4 octobre 2019
Par Marie Gagnon

Le vol et le vandalisme peuvent éroder sérieusement la rentabilité d’un projet. Heureusement, de nouveaux outils de surveillance se dressent sur la ligne de défense.

Parce qu’ils se trouvent souvent au milieu de nulle part, dans des coins reculés ou des zones mal éclairées, les chantiers de construction représentent des cibles idéales pour les malfaiteurs. Les statistiques du ministère de la Sécurité publique en témoignent. En 2017, pas moins de 264 vols ont été commis sur les chantiers du Québec, dont 101 à l’endroit d’un bien d’une valeur de plus de 5 000 dollars et 163 à l’égard d’un bien de 5 000 dollars ou moins. C’est dire combien les voleurs sont opportunistes : ils s’emparent de tout ce qui peut être emporté et revendu facilement.

 

« Il y a beaucoup de variations dans les statistiques, ces dernières années, observe le sergent Daniel Thibaudeau, porte-parole de la Sûreté du Québec (SQ). Ce n’est pas tellement le taux de criminalité qui est en hausse. Au contraire, il s’avère relativement stable. Mais les chiffres sont corrélés aux émissions de permis de construction. Plus il y a de chantiers actifs, plus on enregistre de méfaits. Et ces délits sont difficiles à prévenir. Les voleurs, bien structurés, répondent souvent à une commande et ont déjà leurs acheteurs. »

 

Il ajoute que des travailleurs sont parfois à l’origine de ces délits. Motivés par la vengeance, ils refilent à des complices certains renseignements, comme les combinaisons des cadenas des conteneurs où sont rangés l’outillage et certains matériaux couteux, tel le cuivre. Et si les actes de vandalisme – graffitis, incendies et dégradations en tous genres – demeurent surtout l’apanage de jeunes en quête de sensations fortes, il arrive que des compétiteurs soient derrière ces sabotages.

 

Prévenir les intrusions

On le sait, la prévention du vol et du vandalisme s’avère déterminante pour la rentabilité d’un projet. Or, faut-il le rappeler, le remplacement des biens et la réparation des dommages se soldent habituellement par une baisse de productivité et un retard sur l’échéancier. Et qui dit retard dit aussi amende et, partant, marge bénéficiaire réduite. D’où la nécessité de bien protéger son chantier, en misant d’abord sur la prévention.

 

« Les entrepreneurs peuvent nous appeler ou contacter leur service de police municipal afin de demander une visite de chantier, signale Daniel Thibaudeau. On va les aider à identifier les zones les plus vulnérables et leur suggérer des moyens de prévention appropriés. » En effet, plus on dresse d’obstacles, plus le risque de vol diminue. Et il suffit souvent de quelques précautions de base pour faire échec aux malfaiteurs. Comme des appareils d’éclairage, un système de verrouillage adéquat ou des affiches signalant que le chantier est sécurisé.

 

Ces moyens dissuasifs sont très efficaces, mais ils peuvent ne pas suffire, surtout sur les chantiers de très grande envergure. Mieux vaut alors recourir aux services d’une firme de surveillance. Bien sûr, il est toujours possible d’embaucher un agent de sécurité pour patrouiller le chantier pendant les périodes d’arrêt. Cependant, l’installation d’un système de surveillance s’avère encore plus efficace pour réduire le risque d’intrusion. Miser sur les dernières technologies

 

Mais pas n’importe lequel, prévient Jacques Sebbag, président de SécuZone, pour qui les caméras autonomes figurent, à l’heure actuelle, parmi les technologies les plus prometteuses. « Le défi, lorsqu’un chantier démarre, c’est l’absence d’infrastructure, comme un réseau électrique et la connexion internet, dit-il. Il est donc difficile d’installer une surveillance par caméra au jour 1. Certains clients vont utiliser des panneaux solaires, mais c’est couteux et embêtant, car une fois le chantier terminé, ils doivent les démonter et les entreposer en attendant de les réinstaller sur le prochain projet. »

 

Parce qu’elles sont alimentées par pile et qu’elles fonctionnent sur réseau cellulaire, les caméras autonomes satisfont aux conditions de chantier. Mais leur usage convient davantage aux espaces fermés, comme les conteneurs de rangement, indique Jacques Sebbag, en précisant que, pour les chantiers plus imposants, il est préférable de recourir aux caméras réseau PTZ. Ces caméras de dernière génération offrent en effet des fonctions panoramiques, d’inclinaison et de zoom, qui procurent une couverture plus étendue et permettent la détection d’événements qui, autrement, passeraient inaperçus.

 

Président de Sirix, Daniel Cyr abonde dans le même sens. Mais à ceci près : il préconise aujourd’hui les systèmes analytiques fondés sur l’intelligence artificielle qui ne nécessitent aucune intervention humaine. « Grâce à l’apprentissage profond, une caméra peut maintenant distinguer automatiquement une personne d’un véhicule, fait-il valoir. Le risque d’erreur est réduit d’autant et les opérateurs peuvent se concentrer sur les tâches de confirmation et d’intervention, plutôt que de scruter des écrans pour voir ce qui cloche lorsqu’une alarme se déclenche. »

 

Le hic avec ces caméras hautement perfectionnées, c’est qu’elles ont besoin de lumière. Si le site n’est pas éclairé, Daniel Cyr recommande plutôt les caméras analytiques thermiques. Du même souffle, il souligne les limites des détecteurs de mouvement, comme les rideaux et les faisceaux infrarouges. D’abord parce qu’ils exigent le concours d’un opérateur pour interpréter les images, ensuite parce qu’ils ne sont pas très adaptés aux conditions de chantier. Leur périmètre d’action est en effet limité et le système doit être reconfiguré à mesure que le chantier progresse. Sinon, les fausses alarmes vont se succéder.

 

QUELQUES CONSIGNES
Quelques-unes des recommandations de l’étude Intimidation et harcèlement dans le secteur de la construction : comprendre une réalité complexe afin de mieux intervenir (PDF).
  • Veiller à ce que tous les accès soient contrôlés;
  • Éclairer généreusement le site lorsqu’il est fermé;
  • Apposer des affiches pour signaler que votre chantier est sécurisé;
  • Embaucher un agent de sécurité ou installer un système d’alarme par vidéosurveillance;
  • Doter tous les véhicules et équipements lourds d’un GPS;
  • Ranger le petit outillage et les matériaux dans des conteneurs sécurisés;
  • Mettre en place un système de gestion des clés;
  • Faire buriner l’outillage et les petits équipements.

 


Cet article est tiré du Supplément thématique – Santé et sécurité 2019. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous !