Projet Pie-IX : un premier chantier multipartenaire pour la STM

29 mars 2023
Par Émilie Lavergne

La loi 16, adoptée en décembre 2019, a permis à la Société de transport de Montréal (STM) de mettre en branle son premier projet multipartenaire qui a changé le visage de l’avenue Pierre-de-Coubertin en plus de rendre universellement accessible la station de métro Pie-IX.

Alors que la STM compte déjà une vingtaine de stations de métro universellement accessibles, les bases du prochain projet impliquant la station Pie-IX risquaient de donner des maux de tête aux citoyens, autant aux utilisateurs du métro qu’aux usagers de la route. « Comme nous n’avions pas le choix d’accéder aux infrastructures de la station sous les infrastructures municipales de l’avenue Pierre-de-Coubertin et du boulevard Pie-IX, nous avons donc consulté la Ville de Montréal pour arrimer nos chantiers, car on savait que la deuxième phase de la réfection de ce secteur était dans ses plans », explique Simon Brossard, gestionnaire au bureau de projet de la STM.

 

L’adoption de la loi a donc été nécessaire pour entamer les démarches, car celle-ci venait modifier certains articles de la Loi sur les cités et les villes, ouvrant la porte pour des projets multipartenaires.

 

Avant le début de l’année 2020, la STM n’aurait pas eu la possibilité d’intégrer les projets municipaux à son chantier de réfection de la station de métro, puisqu’elle n’avait pas l’autorisation de dépenser des budgets de partenaire tels que celui de la Ville de Montréal. Il lui aurait donc fallu exécuter les travaux d’excavation nécessaires à l’accessibilité de la station de métro pour ensuite remettre l’avenue Pierre-de-Coubertin à l’état de départ. Dans une seconde séquence, la Ville de Montréal aurait procédé aux travaux sur cette même portion de la voie, ce qui aurait exacerbé les inconvénients liés aux chantiers d’envergure ainsi que les couts et les délais de réalisation.

 

Limiter les contraintes pour la population

La première étape à réaliser pour parvenir à un projet multipartenaire a été de contacter les différents arrondissements pour éviter les potentiels conflits de chantier. Ensuite, la STM et ses partenaires, la Ville de Montréal, la CSEM et le SRB, se sont concertés au début de l’année 2020 pour arrimer leurs besoins afin de déployer un seul appel d’offres. Ainsi, en limitant le dédoublement des chantiers de construction, l’impact pour les citoyens était contrôlé et la gestion des fonds publics plus efficiente. La STM a piloté le projet intégré Pie-IX dans lequel tous les travaux des différents partenaires ont été réalisés via un seul contrat de construction octroyé à la compagnie MGB Associés.

 

Simon Brossard, gestionnaire au bureau de projet de la STM. Crédit : Gracieuseté

 

De ce fait, l’échéancier prévu a pu être respecté. Le chantier, totalisant un investissement de 81 M$, a débuté en octobre 2020 et en moins de deux ans tous les travaux projetés ont été réalisés. La particularité du défi a résidé dans la coordination des équipes impliquées. Chaque partenaire ayant son représentant désigné et son ingénieur, Simon Brossard devait s’assurer de la planification et de la gestion des étapes et des règles de construction en concordance avec eux. « Je peux affirmer que les gains d’efficacité ont largement dépassé le défi de coordination que cela a demandé », affirme le gestionnaire de la STM.

 

Des travaux d’envergure pour un tronçon névralgique

Pour la STM, les travaux envisagés comptaient notamment l’accessibilité universelle de la station de métro par l’ajout de quatre ascenseurs, mais aussi une variété de travaux de réfection. Allant du remplacement de la membrane d’étanchéité qui datait de l’ouverture de la station en 1966, de réparations structurales et architecturales, du remplacement de l’aqueduc et du système de ventilation en passant par la nouvelle signalétique, l’éclairage, le changement des escaliers et beaucoup d’autres rafraichissements nécessaires pour la pérennité de la station.

 

Une attention particulière a été apportée aux détails de finition des murs intérieurs de la station. Ainsi, la finition en lamelles de béton a été reproduite sur l’ensemble des nouveaux murs, afin de conserver l’image de marque et l’aspect historique de la station Pie-IX.

 

Pour l’accessibilité universelle, il a fallu procéder à l’agrandissement des deux édicules et les munir de portes-papillon automatisées, puis agrandir les infrastructures souterraines de la station en repoussant les murs afin de permettre l’élargissement nécessaire aux ascenseurs et aux corridors de passages.

 

Le SRB Pie-IX prévoyait l’aménagement de la portion entre Sherbrooke et Pierre-de-Coubertin en reconstruisant la fondation de la chaussée, pour y ajouter les nouvelles voies réservées aux autobus, ce qui permettait la réfection entière du système d’égouts et d’aqueduc.

 

À CONSULTER

 

De son côté, la Ville de Montréal avait aussi une longue liste d’améliorations afin de remplacer le tournebride Viau par deux carrefours giratoires urbains, d’élargir les trottoirs et d’aménager une piste cyclable en plus de planter une centaine d’arbres pour lutter contre les ilots de chaleur. La CSEM, de son côté, devait remplacer tout le mobilier d’éclairage et ajouter de l’éclairage d’ambiance.

 

L’accessibilité universelle progresse à la STM

La station Pie-IX est la 22e station de métro à offrir non seulement des ascenseurs, mais aussi des portes automatisées facilitant le passage et des stations de paiement améliorées. Dans un souci de répartir l’offre d’accessibilité de façon égale sur le réseau et avec une volonté de participer à l’inclusion sociale de l’ensemble de la population, ce sont 25 stations qui devraient être converties d’ici 2025. Cela permettra aux gens avec des limitations fonctionnelles, aux familles avec de jeunes enfants ou encore aux voyageurs avec bagages de circuler de façon fluide à travers la ville.

 

La station PIE-IX est la 22e station de métro à offrir des ascenseurs, des portes automatisées et des stations de paiement améliorées à ses usagers. Crédit : Julien Perron-Gagné

 

La transformation de la station de métro Pie-IX ainsi que le SRB permettent l’accès aux attraits d’importance de l’est de Montréal, que ce soit le Parc olympique, les musées d’Espace pour la vie et autres attraits avoisinants. Cependant, il ne serait pas envisageable de viser une réforme complète du réseau, certaines stations étant construites de façon non optimale. « Si on prend la station Beaudry par exemple, dont les corridors se trouvent à 30 mètres de profondeur sous le boulevard De Maisonneuve, il ne serait pas possible d’y parvenir, par la profondeur et par le manque d’espace pour élargir », affirme Simon Brossard. Le travail a été colossal. Rendre une station de métro accessible universellement demande des travaux d’excavation majeurs et une technique à point pour repousser les murs, en répartissant la charge des murs porteurs à l’aide de poutres sans porter atteinte à la sécurité des utilisateurs.

 

UNE EXPÉRIENCE DÉJÀ RENOUVELÉE

Qualifiant le projet de concluant, Simon Brossard affirme d’emblée que l’expérience du chantier multipartenaire pourra se répéter. Pour un projet de moindre envergure, la STM et la Ville de Montréal procèdent actuellement à la réfection de la membrane d’étanchéité de la station Berri-UQAM.