6 octobre 2022
Par Mathieu Ste-Marie

Basculement, effondrement, chute de hauteur, électrocution : l’utilisation d’échafaudages comporte des risques importants qui peuvent parfois être fatals. Heureusement, des gestes peuvent être posés par l’employeur et le travailleur pour éviter ces accidents.

Bon an mal an, quelque 200 accidents de travail impliquant un échafaudage se produisent au Québec, dont la moitié sur des chantiers de construction. Autre statistique marquante : environ un travailleur sur quatre qui est décédé après avoir fait une chute de hauteur utilisait cet équipement indispensable dans le secteur du bâtiment. Lors de certaines tragédies, l’absence d’amarres à la construction, la surcharge des planchers de travail ou la poussée du vent quand les toiles sont utilisées pour protéger les matériaux du mauvais temps sont en cause.

 

« Il y a trop d’accidents qui sont liés aux échafaudages, c’est pourquoi les employeurs devraient faire appel à des spécialistes pour l’installation de cet équipement. Les travailleurs ne devraient jamais être en danger lorsqu’ils montent dans un échafaud », estime Matthew Atwill- Morin, propriétaire d’Impact Échafaudage qui se spécialise dans la location, la vente, le montage et le démontage d’échafaudages.

 

Matthew Atwill-Morin, propriétaire d’Impact Échafaudage. Crédit : Gracieuseté

 

Il est essentiel, pour éviter les risques d’accident, de respecter le Code de sécurité pour les travaux de construction (CSTC). Ce dernier stipule, entre autres, que pour prévenir les dangers d’effondrement ou de renversement, cet équipement doit être amarré solidement à un bâtiment ou à une structure avec des ancrages, sinon au sol avec des haubans. « À partir de 15 pieds de haut, l’échafaudage doit être ancré à une structure. Il faut donc bien connaitre l’état du bâtiment sur lequel on vient s’ancrer pour solidifier notre échafaudage », souligne-t-il.

 

Comme le prévoit un autre règlement du CSTC, les monteurs s’assurent que les montants métalliques reposent sur des plaques et des madriers. De plus, pour assurer la sécurité des travailleurs, les échafaudages doivent être installés à un minimum de trois mètres des lignes électriques et être munis de garde-corps lorsqu’un risque de chute de trois mètres et plus est possible.

 

Un équipement en bon état

Autre élément très important: l’employeur doit être certain que l’échafaudage est en bon état. « Certains échafaudages sont vieux et rouillés, ne sont pas attestés, l’épaisseur de l’acier n’est pas adéquate, les croisillons sont manquants », énumère le propriétaire d’Impact Échafaudage. Dorothée Vallée, ingénieure et conseillère-experte à la CNESST, affirme que l’entreposage de l’échafaudage peut causer sa détérioration. « De façon générale, les équipements entreposés dans une cour à l’extérieur risquent de s’exposer à des agents atmosphériques. Cela peut occasionner de la rouille et d’autres problèmes. L’idéal est de les entreposer à l’abri des intempéries. »

 

Selon elle, l’échafaudage doit toujours être inspecté avant son utilisation. Il faut porter une attention particulière aux madriers en bois d’oeuvre servant de planchers d’échafaudage qui peuvent présenter certains défauts. Notons que l’accès au plancher doit se faire sans obstacle, par une échelle, un escalier ou l’intérieur du bâtiment. Si l’équipement doit être de bonne qualité, il faut aussi que les travailleurs aient les connaissances requises pour l’utiliser, poursuit-elle. « L’employeur doit prendre le temps de former et d’entrainer les travailleurs sur le montage adéquat et l’utilisation sécuritaire des échafaudages. » « Pour gérer les risques en hauteur, les travailleurs doivent savoir comment s’attacher. Ils doivent aussi avoir de bonnes sangles et de bons harnais en plus de travailler avec le bon type d’ancrage », renchérit Matthew Atwill-Morin.

 

Comment utiliser l’échelle ?

