Spot, un nouveau membre de la famille Pomerleau

4 juin 2021
Par Elizabeth Pouliot

Un peu plus d’un an s’est écoulé depuis l’arrivée du chien robot Spot sur l’un des chantiers de Pomerleau. Période d’essai, avancées technologiques, projets d’avenir : quels constats l’entreprise dresse-t-elle de cette première année d’expérience ?

Créature électronique fabriquée de toutes pièces par Boston Dynamics, Spot était dans la mire de Pomerleau dès ses balbutiements. L’entrepreneur général s’intéressait grandement à l’entreprise américaine oeuvrant en robotique. Chez Pomerleau, Éric Lessard, vice-président Innovation, et Lieu Dao, gérante Innovation, étaient particulièrement curieux à propos des avancements technologiques entourant Spot. « On en avait parlé fréquemment et on avait de bons contacts avec Boston Dynamics », explique Éric Lessard.

 

En amont, Éric Lessard et son équipe ont évalué les possibilités et validé les risques associés à un tel projet. Une fois le risque classé acceptable, il ne restait plus qu’à convaincre Boston Dynamics. « Aussitôt la valeur ajoutée démontrée, nous sommes entrés en contact et nous nous sommes entendus pour participer au projet avant que le robot ne soit accessible au public », précise Éric Lessard. Car ne travaille pas avec Spot qui veut ! L’entreprise en robotique était d’abord très sélective, souhaitant avant tout créer un partenariat afin d’améliorer les fonctionnalités du robot.

 

Éric Lessard, vice-président Innovation chez Pomerleau. Crédit : Pomerleau

 

« Pomerleau adopte une attitude de partage et de collaboration avec ses différents fournisseurs. Nous n’étions pas intéressés à acheter une plateforme et à l’utiliser telle quelle, sans fournir de rétroaction », ajoute la gérante Innovation. Le désir de Pomerleau d’améliorer les produits utilisés et de faire profiter l’industrie de la construction de l’expérience acquise est probablement ce qui a convaincu Boston Dynamics d’adhérer au projet. « Ce n’est pas un fournisseur pour nous, c’est un partenaire », poursuit

 

Lieu Dao. « Ils avaient confiance en la qualité de leur produit. Mais comment performerait-il en chantier? » C’est ce que Pomerleau et Boston Dynamics souhaitaient découvrir en 2020, en commençant cette aventure par une période d’essai de six mois.

 

S’adapter à son environnement

Il était d’abord nécessaire d’observer Spot. Habitué à plus de stabilité, comment réagirait-il à un environnement aussi dynamique qu’un chantier de construction? Ses déplacements et ses habiletés physiques ont d’abord été mis à l’épreuve. « La première journée, Spot évitait les obstacles, mais il n’arrivait pas à monter les escaliers s’ils comportaient des contremarches ouvertes. Depuis quelques mois, il n’a plus de problème, il détecte et monte n’importe quel escalier sur le chantier », raconte Lieu Dao. Pomerleau est donc témoin de l’évolution des habiletés de Spot, constatant les améliorations que Boston Dynamics lui apporte.

 

Lieu Dao, gérante Innovation chez Pomerleau. Crédit : Pomerleau

 

Spot ayant été conçu à Boston sous une météo plutôt clémente, sa réaction face au froid, à la glace et à la neige, des éléments tous présents lors de son arrivée au Québec en janvier, devait aussi être observée. « Spot fonctionne très bien à moins 40 degrés Celsius. La seule précaution à prendre concerne les batteries, qui doivent être entreposées à une température supérieure à zéro », précise la gérante de Pomerleau. La neige apporte quant à elle son lot de défis. Pour se repérer dans l’espace, le robot fonctionne à l’aide de deux principes : il détecte la pression sous chacune de ses pattes et la compare avec ce qu’il voit.

 

« Avec la neige, ça devient difficile pour lui de comprendre l’espace. On peut alors désactiver sa fonction visuelle et se fier uniquement à la pression, » explique-t-elle. Pour ce qui est de la glace, Spot peut chuter… comme un être humain. « Avec des conditions de chantier sécuritaires, tout va bien. »

 

Un robot, plusieurs fonctionnalités

C’est d’abord la plateforme HoloBuilder, permettant la documentation photo et qui, en plus d’être intégrée au robot, est déjà en place sur les chantiers de construction de Pomerleau, qui a intéressé l’entrepreneur général. Il s’agit de la toute première responsabilité que l’on a confiée à Spot sur le chantier manufacturier où il a évolué à ses débuts et où il se trouve toujours.

 

Le robot peut, grâce à cette plateforme, faire le suivi d’avancement des travaux en prenant des photos sur 360 degrés, et ce, de façon autonome. Il peut également insérer le modèle 3D du bâtiment. « Sans aller sur le chantier, on peut savoir ce qui se passe, ce qui est construit. Ces données sont extrêmement utiles à l’équipe de projet, surtout lorsque l’accès au chantier est restreint », donne en exemple Lieu Dao. Grâce aux photos et aux modèles 3D générés par Spot, on compare l’installation, les emplacements, et on remarque ainsi les divergences ou encore les problèmes. »

 

Ces prises de photos sont des responsabilités normalement destinées aux stagiaires ou aux assistants-gérants de projet. Libérés de ces tâches peu stimulantes, ces derniers peuvent se concentrer plutôt sur l’analyse des photos ou remplir d’autres mandats beaucoup plus utiles et intéressants pour eux.

 

Dans le futur, Pomerleau compte faire voyager Spot sur ses autres chantiers canadiens, plusieurs s’étant montrés intéressés à l’accueillir. De plus, comme différents capteurs peuvent être intégrés au robot, c’est un éventail presque infini de possibilités qui se déploie. « Ce qui est intéressant, c’est de lui ajouter de nouvelles fonctions. On regarde les partenariats disponibles, les capteurs possibles, les différents manufacturiers ou intégrateurs de plateformes », confie Lieu Dao.

 

Actuellement loué, le robot sera bientôt un membre à part entière de l’équipe. Cette dernière teste ces jours-ci sa fonctionnalité de scan laser pour obtenir un modèle 3D de ce qui est réellement installé sur chantier. Il existe aussi comme option sur le marché la reconnaissance d’images, une avenue destinée à un usage industriel, mais que l’entrepreneur pourrait également explorer. « Un des atouts principaux de Spot, c’est qu’on peut l’envoyer dans des espaces restreints comme des tunnels pour effectuer certains relevés, plutôt que d’envoyer un humain. En termes de santé et sécurité, c’est un plus ! », termine Lieu Dao, ajoutant que la diminution du risque chez ses travailleurs est primordiale pour Pomerleau.

 

Intelligence artificielle, capteurs thermiques, bras robotisé : Spot a plus d’un tour dans son sac et ne demande qu’à acquérir de nouvelles compétences. Et, en tant que premier entrepreneur général au monde à utiliser Spot sur un chantier de construction sur une base quotidienne, Pomerleau l’a bien compris.

 

PEDIGREE DE SPOT
  • Capacité de chargement : 14 kg
  • Autonomie : 1,5 heure
  • Vitesse : 1,6 m/seconde
  • Doté de 2 ports de charge utile et d’une caméra à 360 degrés
  • Protégé contre les collisions, la poussière et la pluie
  • Capable de se relever s’il tombe