24 mai 2023
Par Mathieu Ste-Marie

Centre-ville en développement, protection des espaces verts, transport en commun innovant, nouveau code d’urbanisme : Laval se transforme et se construit peu à peu une identité forte. 

Nés de la fusion de 14 municipalités de l’ile Jésus en 1965, Laval et ses six quartiers ont accéléré leur développement dans les années 80 avec notamment la multiplication des immeubles de bureaux, des commerces et des résidences.

 

C’est à cette époque qu’ouvrent le Sheraton Laval, le palais de justice ainsi que le Parc scientifique et de haute technologie (devenu depuis la Cité de la Biotech), contribuant ainsi à jeter les premières bases de l’identité de la région. En parallèle, des efforts sont consacrés à la décentralisation des services de la Ville et à la revitalisation de la vie de quartier.

 

Au tournant des années 2000, le développement s’intensifie avec la construction de trois stations de métro, soit les stations Cartier, de la Concorde et Montmorency. De plus, le centre-ville prend de l’ampleur avec la construction du Centropolis. « À partir de ce moment, on remarque une volonté de développer Laval avec une vision plus urbaine. La Ville a aussi commencé à considérer la construction d’un centre-ville », explique l’urbaniste et professeur au Département d’études urbaines et touristiques de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), Michel Rochefort.

 

Michel Rochefort, urbaniste et professeur au Département d’études urbaines et touristiques de l’Université du Québec à Montréal (UQAM). Crédit : Gracieuseté

 

Selon lui, ce développement a permis une plus grande autonomie de Laval, qui n’est désormais plus considérée comme une « excroissance de la banlieue de Montréal », mais bien comme « une ville à part entière ».

 

Des espaces verts protégés

Plus récemment, l’arrivée de nouveaux élus et des changements au sein de l’administration municipale ont entrainé un renouveau sur le territoire de l’ile Jésus. « Il y a une nouvelle vision à la Ville. Ils veulent repositionner Laval, comme une région qui innove et qui a des choses à offrir. Il y a un alignement assez favorable à sa transformation », souligne Michel Rochefort.

 

En 2022, les élus ont adapté un nouveau code d’urbanisme qui permet de protéger de façon plus stricte les aires boisées et d’augmenter les hauteurs maximales de construction au centre-ville. À titre de comparaison, la Ville de Laval ne protégeait que 3,61 pour cent (%) de la superficie de son territoire en 2009 par rapport à près de 20 % aujourd’hui. « Avec la qualité de ses parcs, ses espaces naturels et ses deux cours d’eau, Laval peut se démarquer des autres municipalités. »

 

Une société de transport innovante

Laval arrive également à se démarquer grâce à son transport en commun. « Cette ville a une société de transport collectif très dynamique et innovante », observe Ugo Lachapelle, professeur au Département d’études urbaines et touristiques de l’UQAM.

 

Ugo Lachapelle, professeur au Département d’études urbaines et touristiques de l’UQAM. Crédit : Émilie Tournevache

 

La Société de transport de Laval a notamment mis en place des feux prioritaires intelligents et des feux chandelles qui permettent d’accorder la priorité de passage aux autobus. L’organisation a également été très rapide à développer des applications de trajet et de suivi en temps réel de trajet d’autobus.

 

Pourtant, avec ses longs boulevards et sa faible densité de population, Laval est très défavorable au transport en commun, note Ugo Lachapelle. Contrairement à Montréal, les autobus ne peuvent pas passer au même arrêt d’autobus toutes les 15 minutes, ce qui peut décourager les Lavallois d’emprunter le transport en commun. « Il est difficile d’être performant et d’offrir un bon service sur un territoire comme celui-là. En revanche, ça ne veut pas dire qu’ils ne peuvent pas être innovants », fait valoir le professeur.

 

Un centre-ville en transformation

L’identité de Laval passe également par son centre-ville qui se situe de part et d’autre de l’autoroute 15, au sud de l’autoroute 440 jusqu’aux boulevards de la Concorde et Notre-Dame. Composé notamment du métro, de la Place Bell, du Cosmodôme, de la Cité de la Biotech et d’établissements hôteliers, le centre-ville est en plein développement.

 

Plus de deux milliards de dollars en investissements immobiliers publics et privés ont été annoncés à court ou moyen terme, souligne la Ville sur son site web. Un complexe aquatique s’ajoutera dans la partie nord du centre-ville alors que, dans la partie sud-est, près de la station de métro Montmorency, plusieurs chantiers se mettront en branle. Des projets immobiliers et d’infrastructures sont notamment dans les plans.

 

Si de nombreux projets, comme le Carré Laval et une bibliothèque, sont prévus au centre-ville, d’autres le sont dans différents secteurs de la région. Par exemple, Laval souhaite implanter un centre communautaire dans le quartier Val-Martin et un centre multifonctionnel dans le quartier Saint-François.

 

Plus qu’une ville-dortoir

D’autre part, le secteur commercial est en effervescence, en partie grâce à l’augmentation de la clientèle potentielle. En effet, Laval connait, depuis plus de trente ans, une croissance démographique parmi les plus fortes au Québec. De 2021 à 2026, la population de la région devrait s’accroitre de 4,9 %, une hausse supérieure à celle que devrait enregistrer la province (4,2 %), selon le gouvernement du Québec. En 2022, Laval était la troisième ville en importance dans la province avec 446 476 habitants.

 

« À Laval, il y a énormément de possibilités de redéveloppement des zones commerciales et industrielles. C’est pourquoi plusieurs de ces zones sont en transformation », indique l’urbaniste Michel Rochefort. Avec la multiplication des commerces et des industries, de plus en plus de Lavallois travaillent dans leur ville, qui était autrefois vue comme une ville-dortoir. De plus, nombreux sont les résidents issus de Montréal ou des villes environnantes qui viennent maintenant travailler sur ce territoire de 246 kilomètres carrés. « L’accessibilité du transport en commun y est sans doute pour quelque chose. Mais Laval a aussi cette possibilité de créer un milieu de vie attractif pour les employés avec cette diversité et cette proximité des espaces naturels », observe-t-il.

 

Des mises en chantier en hausse

Le secteur résidentiel n’est pas en reste. Alors que les mises en chantier ont chuté l’an dernier dans la grande région métropolitaine, le marché de la construction résidentielle à Laval a connu une année étonnante. Malgré la hausse des taux d’intérêt, Laval a enregistré une augmentation de 316 unités d’habitation par rapport à l’année précédente, soit un bond de 19 %. Cette croissance devrait se poursuivre dans les prochaines années, prévoit Michel Rochefort. « Sur le plan du résidentiel, il y a une densification du territoire. De plus, des quartiers qui ont été construits dans les années 70 vont être appelés à être modifiés à court ou moyen terme. Il va y avoir une reconstruction de la ville sur la ville. »

 

À l’évidence, les prochaines années s’annoncent prometteuses dans cette région complète et en mouvement.

 

LAVAL EN CHIFFRES
Secteur d’activité (2021)
Services moteurs (commerce de gros, information et culture, finance et assurance, etc.) 31 %
Services aux ménages (commerce de détail, restauration, hébergement, etc.) 28 %
Services publics (enseignement, santé et services sociaux, etc.) 10 %
Fabrication 10 %
Construction 3,5 %
ecteur primaire 0,2
Indicateurs économiques
Revenu disponible par habitant 32 800 $
Taux de chômage 4,4 %
Nombre d’emplois 226 300
Taux d’activité 64 %
Évolution démographique 4,9 %

 


Cet article est tiré du Dossier régional – Laval 2023, accessible gratuitement ici.
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