussi élargi l’emploi de panneaux de béton préfabriqués jusqu’à la construction des murs périphériques.

 

L’installation de panneaux préfabriqués servant de coffrage pour le mur aval de la centrale Romaine-2. Photo de Hydro-Québec

 

Michael Labelle, directeur – Ingénierie de production à Hydro-Québec Équipement (HQE), précise : « Dans le cas d’une telle centrale en surface, les murs périphériques sont habituellement constitués en maçonnerie. Lors de leur construction, il faut nécessairement laisser la place aux maçons, ce qui fait que d’autres corps de métiers ne peuvent travailler dans le secteur, ce que permet d’éviter l’utilisation de panneaux de béton préfabriqués.

 

« L’idée derrière le recours à la préfabrication, c’est d’en arriver à fermer plus rapidement les centrales pour les remettre aux entrepreneurs. Un turbinier, notamment, c’est important que l’on puisse le faire entrer le plus vite possible, parce que c’est souvent par lui que passe le chemin critique dans la centrale », ajoute l’ingénieur, en soulignant que l’utilisation de panneaux de béton préfabriqués à Romaine-2 sera transposée aux autres centrales du complexe.

 

En plus de contribuer à écourter les échéanciers de construction, et donc à réduire les délais de mise en service d’un équipement, l’usage de la préfabrication se traduit par des économies sur les coûts indirects d’un projet. C’est qu’en permettant d’accélérer la fermeture complète de la coquille d’une centrale avant la venue du temps froid, l’utilisation du béton préfabriqué évite par le fait même la construction et le chauffage d’un abri temporaire.

 

« La préfabrication nous permet également d’optimiser nos campements, indique Michael Labelle, parce que nous allons avoir besoin de moins de travailleurs sur un chantier. Comme ils y resteront moins longtemps, la rotation va se faire plus facilement. »

 

La préfabrication n’est cependant pas sans poser de défis à HQE et aux entrepreneurs chargés d’exécuter les travaux.
« Ça exige une bonne coordination et une gestion des grues sur les chantiers. Il faut aussi adopter des méthodes de conception et de travail qui tiennent compte du genre de séquences que requiert la mise en place des éléments préfabriqués », explique Michael Labelle.

 

Reste que de la façon dont les choses se dessinent, la tendance en faveur de la préfabrication pourrait continuer de s’amplifier dans l’avenir. « La préfabrication, c’est transposable dans tout ce que l’on fait. On peut y recourir lors de la construction de postes de transport ou encore dans des projets de rénovation. Quand une solution nous permet de minimiser le temps de mise en service d’un équipement, c’est certain qu’elle va être considérée dans la mesure où il est possible de l’appliquer. Parce qu’en bout de ligne, ça se traduit par des revenus pour Hydro-Québec », conclut Michael Labelle.