Acheter l’équipement lourd en ligne, une bonne affaire ?

20 mai 2016
Par Marie Gagnon

La vente en ligne d’équipement lourd recrute de plus en plus d’adeptes parmi les entrepreneurs québécois. Des conseils pour optimiser son achat et éviter les pièges.

La démocratisation d’internet a radicalement transformé la façon de consommer. Aujourd’hui, il est en effet possible de tout acheter en ligne sans avoir à quitter son salon ni son bureau. Y compris l’équipement lourd. Pour les entrepreneurs québécois, il s’agit là d’un moyen efficace pour obtenir à rabais un engin de chantier en bonne condition. Mais encore faut-il faire preuve de discernement, car les déceptions peuvent être aussi élevées que les coûts d’achat.

 

Cette mise en garde, c’est Guy Gauthier qui la formule. Encanteur spécialisé dans la vente et l’achat d’équipement lourd pendant 25 ans, l’homme constate un engouement certain à l’endroit de la vente d’équipement en ligne. « À venir jusqu’en 2010, le phénomène était assez marginal, avec 10 à 12 % des ventes conclues par internet, observe-t-il. Mais la tendance s’est vite accélérée. Cette année, elles devraient dépasser les 45 %, et près de 50 % des ventes par encan devraient se faire par internet. »

 

Guy Gauthier - Photo de René-Claude Senécal

 

Une tendance qu’il explique par la popularité grandissante des outils informatiques et la souplesse qu’ils offrent aux entrepreneurs. « Aujourd’hui, tout le monde est branché, que ce soit par ordinateur, par téléphone ou par tablette, poursuit-il. Les gens font leurs recherches, ils comparent et montent un dossier. Tout cela sans avoir à se déplacer. Ça leur facilite la tâche et leur permet de gagner du temps. »

 

Flairer la bonne affaire

Une pratique qui leur permet de faire des bonnes affaires, comme le rapporte Daniel Théoret, de Roxboro. Directeur des équipements de l’entreprise de Dorval, il dit acheter de 2 à 3 millions de dollars d’équipement usagé par année. « L’an dernier, j’ai mis la main sur un concasseur dont la valeur à l’état neuf était d’environ 1,2 million en 2012. Je ne l’ai payé que 200 000 $ à l’encan, illustre-t-il. Par contre, il faut y mettre du temps. Je passe en moyenne quatre heures par semaine à faire des recherches en ligne. »

 

Selon lui, les meilleures occasions concernent les équipements hors normes. En d’autres mots, on ne perd pas son temps à miser sur une laveuse haute pression usagée, par exemple, mieux vaut l’acheter neuve. Dans le même esprit, il dit préférer les ventes aux enchères sans prix de réserve, car elles permettent d’obtenir des équipements en très bonne condition, mais pour une bouchée de pain.

 

Les transactions électroniques n’offrent toutefois pas que des avantages. Aussi, la vigilance est-elle de mise pour éviter qu’une transaction tourne au cauchemar. Car si la plupart des concessionnaires proposent des machines d’occasion certifiées et des options de garantie, rares sont les encanteurs à en faire autant. « Il faut éviter d’acheter à l’aveuglette, prévient Guy Gauthier. Si l’équipement n’est pas couvert par une garantie, c’est à vos risques et périls. »

 

Faire preuve de vigilance

Il suggère notamment de ne pas se fier uniquement aux photos et aux fiches descriptives fournies. Car les cas de maquillage, notamment sur le plan des heures d’utilisation, ne sont pas rares. Il faut donc poser les bonnes questions pour bien évaluer la condition de la machine. Mieux encore, il est préférable de se rendre sur place pour inspecter soi-même l’équipement ou de mandater un évaluateur de confiance pour qu’il fasse les vérifications d’usage en notre nom. « L’achat en ligne peut réserver de mauvaises surprises.

 

On peut trouver autant une excellente machine à rabais, mais aussi une très belle poubelle à rabais, ironise Guy Gauthier. Par contre, le magasinage sur internet peut être très avantageux. On peut comparer, se faire une idée, monter un dossier et gagner du temps. Mais il faut aller voir l’équipement pour avoir l’heure juste. Dans le cas des encans virtuels, je dirais que près de 80 % des lots se trouvent à l’intérieur d’un rayon de 500 kilomètres et, donc, facilement accessibles. »