Le Cégep de Sherbrooke joue la carte carboneutre

29 juillet 2013

Le Cégep de Sherbrooke décrochait dernièrement la certification carboneutre de la CSA. Regard sur une première mondiale.

Par Marie Gagnon

 

Soucieux de réduire son empreinte environnementale, le Cégep de Sherbrooke s’est engagé en 2008 dans un vaste programme d’efficacité énergétique. Programme qui lui a permis de réduire de 38 % sa consommation d’énergie et de se voir apposer le sceau CSA Registered Carbon Neutral décerné par l’Association canadienne de normalisation (CSA). Lancée en 2011 sans tambour ni trompette, cette certification atteste que ses émissions de gaz à effet de serre (GES) ont été quantifiées et vérifiées, puis compensées par l’achat de crédits carbone.

 

Comme le rappelle Anne-Sophie Demers, conseillère en développement durable pour l’institution collégiale, ce chantier s’inscrit dans la foulée de la Stratégie québécoise de développement durable 2008-2013. Cette stratégie visait à réduire, avant 2010, de 14 % la consommation unitaire d’énergie dans les établissements d’enseignement supérieur. Le projet appuie également le plan d’action 2006-2012 sur les changements climatiques, dont le principal objectif est de ramener les émissions de GES de la Belle Province sous leur niveau de 1990.

 

« En trois ans, grâce à la combinaison de différentes mesures d’efficacité énergétique, nous avons réussi à réduire nos émissions de gaz à effet de serre de 2 700 tonnes d’équivalent CO2, ce qui correspond au retrait de 985 voitures de la surface de la planète, illustre-t-elle. Mais on émettait toujours 418 tonnes d’équivalent CO2. Ces émissions ont été compensées par l’achat de crédits carbone à quatre dollars la tonne provenant de Waste Management, une entreprise du Minnesota membre du Climate Action Reserve (CAR). »

 

Anne-Sophie Demers précise que ce n’est qu’au terme de la mise à niveau éconergétique de ses installations que le Cégep a décidé de briguer la certification carboneutre de la CSA. Une consécration, en quelque sorte, de sa démarche environnementale pilotée par Johnson Controls. Cette firme, qui a implanté plusieurs projets d’efficacité énergétique dans le secteur institutionnel du Québec, a d’abord effectué un bilan énergétique des postes de consommation les plus énergivores, puis proposé des solutions pour en améliorer le rendement énergétique.

 

Des mesures efficaces

Parmi ces solutions, on note en premier lieu l’installation de deux nouvelles chaudières électriques de 3 000 kilowatts chacune. Une entente conclue avec Hydro-Sherbrooke permet au Collège de profiter d’un tarif deux fois moins élevé que la tarification régulière. En contrepartie, Hydro- Sherbrooke se réserve le droit d’interrompre le service en période de pointe, lors des journées les plus froides de l’hiver. Le cas échéant, deux chaudières au gaz naturel sont prêtes à prendre le relai.

 

« C’est la mesure qui a le plus grand impact environnemental, fait valoir Anne-Sophie Demers. Auparavant, on ne chauffait qu’au gaz, un combustible qui émet beaucoup de CO2 dans l’atmosphère. » Elle signale en outre la pose de panneaux réflecteurs derrière les radiateurs, une mesure peu coûteuse qui limite les déperditions thermiques à travers l’enveloppe. Du côté du Centre de l’activité physique (CAP), un système de récupération de chaleur permet de capter jusqu’à 90 % de la chaleur des eaux grises provenant des douches.

 

Le soleil a également été mis à contribution dans ce projet. Un mur solaire, installé sur la façade sud du CAP, et des capteurs solaires thermiques, fixés sur le toit du pavillon 2, préchauffent l’air frais sans frais, et réduisent du coup la dépense énergétique associée au chauffage du bâtiment. Enfin, des détecteurs de mouvement, dans les locaux de plus de 30 mètres carrés, ainsi que des détecteurs de cuisson à infrarouge et des variateurs de puissance, sur les hottes de cuisine, modulent la consommation d’énergie en fonction des besoins réels.

 

« On a aussi installé une éolienne, mais elle sert plutôt à la collecte de données dans le cadre d’un de nos programmes de formation, expose la porte-parole du Cégep. Ensemble, ces mesures nous font économiser environ 300 000 dollars par année. On estime que la totalité des coûts directs et indirects associés à ce programme sera remboursée en 12 ans. C’est là un des plus grands défis de ce projet : mettre en oeuvre des mesures ayant une période de rentabilité de l’investissement relativement courte. »

 

Zéro émission

De là à briguer une certification carboneutre, il n’y avait qu’un pas que l’équipe du Collège s’est empressée de franchir avec l’aide d’Enviro-Accès, une firme qui se spécialise dans les bilans GES. « La démarche allait de soi, puisque le Cégep avait déjà mis en place un programme d’efficacité énergétique, expose Dominic Beaulieu, directeur de projet pour la firme sherbrookoise. Il ne restait plus qu’à inventorier les émissions de GES résiduelles et à les compenser. »

 

L’inventaire des GES a été effectué conformément à la norme ISO-14064, puis vérifié par le Bureau de normalisation du Québec (BNQ). Pour ce faire, le Collège devait fournir des pièces justificatives, comme les factures de gaz naturel attestant de sa consommation au cours de la période visée, qui s’est étalée du 1er juillet 2009 au 30 juin 2010. Une fois les émissions vérifiées, des crédits carbone ont été achetés au CAR pour neutraliser les GES résiduels du Cégep.

 

LA CARBONEUTRALITÉ EN TROIS ÉTAPES
  • Quantification et réduction des GES
  • Inventaire des GES résiduels
  • Achat de crédits compensatoires