16 octobre 2015
Par Marie Gagnon

Creuser à l’aveuglette est une activité qui peut être risquée ! Pour prévenir le pire, des précautions s’imposent.

De plus en plus de fournisseurs de services publics ont recours à l’enfouissement pour faire cheminer leur infrastructure, si bien qu’aujourd’hui, le sous-sol québécois est parcouru par un vaste réseau constitué de canalisations, de fils électriques, de conduites de gaz, et de câbles téléphoniques et de câblodistribution. Une solution qui présente de nombreux avantages, particulièrement sur le plan esthétique, mais qui ne met pas pour autant le réseau souterrain à l’abri des ruptures accidentelles.

 

Le bris d’une canalisation ou d’un câble est rarement sans conséquence, rappelle Nathalie Moreau, la directrice générale, prévention et affaires publics, d’Info-Excavation. Le service d'Info-Excavation, faut-il le rappeler, est un centre de prévention créé en 1993 qui a pour mission d’offrir, aux entrepreneurs et à toute personne qui creuse, un service de repérage gratuit leur permettant de localiser les infrastructures souterraines et, de là, de creuser en toute sécurité.

 

« Plusieurs conséquences non souhaitées sont associées aux bris des infrastructures souterraines, note-t-elle. Il y a des risques directs pour la sécurité des travailleurs, mais aussi des conséquences indirectes pour les utilisateurs de ces services. Par exemple, la rupture d’un câble à fibres optiques peut être dommageable pour la vue du travailleur qui y est exposé, mais elle peut aussi mettre en péril la vie d’un malade, si la conduite principale du réseau de télécommunication de l’hôpital où il est hospitalisé est rompue. »

 

Madame Moreau indique d’ailleurs que 34 % des bris rapportés en 2014 étaient le fait d’entrepreneurs qui avaient négligé de contacter Info-Excavation avant de creuser et que près de la moitié de ces incidents mettaient en cause des conduites de gaz et des canalisations électriques. « Au Québec, on n’a pas encore enregistré de mort d’homme, et c’est tant mieux, poursuit-elle. Mais il reste que la plupart des bris et des incidents qui y sont reliés résultent d’un manque de planification et du fait qu’aucune vérification n’a été faite auprès des municipalités ou de notre service de localisation. Pourtant, le donneur d’ouvrage devrait l’exiger, et certains facteurs sont susceptibles d’éveiller les soupçons des opérateurs. »

 

Creuser à plein gaz

C’est le cas notamment dans l’exécution de travaux pour débloquer une conduite d’égout à l’aide d’outils mécaniques ou à jet d’eau à haute pression. Depuis une cinquantaine d’années, l’industrie gazière recourt en effet à la technologie dite sans tranchée pour mettre en place son réseau de distribution. Si, par malheur, la canalisation de gaz croise une conduite d’égout, il y a risque de rupture et, de ce fait, de fuite de gaz.

 

« Cette méthode, aussi appelée forage directionnel, permet de minimiser les dommages en surface, tout en étant moins coûteuse et plus rapide que la méthode par tranchée, souligne la porte-parole de Gaz Métro, Catherine Houde. Sauf qu’il arrive parfois que l’on perfore une conduite d’égout lors de l’installation de la canalisation de gaz naturel. »

 

Jusque-là, rien de grave. Sauf si, à la longue, des débris s’accumulent dans l’égout et finissent par l’obstruer. Si le plombier utilise des outils tranchants ou à haute pression pour dégager la conduite, il risque de perforer la canalisation de gaz et d’occasionner une fuite. Le gaz migrera par l’égout jusqu’au bâtiment, où il pourrait s’accumuler jusqu’à atteindre sa plage d’inflammabilité, soit une concentration dans l’air allant de 5 à 15 %.

 

« Avant tout, pour leur sécurité et celle des citoyens, on demande aux entrepreneurs en plomberie de communiquer avec Info-Excavation. Et pour éviter ce genre de situation, on a élaboré un programme favorisant des méthodes proactives pour limiter le forage directionnel, indique Catherine Houde, comme l’utilisation d’une caméra lors du forage, ce qui nous permet de voir en temps réel si on accroche une conduite. On a aussi sollicité la collaboration des municipalités pour cartographier les croisements lors du nettoyage annuel de leur infrastructure. Dans les secteurs plus à risques, on fait des vérifications sur le terrain. »

 

Potentiel électrique

Dans le même ordre d’idées, la présence ou l’absence d’indices visuels devraient aussi alerter l’opérateur. Chargé d’équipe au soutien technique d’Hydro- Québec, Claude Tremblay explique : « Dans les développements résidentiels, les fils électriques sont de plus en plus souvent enfouis pour des raisons esthétiques, et pas seulement les fils à 120-240 volts, mais les lignes de distribution à 25 kilovolts aussi. »

 

Il précise que ces réseaux souterrains sont habituellement situés en bordure de rue, à l’intérieur des servitudes publiques, et qu’ils cheminent généralement dans des conduites bétonnées, mais pas toujours. « Parfois des conduits de PVC, beaucoup moins résistants que le béton, sont enfouis directement dans le sol, mentionne- t-il. Le sectionnement d’un de ces conduits expose le travailleur à des risques d’électrisation. »

 

Si certains indices visuels, comme l’absence de poteaux et de fils électriques ou la présence de boîtes métalliques vertes aux couleurs d’Hydro-Québec, peuvent informer sur la présence d’un réseau électrique souterrain, le conseiller rappelle qu’il est impératif de faire une demande de localisation avant de creuser et suggère par ailleurs de consulter le guide des bonnes pratiques publié par Info-Excavation.

 

LES BONNES PRATIQUES

Info-Excavation publie un guide recensant les pratiques gagnantes pour les activités de creusage. Intitulé Pratiques d’excellence en préventiondes dommages aux infrastructures souterraines, il propose des lignes directrices pour planifier de façon sécuritaire tout projet d’excavation. Il est en accès libre dans le site internet d’Info-Excavation.

 


Cet article est tiré du Supplément thématique – Santé et sécurité 2015. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous !