29 mai 2012

Par Benoit Poirier

 

C’est sous le thème L’armature, un choix qui s’impose que s’est déroulée la douzième remise des prix Armatura. Organisé par l’Institut d’acier d’armature du Québec (IAAQ), l’événement avait lieu le 16 mai dernier, à l’édifice Le Windsor, à Montréal.

 

L’envergure des réalisations, leur aspect novateur, les exigences particulières, les défis relevés au niveau du design et la mise en valeur du béton, les méthodes de construction utilisées et les mesures mises en place en santé et sécurité, ainsi que le respect des normes et des échéanciers sont au nombre des critères qui ont servi à évaluer les projets soumis.

 

Cette année, les prix ont été remis dans six catégories aux équipes lauréates, ce qui comprend le donneur d’ouvrage, les firmes d’ingénierie en structure et d’architecture, ainsi que l’entrepreneur général.

 

Catégorie résidentielle

Développement Immobilier Séville, le groupe IBI/CHBA, architectes et GENIVAR ont remporté la palme dans la catégorie résidentielle avec la première phase du projet Le Séville, rue Sainte-Catherine Ouest, à Montréal. Ce projet qui, à terme, comprendra 450 unités de copropriété réparties dans quatre bâtiments de 7, 11, 11 et 20 étages, vise la réhabilitation du célèbre théâtre construit en 1929 et qui avait été abandonné dans les années 80.

 

En plus d’utiliser des bétons haute performance dans les colonnes aux étages inférieurs, des coupleurs ont été utilisés en lieu et place des chevauchements afin de respecter les ratios d’armature, sans pour autant augmenter la dimension de ces dernières. Des solutions parasismiques ont en outre été intégrées au design.

 

Le Séville

 

Catégorie génie civil

Le ministère des Transports du Québec, les firmes d’ingénierie DESSAU/CIMA+ et les entrepreneurs Louisbourg SBC et Coffrage Alliance ont été honorés dans la catégorie génie civil pour la reconstruction du pont Viau, qui relie Laval et Montréal.

 

Les travaux consistaient en la reconstruction complète du tablier et des approches, la reconstruction partielle des colonnes, ainsi que la réparation des piliers et des arches. L’équipe a utilisé une arche de béton existante comme support aux coffrages requis pour la reconstruction de la dalle du tablier du pont. Aucune méthode de coffrage n’était connue pour ce type de travail et a dû être spécifiquement conçue. La méthode choisie a permis de prolonger la durée de vie de l’ouvrage, sans l’obligation de démolir complètement la structure ni de travailler sous l’eau, mentionne-t-on.

 

Le pont Viau

 

Catégorie commerciale

Le 2-22 Sainte-Catherine Est, nouvelle porte d’entrée du Quartier des spectacles de Montréal, a valu une reconnaissance dans la catégorie commerciale à la Société de développement Angus, au Groupe TEQ et aux firmes d’architectes Ædifica et d’ingénieurs SNC-Lavalin.

 

Cet édifice à vocation culturelle de six étages hors sol se distingue par son mur vitré constitué d'un mélange de verre et de céramique. En ce qui concerne la mise en valeur du béton, l’équipe a choisi d’en faire un élément architectural fort à l’intérieur du bâtiment et de le faire totalement disparaître à l’extérieur. On ne voit pas les colonnes qui soutiennent la façade architecturale, qui est inclinée à 45 degrés. Les charges sont distribuées de chaque côté de l’entrée sur les quatre premiers étages. Cela donne un effet de grandeur au bâtiment, qui s’ouvre tel un rideau de scène. Un système structural mixte sert à soutenir les panneaux de bois et de verre qui le revêtent.

 

Le 2-22 Sainte-Catherine Est

 

Catégorie industrielle

Le projet AP60, phase 1, de Rio Tinto Alcan, seul en lice dans la catégorie industrielle, a fait l’unanimité. Confié aux architectes Gemayel+Emmian+Kirimidtchiev, aux ingénieurs de SNC-Lavalin et de Hatch, ainsi qu’à l’entrepreneur Nordex, ce projet de la Vallée de l’aluminium est le premier d’envergure à implanter cette nouvelle technologie (AP60) de production de l’aluminium.

 

Le projet comprend une très grande diversité de catégories d’éléments tels que des massifs de conduits, des dalles sur pontage et sur sol, des rampes structurales et des supports de cuves. La mise en place, très stricte, devait être effectuée avec précision à l’aide de niveaux lasers rotatifs. La variété des formes bétonnées était très spectaculaire et la quantité de coffrages impressionnante, fait-on remarquer. La concentration d’armature dans les piliers et supports était très importante. Pour faciliter l’assemblage et le démantèlement des coffrages, ceux-ci étaient de type EFCO.

 

Le projet AP60, phase 1, de Rio Tinto Alcan

 

Catégorie institutionnelle

Dans la catégorie institutionnelle, le jury a retenu la construction du nouveau CRCHUM du futur quartier de la santé de Montréal. Mis de l’avant par le Centre hospitalier de l’Université de Montréal et Accès Recherche Montréal, il est composé de deux tours juxtaposées situées de part et d’autre du tunnel du métro Champ-de-Mars et de l’autoroute Ville-Marie. Il est réalisé par les firmes Menkès Shooner Dagenais LeTourneux Architectes/NFOE et associés architectes/Jodoin Lamarre Pratte et associés architectes/Lemay et Associés/Parkin Architects Limited, ainsi que les consortiums NCK/SDK et associés et Pomerleau/Verreault.

 

Entre autres défis relevés en cours de réalisation, l’ensemble de l'enveloppe de la façade du bâtiment donnant sur la cour intérieure s'appuie sur les dalles en saillie au-dessus du tunnel du métro. Ceci représente un porte-à-faux d’une envergure de 3,4 m étalé sur près de 14 étages. Autre particularité du projet, la conception des éléments de charpente d’une des tours a fait l’objet d’analyses pointues pour tenir compte des critères spécifiques de performance exigés par la présence d'équipements sensibles aux vibrations.

 

Le nouveau CRCHUM

 

Catégorie coup de cœur

Une réalisation des architectes de Lemay et associés, des ingénieurs de CIMA+ et des Entreprises Alfred Boivin, le pont en arc, sur la route 175 (future autoroute 73), dans le secteur Stoneham-et-Tewkesbury, a quant à elle suscité un coup de cœur. Cette commande du ministère des Transports du Québec a été livrée en juin 2012.

 

La construction des coffrages a été particulièrement complexe. Entre autres raisons, le fort biais et la géométrie irrégulière des massifs, les pressions importantes créées sur les coffrages lors du bétonnage et les coffrages en surplomb des massifs et des arcs. Le coffrage, le ferraillage et le bétonnage des arcs se sont avérés complexes à exécuter. Ces difficultés étaient attribuables à la forme parabolique des arcs et des parois du coffrage, qui avait des dimensions variables tant en hauteur qu’en largeur, précise-t-on. De plus, comme la partie supérieure de l’arc est plus large que la partie inférieure, la surface ainsi définie n’est pas verticale et l’angle formé est variable.

 

Le pont en arc Stoneham-et-Tewkesbury

 



Cet article est paru dans l’édition du jeudi 24 mai 2012 du journal Constructo. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous !