Jouer la carte de la sécurité au chantier

20 mai 2016
Par Marie Gagnon

Au chantier, la santé et la sécurité des travailleurs passent souvent par l’innovation. Coffrage Alliance en fait la démonstration.

Sur un chantier de construction, il est fréquent de voir les travailleurs procéder au soulèvement et à la manutention mécanique de l’équipement et de matériaux nécessaires à la bonne marche des travaux. Ces activités les exposent cependant à des dangers aux conséquences potentiellement dramatiques. Il suffit de penser aux chutes de hauteur, au décrochement accidentel de la charge ainsi qu’aux risques de collision, de heurt ou de coincement, pour en mesurer l’ampleur.

 

Évidemment, les projets impliquant l’utilisation d’un appareil de levage ne tournent pas tous à la catastrophe. Certains chantiers se révèlent même exemplaires à cet égard. Ce fut le cas notamment lors des travaux de bétonnage du nouveau Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM) où, pour assurer la sécurité des travailleurs, Coffrage Alliance a mis au point un stabilisateur qui empêche les mouvements des tables volantes de coffrage lors de leur déplacement.

 

Danger en vue

De gauche à droite : Audrey, François et Cristelle Pomerleau, Steeve Rioux - Photo de René-Claude Senécal

 

« Les tables volantes sont des modules préfabriqués qui servent à la fois d’échafaudage et de coffrage pour les dalles de plancher, explique d’entrée de jeu le président de l’entreprise lavalloise, François Pomerleau. Chaque table fait 12 pieds de large et mesure entre 30 et 60 pieds de long. On les utilise généralement en raison de leur rapidité d’installation sur des projets à étages répétitifs et on les déplace d’un étage à l’autre à l’aide d’une grue. »

 

Et c’est là le hic. L’opération doit en effet être réalisée à grand renfort de précautions afin d’éviter le débalancement de la table. Chaque déplacement mobilise ainsi plusieurs travailleurs et nécessite l’application rigoureuse de méthodes de travail standardisées, exécutées sous l’oeil attentif des responsables du chantier. Toutefois, ces mesures préventives ne suffisent pas à éliminer les dangers associés aux tables volantes de coffrage.

 

« Juste pour le bâtiment principal du CHUM, qui compte une vingtaine d’étages, on devait utiliser environ 110 tables pour chaque niveau, précise François Pomerleau. C’est dire les risques encourus. On s’est donc assis avec nos ingénieurs, nos hommes de chantier et notre fournisseur de tables afin d’élaborer la procédure de travail la plus sécuritaire possible. »

 

Solution novatrice

La solution est toute simple. Baptisée « stabilisateur de coffrages volants », elle consiste en un système de levage à chaînes, du genre de ceux qu’on utilise habituellement avec un pont roulant. L’idée a tout simplement été transposée pour attacher et déplacer les tables volantes. Fixé à un câble relié à la grue, le stabilisateur permet de contrôler de façon précise le transport de la table. Une manette permet d’en régler les divers paramètres, comme l’inclinaison et la position du coffrage.

 

« La conception a nécessité plusieurs mois de travail, précise Audrey Pomerleau, qui assure la coordination marketing au sein de l’entreprise familiale. Il y a eu plusieurs phases de test, ici même à notre entrepôt. Au chantier du CHUM, le système a réduit la durée et la complexité des manoeuvres, en plus d’augmenter la sécurité des travailleurs et du public. »

 

En effet, grâce à cette solution innovatrice, aucun travailleur n’a eu à monter sur une table volante pour attacher les câbles de la grue aux points d’ancrage de l’équipement. Et ce, tant à l’étape du décoffrage, du déplacement que de la réinstallation. De plus, comme le stabilisateur ajuste de lui-même la longueur des câbles, la table de coffrage est maintenue de niveau lors des manoeuvres de déplacement, ce qui limite d’autant plus les dangers associés à l’usage de ce type d’équipement.

 

Cette innovation a par ailleurs valu à Coffrage Alliance d’être désignée lauréate de la catégorie Grandes entreprises, région Laval, à l’occasion de la remise des Grandsprix SST en avril 2015. Le jury régional a, entre autres, reconnu le caractère novateur du système, la possibilité de le transposer dans un autre environnement ainsi que l’élimination du danger. Selon les statistiques colligées par la Commission des normes, de l’équité et de la santé et de la sécurité du travail (CNESST), près de 700 chutes de hauteur surviennent chaque année sur les chantiers du Québec. En 2014 seulement, cinq travailleurs sont décédés à la suite d’une chute de hauteur.

 

 

 

UNE SOLUTION UNIVERSELLE

Le stabilisateur de coffrage volant mis au point par Coffrage Alliance est facilement transposable d’un chantier à l’autre. L’entrepreneur de Laval dit l’avoir notamment utilisé lors des travaux de coffrage de la tour Deloitte, à Montréal, et du nouvel édifice de la SSQ Groupe financier, à Longueuil, deux bâtiments comptant respectivement 26 et 12 étages.

« On n’a pas créé ce système uniquement pour nous et on ne veut pas non plus en garder la valeur ajoutée, souligne François Pomerleau. Au contraire, on souhaite que toute l’industrie puisse profiter de cette innovation. Car il y a encore beaucoup de chemin à faire en matière de sécurité au chantier, entre autres, pour prévenir les chutes de hauteur. »