La centrale hydroélectrique La Grande-1, un grand projet d'infrastructures

21 mai 2013
Par Justin Dupuis

En 1995, la Centrale hydroélectrique La Grande-1 (LG1), un projet commandé par Hydro-Québec, entrait en service. Il s'agissait là de la neuvième centrale hydroélectrique construite dans le cadre du Projet Baie James, entamé en 1971.

 

Les neuf centrales hydroélectriques construites dans le cadre du projet auront finalement inondé des milliers de kilomètres carrés de terres, plusieurs appartenant à des communautés inuits ou cries du nord de la province, une réalité qui a rendu ces projets très controversés.

 

Des tonnes de béton sur un chantier exceptionnel

Bien que la centrale LG-1 n'ait pas échappé aux controverses reliées aux inondations, il n'en demeure pas moins que sa construction, entamée en 1990, s'avère impressionnante sur le plan technique. D'après Hydro-Québec, l'ensemble du projet aura nécessité la collaboration de plus de 6 000 travailleurs et 640 000 mètres cubes de béton, une quantité faramineuse suffisante pour aménager un trottoir entre Montréal et Genève !

 

Plusieurs entreprises ont été impliquées dans les divers travaux qui auront permis la mise en service de LG-1. Le mégaprojet de la construction de la centrale elle-même a toutefois été une collaboration conjointe entre les groupes Pomerleau et l'entreprise française Bouygues Construction. Martin Laroche, l'un des ingénieurs qui y a participé, se souvient que la taille de ce chantier représentait un défi à lui seul.

 

D'après Hydro-Québec, l'ensemble du projet de construction de la centrale LG-1 aura nécessité la collaboration de plus de 6 000 travailleurs et 640 000 mètres cubes de béton, une quantité faramineuse suffisante pour aménager un trottoir entre Montréal et Genève ! Crédit Hydro-Québec

 

« C'était l'envergure du projet qui était exceptionnelle, se souvient l’ingénieur qui était, à l'époque, responsable du secteur prise d'eau chez Pomerleau. Étant donné l'échéancier serré, nous avons beaucoup travaillé l'hiver et les conditions étaient très difficiles. Janvier, février et mars n'étaient pas des mois pendant lesquels nous avions l'habitude de travailler. »

 

LG-1 et ses innovations techniques

À cause de la rapidité avec laquelle les travaux devaient être effectués et les conditions rudes de l'hiver dans le nord de la province, les équipes de Pomerleau et de Bouygues Construction ont adapté leurs méthodes afin de faciliter le travail.

 

« L'échéance était tellement courte et les conditions tellement difficiles que et nous avons dû trouver de nouvelles manières de faire, des méthodes qui nous permettaient de raccourcir la durée des travaux, explique Martin Laroche, aujourd'hui responsable de la division des travaux civils chez Pomerleau. Les bâches spirales, c'est-à-dire les conduits en colimaçon qui apportent l'eau dans les turbines, ont été finalisées à l'intérieur, une fois la structure de la centrale terminée. Depuis, c'est devenu une référence chez Hydro-Québec. »

 

Gestion des travailleurs, un défi de taille

Imaginez l'ampleur du chantier ! Pour construire le barrage de 330 m de long et de 27,5 m en hauteur, il aura fallu plus de 400 000 m³ de béton de structure, 290 000 m² de coffrage et installer 19 000 tonnes d'acier d’armature

 

Pour construire le barrage de 330 m de long et de 27,5 m en hauteur, il aura fallu plus de 400 000 m³ de béton de structure, 290 000 m² de coffrage et installer 19 000 tonnes d'acier d’armature. Crédit Hydro-Québec

 

Afin de mener le projet à bien, le site internet de Pomerleau explique que des mats de bétonnage sur rails, d'une portée de 110 m, ont été installés le long de la prise d'eau et de la centrale. Vu l'énorme quantité de ciment qui devait être fabriqué, la centrale à béton du chantier avait une capacité 1 000 m³/heure. Des ouvriers assuraient les travaux 20 heures par jour et la construction ne cessait qu'une fois par semaine.

 

« Ce qui était exceptionnel, c'était les moyens entrepris pour réaliser le projet, précise Martin Laroche. Nous avons produit jusqu'à 12 000 m³ de béton structural par semaine, c'était un record. Ça demandait une centrale à béton, des moyens de bétonnage et tout le personnel nécessaire pour y arriver ! »

 

Il ajoute que la gestion des nombreux ouvriers était également un important défi puisque plus de 2 000 travailleurs ont participé au projet. L'efficacité était donc de mise.

 

« Ce sont des chantiers d'envergure où finalement c'est presque comme gérer une entreprise au complet et il faut le faire sur place, dit-il. Il faut avoir une gestion de projet très serrée pour pouvoir prendre les bonnes décisions et s'adapter en fonction des besoins », poursuit l'ingénieur. 

 

Le choc culturel

La construction de la première centrale au fil de l'eau de l'histoire du Québec n'est toutefois pas québécoise à 100 %. En effet, la réalisation de ce mégaprojet est le fruit d'une collaboration entre Pomerleau et l'entreprise française Bouygues Construction, une réalité qui a apporté son lot de difficultés.

 

« Évidemment, il y avait le choc des cultures, se souvient M. Laroche. Les manières de faire étaient complètement différentes. Au début, c'était difficile, il fallait se comprendre. C'était tout un défi, mais on a su le relever. »

 

Au bout du compte, le partenariat entre les deux entreprises aura tout de même été fructueux. Les travaux pour la construction de la centrale, qui se sont élevés à 275 millions $ à l'époque, n'auront nécessité que 48 mois, soit 5 mois en moins que l'échéancier initialement prévu.

 

 

Équipe de projet de la centrale hydroélectrique LG-1

Donneur d'ouvrage : Hydro-Québec

Entrepreneur général, gestion de projet et génie : Pomerleau et Bouygues Construction