[#çavabienaller] Medicago : un vaccin en chantier

Par Vincent Rioux

Quelques chantiers jugés essentiels subsistent encore pendant l’arrêt des activités. Et pour cause! L’un d’entre eux, la construction de l’usine Medicago, pourrait procurer un vaccin contre la COVID-19 à des millions de personnes dans le monde. Pleins feux sur ce chantier, à Québec.

 

À l’automne 2018, l’entreprise spécialisée en biopharmaceutique lance le chantier pour la construction d’une usine de production de vaccins dans le secteur D’Estimauville de la Vieille Capitale. Bien sûr, à l’époque, l’usine n’était pas destinée à produire des vaccins pour combattre la COVID-19.

 

Néanmoins, dès le début de la crise, le 12 mars dernier, Medicago affirme avoir mis au point un candidat vaccin pour immuniser contre le virus qui paralyse présentement plus de trois milliards de personnes autour du globe. Quelques jours plus tard, les gouvernements canadien et québécois annoncent leur soutien à cette quête pour la découverte d’un vaccin en octroyant une aide financière à l’entreprise.

 

« À Québec, nous avons le siège social, des laboratoires, une usine pilote dans le parc technologique, et on a aussi une usine de fabrication en Caroline du Nord, expose Michael Schunk, vice-président exécutif des opérations de Medicago. Mais [notre] capacité de production n’est pas suffisante pour les vaccins qu’on va produire », prévient-il.

 

C’est pourquoi une nouvelle usine est requise. « Le but de l’usine [en chantier] est de construire quelque chose de beaucoup plus large avec une plus grande capacité, pour être capable de vendre des vaccins autour du monde et pour regrouper nos activités de recherche et développement puis nos bureaux sur le même site. » À terme, la compagnie serait en mesure de produire 200 millions de vaccins contre la COVID-19 par année. Néanmoins, il reste à tester ledit vaccin afin de confirmer son efficacité et de s’assurer qu’il n’a pas d’effets secondaires indésirables.

 

Le chantier

On projette que l’usine couvrira une superficie de 40 000 mètres carrés, incluant 10 000 mètres carrés destinés aux serres, car les vaccins sont conçus à partir de plantes. Initialement évalué à 245 millions de dollars, le cout de construction a récemment été revu à la hausse. C’est EBC qui est l’entrepreneur général sur le chantier, tandis que SNC-Lavalin assure l’ingénierie.

 

Aperçu du chantier - Crédit : Jean-René Drouin, Structures de Beauce

 

Comment ce chantier se démarque-t-il des autres? « C’est un projet de procédé industriel », répond Stéphane Gagné, vice-président des opérations de l’Est-du-Québec chez EBC. Selon lui, les travaux de mécanique et d’électricité du bâtiment sont bien spécifiques et sortent des travaux ordinairement exigés. « C’est le procédé qui prime, c’est la technologie que le client utilise et ça évolue constamment tout ça aussi. On navigue à moitié dans le connu et à moitié dans l’inconnu. » C’est pourquoi les travailleurs du chantier Medicago présentent des compétences et des forces qu’on ne retrouve pas nécessairement dans un projet de type résidentiel ou commercial.

 

Des mesures sanitaires accrues

À la suite de l’annonce du 24 mars dernier, Medicago a immédiatement entrepris un processus pour demander la poursuite du chantier D’Estimauville. « Dès qu’on a su que c’était un chantier essentiel, moi et mon équipe avons tablé sur un plan d’action, un document bien étoffé pour expliquer à notre client ce qu’on allait faire et rassurer l’ensemble des sous-traitants, des travailleurs, des centrales syndicales, la CNESST », confie M. Gagné.

 

Chaque matin les travailleurs sont interceptés à la guérite située à l’entrée du chantier, où des installations sanitaires ont été mises en place, pour remplir un questionnaire. D’autres sont situées près des roulottes où les employés prennent leurs pauses et deux personnes sont dorénavant mobilisées à temps plein pour nettoyer les complexes de bureaux de projet et les roulottes des sous-traitants. Le chantier est aussi désinfecté avec des produits pulvérisés d’une à deux fois par jour pour aseptiser les endroits où il y a beaucoup de circulation.

 

De plus, le port de visière est prescrit à tous les employés qui doivent travailler près d’une autre personne. « Quand on manipule de grosses pièces d’acier, nécessairement les gars ne peuvent pas être à deux mètres de distance, indique M. Gagné. On a mis à la disposition des travailleurs les processus et les équipements de protection qu’il fallait », affirme-t-il.

 

Enfin, il reste plusieurs mois d’ouvrage avant de compléter ce projet. Une section de l’usine serait livrée en 2022 et la fin des travaux est prévue en 2023. « Si on est capable de livrer des serres ou d’autres sections de l’usine plus vite et augmenter la capacité de production, c’est sûr qu’on va être très fier d’avoir participé à cet effort », conclut M. Gagné.

 

#çavabienaller... sur tous les chantiers !

Une section pour mettre un peu de couleur dans votre fil d’actualité
et vous rappeler que cette pause n’est pas une fin en soi.