Cool Box : une solution pour atténuer les impacts des canicules sur les chantiers

À défaut d’avoir un endroit frais à disposition pour prendre une pause, il n’est pas rare de voir des travailleurs se réfugier dans leur voiture par temps de canicule. « Pour avoir de la climatisation, ils ont l’habitude de laisser tourner le moteur toute la journée », fait remarquer Magalie Verville, directrice Environnement chez TCI+. « Il fallait remédier à ça. Ça allait à l’encontre de nos ambitions », laisse-t-elle tomber.

En 2023, l’entreprise a alors réalisé une analyse afin de mieux connaître les risques associés aux chantiers de construction et les conséquences financières de ceux-ci. Au-delà des risques pour la santé, les chaleurs intenses peuvent aussi avoir un impact significatif sur la productivité, des pauses plus fréquentes ou plus longues étant nécessaires selon l’intensité du travail.

Chaleur et productivité

Le rapport Travailler sur une planète plus chaude: l’impact du stress thermique sur la productivité du travail et le travail décent (2020) indique que d’ici à 2030, quand la température mondiale devrait avoir augmenté d’environ 1,3 °C, la part du total des heures de travail perdues atteindra 2,2 % dans le monde – une perte de productivité correspondant à 80 millions d’emplois à plein temps. On ajoute que la productivité du travail ralentit déjà à des températures supérieures à 24-26 °C. À 33-34 °C, et pour une intensité de travail modérée, la performance du travailleur chute de 50 %.

Bon à savoir : au Québec, chaque degré au-dessus de la température maximale quotidienne fait grimper de 34 % le nombre de réclamations auprès de la Commission des normes, de l'équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST), selon une étude de l’Institut national de santé publique (INSPQ) publiée en 2021.

Un air de repos facile d’accès

Face à ces constats, TCI+ devait trouver une solution pour réduire les pertes de temps causées par les déplacements des travailleurs entre leur poste de travail sur un chantier et les aires de repos (roulottes pour les pauses), mais aussi, pour éliminer la marche au ralenti des moteurs des véhicules qui étaient utilisés comme aire de repos sur certains chantiers l’été pour la climatisation.

Une équipe de chantier composée du chargé de projets Marcelo Castro, de Jean-David Fortier, de François Bergeron et de Michael Tétreault a donc proposé d’aménager un conteneur maritime. Surnommé Cool Box, cet abri isolé et mobile est alimenté par énergie verte. On retrouve dans ce refuge rafraîchissant des chaises récupérées d’un aréna en rénovation, un congélateur, un distributeur d’eau, un brumisateur, une thermopompe, la climatisation et l’électricité temporaire.

Le conteneur de 10 pieds sur 8 pieds écoconçu avec des matériaux recyclés a été mis en fonction à l’été 2024. Il est principalement utilisé sur les chantiers de plus grande envergure comme les postes de transformation d’énergie.

L’idée de l’équipe lui a même permis de s’envoler vers Paris dans le cadre du Prix de l’Environnement 2024 présenté par Vinci Energies.

Depuis 2019, la CNESST a enregistré trois décès et 177 lésions professionnelles attribuables au travail à la chaleur. La Cool Box répond ainsi à un réel besoin, selon Magalie Verville. À un tel point que le nombre d’unités passera de deux à sept sous peu.

Même s’il n’est pas projeté de le commercialiser, le concept innovant connaîtra des améliorations. « Les prochains conteneurs seront munis d’un panneau solaire pour les rendre autonomes. En ce moment, la Cool Box doit être manipulée avec un engin de levage, mais notre équipe d’ingénierie est en train de développer une façon de la déplacer plus facilement », détaille Magalie Verville.