Une fois bien installée, l’échelle est fin prête à être utilisée. Toutefois, la prudence reste de mise. Durant la montée ou la descente, le travailleur doit respecter quelques consignes pour éviter les chutes.

 

Il doit généralement y avoir une seule personne à la fois sur une échelle. Toutefois, certaines échelles sont destinées à être utilisées par plus d’une personne. « Si vous avez besoin de deux personnes pour effectuer une tâche, il serait préférable d’installer des échafaudages ou des appareils conçus et construits pour le levage des personnes », conseille Riane Marss.

 

La majorité du temps utilisée comme moyen d’accès, l’échelle peut aussi être utilisée comme poste de travail. Dans ce cas, cet équipement doit servir pendant une durée maximale d’une heure. De plus, il faudra prévoir une protection contre les chutes, comme un harnais, si le travailleur est exposé à une chute de plus de trois mètres du sol. Après son utilisation, l’échelle doit être rangée à l’abri des intempéries et horizontalement, sur un support ou installée au mur. Les échelles en bois doivent être entreposées dans un endroit sec et bien aéré, alors que celles en fibre de verre ne doivent pas être exposées à des chaleurs excessives. Au final, si se servir d’une échelle semble fort simple, sa mauvaise utilisation peut mener à des accidents causant des blessures et parfois même la mort !

 

Bien choisir son échafaudage

Afin d’assurer la sécurité des travailleurs, l’employeur doit avant tout bien choisir le type échafaudage utilisé, en fonction de sa capacité de chargement, la hauteur d’utilisation sans point d’ancrage, la mobilité du terrain et le nombre de travailleurs qu’il supportera.

 

Échafaudage modulaire (à rosettes), sur cadre métallique, mobile, à tour et à plateforme, volant, d’étaiement: le choix de ces équipements est, il faut se le dire, très vaste. « Il y a des échafaudages plus complexes que d’autres et il va y avoir plus de règles à mettre en place pour les sécuriser ou les monter, explique Dorothée Vallée. Toutefois, il n’y a pas d’échafaudage dangereux, une fois qu’il est bien monté. La plupart des équipements respectent les normes de l’Association canadienne de normalisation (CSA). »

 

Si ces équipements sont tous sécuritaires, des précautions spécifiques doivent être prises pour certains d’entre eux. Par exemple, l’échafaudage mobile doit être installé sur une surface ferme, nivelée et libre de tout obstacle. Il doit être muni d’un dispositif de blocage sur les roues permettant de l’immobiliser.

 

Les échafaudages dont les plateformes sont les plus élevées présentent évidemment un risque de chute mortelle plus important pour les travailleurs, mais peuvent aussi comporter des risques pour les piétons et les cyclistes. « Un échafaudage de 100 pieds monté sur la rue Sainte- Catherine, à Montréal, peut être sécuritaire pour les employés, mais est-ce que les gens autour vont être en sécurité ? Est-ce que des débris vont tomber ? Il faut être capable de gérer le danger pour autrui », souligne Matthew Atwill-Morin. Afin d’éviter ces situations qui peuvent entrainer de sérieuses blessures et même la mort des passants, des filets de protection contre les débris peuvent être utilisés.

 

UN MADRIER PAS ASSEZ RÉSISTANT CAUSE LA MORT

En aout 2020, un briqueteur-maçon est décédé après avoir fait une chute d’un échafaudage de 5,73 mètres à Québec. L’homme et son collègue qui a été gravement blessé tombent de leur échafaudage lorsque le plancher de travail, composé de madriers de bois d’oeuvre, cède sous leurs pieds.

Selon la CNESST, les madriers utilisés comme plancher d’échafaudage n’avaient pas une résistance suffisante pour supporter le poids de l’homme décédé et de son collègue. La Commission recommande l’utilisation de madriers de dimensions minimales de 50 mm sur 250 mm. L’organisme public a aussi souligné que les planchers utilisés doivent être entreposés au sec, à l’abri des intempéries, et faire l’objet d’une inspection visuelle avant leur utilisation.