26 avril 2016
Par Marie Gagnon

Construction, démolition et rénovation. Voilà les trois mots d’ordre qui guident le mégachantier du nouvel hôpital de Baie-Saint-Paul.

La construction du nouvel hôpital de Baie-Saint-Paul aura un effet domino qui se répercutera sur les autres établissements de santé du secteur. Le projet d’une valeur globale de 270 millions de dollars, en incluant les frais financiers, comprend en effet deux lots de construction orchestrés de façon hiérarchique, mais interdépendants l’un de l’autre.

 

Le premier est scindé en deux volets. En cours depuis avril 2015 sur un terrain adjacent à l’hôpital actuel, le premier volet porte sur la construction d’un bâtiment de 34 750 mètres carrés sur quatre niveaux intégrant un CHSLD de 103 lits. Une fois la transition complétée en juin 2018, il sera suivi par la démolition de l’établissement existant, d’une superficie de 31 125 mètres carrés, afin de laisser place à un stationnement et des espaces verts.

 

Le second lot concerne l’édifice Pierre-Dupré, qui abrite actuellement les services d’hébergement de longue durée. Estimés à 15 millions, les travaux prévoient un réaménagement de 3 410 mètres carrés ainsi qu’un agrandissement de 229 mètres carrés pour le transformer en CLSC. Ce dernier volet ne sera toutefois enclenché que lorsque les bénéficiaires du CHSLD auront intégré leurs nouveaux espaces de vie, une étape qui sera franchie à la fin du printemps 2017. L’appel d’offres pour le second lot est prévu à l’hiver 2017.

 

Risque sismique

Comme le rappelle Caroline Jean, responsable clinique pour le CIUSSS de la Capitale-Nationale, ce projet est nécessaire en raison du caractère sismique de la région, parmi les plus à risque au pays, et de la non-conformité parasismique de l’hôpital aux normes de construction actuelles. « Dans Charlevoix, le sol risque de se liquéfier en cas de séisme et les interventions nécessaires à la mise aux normes de l’établissement ont été jugées trop coûteuses et leurs résultats, incertains », expose-t-elle.

 

« Habituellement, on ajoute des renforcements ou des murs de contreventement pour consolider la structure, précise le directeur de projet de la Société québécoise des infrastructures (SQI), Éric Gagnon. Mais ici, le problème, c’est vraiment la portance du sol. Et comme le roc est très profond, l’installation de pieux en sous-oeuvre aurait eu un coût exorbitant. De plus, l’hôpital est un bâtiment de protection civile et ses activités doivent être maintenues en tout temps. La seule option, c’était de reconstruire à neuf. »

 

Le nouveau complexe hospitalier est conçu en trois volumes, soit une aile pour les services auxiliaires, une pour le CHSLD et une pour l’hôpital. Sur le plan architectural, l’ensemble s’inspire largement du paysage local, réinterprétant son langage à travers une maçonnerie rehaussée d’acier émaillé et d’aluminium peint. Un phare coiffant l’entrée principale et des couronnements métalliques ceinturant l’ensemble, feront un clin d’oeil à l’église patrimoniale.

 

Conception innovante

« Il s’agit d’un projet clés en main, rappelle Louis-Alexandre Langlois, chargé de projet pour Pomerleau, l’entrepreneur qui a remporté le marché en 2014, au terme du processus de sélection. Autrement dit, on est responsable du design, qui doit répondre aux prescriptions de la SQI. Par exemple, on doit faire en sorte que le projet obtienne la certification LEED. On doit aussi aller chercher le crédit Bâtiment durable pour en assurer la pérennité et en faciliter l’entretien pour les 50 prochaines années. »

 

Il ajoute que le projet est également innovant en ce qui a trait aux méthodes employées au chantier. Ainsi, pour rehausser la capacité portante du sol, les concepteurs ont eu recours au vibroremplacement et à la compaction dynamique. Pour redistribuer les efforts sismiques dans la fondation, ils ont mis au point un radier hautement renforcé d’acier d’armature. Sur le plan structural, ils ont spécifié des éléments d’acier de dimensions standards, jumelés à des dalles de béton structurales, afin d’en accélérer la mise en oeuvre.

 

« On devait aussi appliquer le nouveau Code national del’énergie pour les bâtiments [CNÉB 2011], alors qu’il n’est pas encore en vigueur, poursuit Louis-Alexandre Langlois. Il faut se rappeler qu’un hôpital est avant tout un bâtiment exothermique, on climatise plus souvent qu’on chauffe. Pour la fondation, on a relevé le défi en spécifiant entre autres un isolant de polyisocyanurate de 100 millimètres d’épaisseur jusqu’à 8 pieds de profondeur. »

 

Alors que le design tire à sa fin, le chantier avance selon l’échéancier établi. Les fondations sont maintenant bien en place et la structure, qui a commencé à s’élever en décembre dernier, doit être terminée ce printemps et suivie par les travaux d’enveloppe, qui se poursuivront tout l’été. Le CHSLD et l’unité des services auxiliaires seront livrés en premier, soit en avril 2017, et le déménagement des bénéficiaires est prévu pour le mois de juin suivant. Quant à l’hôpital, sa livraison est prévue en avril 2018 et le transfert aura lieu en octobre 2018.

 

L’ÉQUIPE DE PROJET
  • Gestionnaire de projet : SQI
  • Bénéficiaire : CIUSSS de la Capitale-Nationale
  • Équipe maître en architecture : Architecture Solution Charlevoix (GLCRM et ass. / DMG / Bouchard et Laflamme arch.)
  • Équipe maître en génie électromécanique : SNC-Lavalin
  • Équipe maître en génie civil et structure : CIMA+
  • Entrepreneur concepteur : Pomerleau

 

L’ÉQUIPE DE L’ENTREPRENEUR CONCEPTEUR
  • Architecture : Lemay/Groupe A
  • Génie électromécanique : Bouthillette Parizeau/Tetra Tech
  • Génie civil et structural : Tetra Tech
  • Construction : Pomerleau

 


Cet article est tiré du Supplément thématique – Projets 2016. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous !