Virage numérique : des initiatives alléchantes

12 mai 2022
Par Elizabeth Pouliot

Québec a annoncé ses couleurs : à partir de l’année prochaine, tous les projets de construction de plus de 5 M$ de la Société québécoise des infrastructures devront se réaliser à l’aide du BIM. Le gouvernement espère ainsi inciter les entreprises de la construction, tirant encore de l’arrière dans ce domaine, à entreprendre le virage numérique.

Les avantages que le virage numérique comportent pour les entreprises sont nombreux. À la clé, gain de temps et d’argent, notamment. Pourtant, nombre d’entre elles restent encore réticentes à l’idée de changer leurs méthodes de travail. « On sait qu’on a un défi de productivité dans le secteur de la construction », explique Jean-François Gauthier, président-directeur général de l’Institut de gouvernance numérique (IGN), un organisme à but non lucratif qui œuvre en transformation numérique. « On est en retard, on a beaucoup de travail à faire pour atteindre les niveaux de compétitivité qu’on voit ailleurs et il y a de la concurrence qui s’installe. » Par exemple, il est de plus en plus commun d’importer des bâtiments préfabriqués ailleurs. Comme il y a urgence d’agir pour que le secteur devienne plus productif, voilà cinq ans que le gouvernement a pris des mesures pour mettre en valeur et accompagner les entreprises de la construction du Québec dans l’amélioration de leur productivité.

 

C’est donc non seulement pour leur apporter de l’aide et du soutien, mais aussi pour les encourager à prendre elles-mêmes des initiatives en ce sens que Québec a mis en place trois grandes actions :

  • Plan d’action pour la construction
  • Feuille de route gouvernementale BIM
  • Initiative québécoise pour la construction (IQC) 4.0. La tâche de cette dernière, qui est dans les mains de l’IGN et du Groupe BIM du Québec, se décline en deux phases : le diagnostic puis la formation et l’accompagnement.

 

Quoi de neuf, docteur?

Après avoir rempli le formulaire qui se trouve au transformationumerique.ca, les entreprises intéressées par l’initiative sont rapidement contactées par l’IGN afin d’amorcer le diagnostic, point de départ pour tout entrepreneur qui souhaite entreprendre le virage numérique et obtenir le soutien du gouvernement. Comme son nom l’indique, « (…) le diagnostic permet de faire l’état des lieux, le bilan de santé de l’entreprise afin d’être capable d’identifier quels sont les projets les plus porteurs et que l’entreprise doit réaliser à court terme », précise Jean-François Gauthier. À cette étape, le dirigeant de l’entreprise est sollicité, comme il faut une capacité de décision pour orienter l’entreprise en fonction du diagnostic. « C’est un portrait de son niveau de maturité en termes d’utilisation des technologies numériques. Ça se passe d’abord et avant tout au plan stratégique », renchérit Martin Lafleur, directeur général du Groupe BIM du Québec, une association en place depuis une quinzaine d’années et qui représente près de 350 membres et 50 partenaires du domaine. « Le diagnostic, c’est pour évaluer notamment les processus d’affaires et l’orientation stratégique de l’entreprise afin de lui fournir un plan d’implantation numérique par la suite. »

 

Le cout des diagnostics est d’ailleurs défrayé à 100 % par l’IGN, que le ministère de l’Économie et de l’Innovation (MEI) finance à cet effet. La seconde phase, celle de la formation et de l’accompagnement, est quant à elle financée par le MEI à 50 %, jusqu’à concurrence de 50 000 $. Des consultants sont ensuite chargés d’aider l’entrepreneur à déployer le plan créé à partir du diagnostic. Il y trouvera, par exemple, les actions à prioriser et/ou les projets qui lui permettront rapidement d’être témoin d’un rendement de l’investissement. Des spécialistes des deux organismes, selon son niveau numérique de départ, accompagnent alors l’entrepreneur dans son virage, l’aidant même à trouver des sources de financement, au besoin.

 

Objectif BIM

Pour l’IGN et le Groupe BIM du Québec, les deux seuls organismes dument mandatés par le gouvernement provincial pour la transition numérique en construction, il importe de préciser qu’ils sont tous deux indépendants. « Il s’agit d’une intervention neutre auprès des entrepreneurs. Nos conseillers ne touchent aucune commission sur des produits et ils n’ont pas de lien avec des fournisseurs de technologies », mentionne Jean-François Gauthier. C’est pour cette raison que l’IGN fait affaire avec des centres collégiaux de transfert de technologies (CCTT), organisations parapubliques financées par Québec et associées à des cégeps. Les spécialistes en accompagnement, pour l’IQC 4.0, donnent donc des conseils basés sur les besoins de l’entreprise et sa capacité d’innover en fonction de son point de départ. « On fait en sorte de lui faire faire un pas en avant, peu importe son niveau d’avancement. »

 

Le but avoué derrière ce grand plan gouvernemental est bien entendu de faire passer les entreprises de la construction au BIM. « Quand on parle du numérique dans la construction, il y a une destination et ça s’appelle le BIM. Et pour l’atteindre, il y a un chemin à prendre », affirme sans équivoque Jean-François Gauthier.

 

L’IGN en est à quelque 170 diagnostics depuis un an et demi, de même que le Groupe BIM du Québec avec ses accompagnements, et tous deux soutiennent actuellement d’autres entreprises en construction dans leur virage. Ils notent d’ailleurs un taux de satisfaction, après coup, d’environ 90 %, démontrant ainsi que les entreprises qui s’engagent dans le processus ont avantage à le faire.

Cet article est paru dans l’édition du 28 avril 2022 du journal Constructo. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous.