31 juillet 2013

Une nouvelle réglementation amène la Société québécoise de gestion écologique de la peinture, Éco-Peinture, à élargir son mandat. Particulièrement auprès des organisations du secteur des industries, des commerces et des institutions (ICI) et des entrepreneurs peintres, qui représentent 40 % du marché.

Par Benoit Poirier

 

C’est au milieu des années 70 que le regretté Normand Maurice mettait sur pied, à Victoriaville, Récupération Bois-Francs, l’un des premiers centres de tri au Québec. Une dizaine d’années plus tard, il fondait le Centre de formation en entreprise et récupération (CFER), organisme dédié aux jeunes de 16 à 18 ans qui s’est, depuis, déployé en un réseau de 17 centres ainsi que Peintures récupérées du Québec.

 

Cette dernière assurait jusqu’à tout récemment les services de recyclage des résidus de peinture architecturale pour Éco-Peinture, qui a été créée par les fabricants dans la foulée de l’adoption, par le gouvernement du Québec, en 2001, du Règlement sur la récupération et la valorisation des contenants de peinture et des peintures mis au rebut. Laurentide re-sources voit maintenant au recyclage des restants de peinture et à la fabrication de la fameuse peinture Boomerang, ainsi que de la marque RONA Éco. Quelque 55 fabricants et détenteurs de marque sont membres d’Éco-Peinture. On trouve ses bacs de récupération chez plus de 550 détaillants et 750 municipalités, pour un total de 1 600 points de chute à travers le Québec. Le service est gratuit.

 

« À cela s’ajoutent plusieurs institutions comme des commissions scolaires, où l’on a des bacs de récupération sur place ou lorsqu’il y a un volume important. Elles vont alors nous appeler et on va le ramasser », indique Bertrand Goudreault, directeur général d’Éco-Peinture depuis cinq ans. Grâce à ce programme de récupération, 6,4 millions de kilogrammes de résidus de peinture et de contenant ont été détournés des sites d’enfouissement en 2011, portant le total à 50 millions depuis la naissance d’Éco-Peinture.

 

Organisme unique au Canada dans sa forme, il attire l’intérêt d’intervenants européens, rapporte Bertrand Goudreault. Il propose les frais écologiques – ce que les fabricants versent à Éco-Peinture et que, donc, le consommateur paye – actuellement les plus bas au pays. De plus, il est le seul à avoir associé à son programme quincailleries et municipalités. Aux États-Unis ? Le concept en est à ses balbutiements.

 

Peinture et contenants

En 2011, Québec a adopté le Règlement sur la récupération et la valorisation des produits par les entreprises, qui inclut les piles, les équipements électroniques, les lampes au mercure, les huiles et les antigels, et qui est venu abroger le règlement de 2001 qui, lui, visait uniquement la peinture architecturale. « Au niveau administratif, il y a des modifications qui ont été apportées au programme. Il y a une modification, aussi, majeure dans la nouvelle réglementation, c’est le concept de versement au fonds vert. On doit atteindre des objectifs qui sont fixés », explique Bertrand Goudreault.

 

« On va avoir des objectifs différents. Pour la peinture, ça demeure sensiblement le même. On a l’obligation de récupérer 75 % de la peinture. Ça, on le fait très bien. Même qu’on dépasse les objectifs de beaucoup. Mais pour ce qui est des contenants, à partir de janvier 2013, ça va passer à 40 %. Puis ça va être bonifié de 5 % chaque année, jusqu’à concurrence de 70 %, en 2019. Donc on a cinq ans pour s’adapter à ces objectifs », expose de son côté Valérie Renaud- Martin, conseillère en communication et formation chez Éco-Peinture.

 

Ceci s’avère une problématique, car tous les contenants vides ne terminent pas nécessairement leur course chez Laurentide re-sources. Beaucoup empruntent d’autres voies et sont acheminés directement dans un centre de récupération… ou se retrouvent malheureusement aux ordures. Afin d’obtenir une image plus fidèle de la réalité, l’organisme s’est donc associé à des centres de tri de matériaux secs et à une firme de statistiques pour effectuer une étude de caractérisation d’une durée d’un an.

 

Informer et sensibiliser

Pour atteindre ses objectifs, Éco-Peinture entend se rendre sur le terrain, notamment lors de foires et de congrès, comme Contech. « Il y a beaucoup de communication directe qu’il faut faire. Parce que c’est vraiment un changement des habitudes de vie. La récupération est de plus en plus ancrée dans les modes de vie des citoyens et des entrepreneurs. Ils sont de plus en plus conscientisés. Mais, en même temps, c’est de longue haleine. C’est vraiment de parler de un à un, de rencontrer les gens et de leur expliquer », indique Valérie Renaud-Martin.

 

Notamment qu’une fois vides, les contenants en acier ainsi que ceux pour les aérosols se recyclent à 100 % et indéfiniment. On a, à cet effet, conçu un autocollant que les détaillants peuvent apposer sur les contenants à l’intention des clients.

 

L’organisation compte aussi ratifier de nouvelles ententes avec des organisations du secteur ICI pour la mise en place de bacs et d’un service de collecte, ouvrir de nouveaux lieux de dépôt pour les entrepreneurs et poursuivre ses démarches auprès des professionnels, des grands donneurs d’ouvrage et des gestionnaires de grands chantiers comme celui du CHUM. Bertrand Goudreault suggère même d’inclure aux devis d’appels d’offres une clause liée à la récupération des restants de peinture et de leurs contenants.

 

« Et, éventuellement, c’est de dresser une liste des maîtres peintres et des entreprises au Québec. C’est un long travail. Mais ça va être quelque chose à faire d’avoir vraiment une base de données pour pouvoir rejoindre ces gens-là », ajoute Valérie Renaud-Martin.

 

Beaucoup de renseignements sont d’ailleurs disponibles sur le site ecopeinture.ca, dont un guide exhaustif, la liste des endroits où l’on trouve un bac bleu d’Éco-Peinture, les produits acceptés et ceux qui ne le sont pas et qui représentent des frais pour l’organisation.

 

« Nos efforts de sensibilisation ou d’éducation, ce qu’on appelle dans notre jargon information-sensibilisation-éducation (ISE), vont porter principalement sur la récupération des contenants, parce que c’est là où il y a place à l’amélioration. Au chapitre des restants de peinture liquide, selon les études qu’on a faites, le programme a atteint une maturité au niveau des quantités potentiellement récupérables », conclut le directeur général d’Éco-Peinture.