GNL Québec : le BAPE émet plusieurs réserves

Après la tenue de 13 séances publiques et la réception d’un nombre record de 2 580 mémoires, le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) a remis son rapport de l’enquête entreprise en septembre 2020 relativement au projet de construction d’un complexe de liquéfaction de gaz naturel à Saguenay, Énergie Saguenay.

Ce projet présenté en 2014 par GNL Québec consiste à construire un complexe industriel de liquéfaction de gaz naturel sur le site de Port Saguenay dans le but d’exporter 11 millions de tonnes de gaz naturel liquéfié (GNL) par an de manière économique et sécuritaire sur les marchés mondiaux, à partir de sources d’approvisionnement de l’Ouest canadien. Le projet comprend des équipements de liquéfaction, d’entreposage ainsi que des infrastructures maritimes. Il repose sur un investissement privé évalué à neuf milliards de dollars et devrait être opérationnel en 2025 et générer, selon l’entreprise, des milliers d’emplois directs et indirects ainsi que des retombées économiques estimées à plusieurs centaines de millions de dollars au Québec.

 

Le thème des changements climatiques constitue l’un des sujets les plus fréquemment abordés, que ce soit à l’égard du contexte général de ce phénomène mondial, des émissions de gaz à effet de serre (GES) générées par le projet, de la transition énergétique souhaitée ou de l’atteinte des cibles de réduction des émissions. Les aspects économiques qui concernent, entre autres, les retombées anticipées, les effets sur l’industrie touristique, le marché du GNL et les options de développement économique proposées ont aussi fait l’objet de préoccupations.

 

Quant aux répercussions du projet sur le milieu biologique, les principaux éléments abordés portent sur le fjord du Saguenay et la faune aquatique, avec une attention plus particulière au sujet du béluga, ainsi que sur les milieux terrestres et humides. Quant au milieu humain, les préoccupations soulevées concernent particulièrement les incidences sur la santé et la qualité de vie, les impacts psychologiques et sociaux, les enjeux de sécurité et les Premières Nations. Certaines considérations à l’égard du processus décisionnel et de l’évaluation environnementale du projet ont également été soulevées.

 

Un débat polarisé

De nombreux résidents et représentants locaux voient dans ce projet une occasion de diversification et de développement économique pour la région. À l’opposé, plusieurs participants mettent en doute les attributs environnementaux du projet et considèrent qu’il va à l’encontre des engagements du Québec et du Canada en matière de lutte contre les changements climatiques et de protection de la biodiversité. L’impact du projet sur l’industrie touristique du Saguenay–Lac-Saint-Jean est également une source de préoccupations.

 

La Commission constate que ce projet produirait, durant les quatre années de construction, des retombées économiques importantes pour la région d’accueil et pour le Québec. Cependant, en phase d’exploitation, les retombées économiques les plus importantes se manifesteraient surtout dans l’industrie de production du gaz naturel de l’Ouest canadien.

 

Dans ce contexte, la Commission considère que la compétition dans laquelle l’initiateur s’est engagé pour sécuriser des contrats de vente de GNL à long terme apparaît difficile et que la fenêtre d’opportunité pour le projet semble s’être considérablement réduite depuis son annonce initiale.

 

Par ailleurs, la Commission émet des doutes quant au bilan positif du projet au chapitre des émissions de GES et considère que la mise en place de nouvelles infrastructures d’échange de GNL pourrait constituer un frein à la transition énergétique sur les marchés visés par le projet.

 

Source : Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE)