Quatre réalisations emblématiques dans l'est du Québec

19 mai 2022
Par Maude Ferland

Quatre ouvrages uniques, allant entre autres d’une construction curieuse et rare pour l’une et de la fière représentante d’une première mondiale en génie civil pour une autre, forgent l’identité de l’est du Québec.

La région compte même une exception dans le grand parc des infrastructures liées à la production d’électricité québécoise et témoigne, à travers son patrimoine, de son passé religieux. Bref tour d’horizon.

 

Le pont d’aluminium d’Arvida, Saguenay

Le pont d’aluminium d’Arvida marque une première dans le génie civil, tant au Québec qu’à l’international : il est en effet le premier pont au monde à être entièrement construit en aluminium, à une époque où les ponts canadiens sont surtout faits de bois, d’acier ou de béton armé. Cette première est notamment rendue possible grâce au sol en roc du site. Réalisée en 1949 et en 1950, l’infrastructure est préfabriquée en atelier à partir de divers alliages d’aluminium et est assemblée par rivetage, boulons et broches ainsi qu’en alliages d’aluminium enduits de produits scellants. L’oeuvre ne pèse que 163 tonnes, soit la moitié moins qu’un pont similaire en acier. La structure relie l’ancienne ville d’Arvida à la centrale hydroélectrique Shipshaw II, à Jonquière. Le pont d’aluminium d’Arvida est une idéation de la firme Dominion Bridge, qui se spécialise alors dans la conception de ponts en aluminium. La firme d'ingénieurs Surveyer, Nenniger et Chenevert de Montréal (maintenant connue sous le nom SNC-Lavalin) en supervise les travaux, tandis que Pic Construction de Jonquière les réalise. La bénédiction du pont a lieu à l’été 1950 en présence de la classe politique, dont le premier ministre Duplessis.

Sources : Patrimoine du Québec et ministère de la Culture et des Communications.

 

Le mur de Fermont, Côte-Nord

 

Le célèbre mur de Fermont. Crédit : Ville de Fermont

 

Comment contrer les vents et limiter les déplacements dans des froids extrêmes ? En créant une gigantesque infrastructure de 1,3 kilomètre regroupant, en son centre, la quasi-totalité de l’offre résidentielle, commerciale et municipale, ceci en un seul lieu! Le « mur-écran » de Fermont regroupe même deux écoles – une primaire et une secondaire – et un hôpital. Érigée dès 1971, la célèbre infrastructure est unique en Amérique du Nord et ce type de construction demeure rarissime ailleurs sur le globe; il en existe en Suède et en Russie, qui ont d’ailleurs servi d’inspiration aux architectes Maurice Desnoyers et Norbert Schoenauer, les concepteurs de celui de Fermont. Il a également pour fonction de faire office de « paravent » aux habitations hors de son enceinte, en limitant l’exposition de celles-ci aux vents du nord. Évaluée à 350 millions de dollars en 1971, la réalisation du bâtiment linéaire est dirigée par le consortium Pentagon Construction et mobilise une moyenne de 500 hommes sur le chantier.

Sources : La Presse (archives, 12 juin 1971) et Ville de Fermont.

 

La centrale des Îles-de-la-Madeleine

 

La centrale thermique de Cap-aux-Meules. Crédit : Hydro-Québec

 

Mise en service en 1991 pour le cout de 200 M$, la centrale madelinienne est la plus grande centrale thermique à moteur diesel du Québec. Le réseau autonome compte six moteurs – similaires à ceux des bateaux – de 11 000 kW chacun et fournit l’électricité à une population de près de 13 000 personnes dans huit localités de l’archipel. La centrale de Cap-aux-Meules possède la particularité d’agir telle une génératrice, mais à grande échelle. L’infrastructure d’Hydro- Québec poursuit la tradition du mazout depuis l’inauguration de la centrale de la Coopérative d’électricité des Iles-de-la-Madeleine, en 1953. Elle remplace alors l’ancienne usine, vieille de 27 ans, dont les fuites de mazout ont pollué la nappe phréatique d’eau potable des Îles.

Source : Hydro-Québec.

 

Le couvent des Soeurs du Saint-Rosaire à Rimouski

 

Agrandissement de la maison mère des Sœurs de Notre-Dame du Saint-Rosaire à Rimouski. Crédit : ACDF Architecture

 

L’ancien couvent de Rimouski a été érigé dans un premier temps de 1905 à 1907, donnant ainsi vie aux plans et devis du chanoine Georges Bouillon pour la partie centrale de l’austère bâtiment destiné à la congrégation des Soeurs de Notre-Dame du Saint-Rosaire. L’aile est construite en 1939, et l’aile ouest, en 1957. Quelque chose de fondamental manque néanmoins à l’édifice, en regard de sa vocation : une chapelle. Elle est érigée dès l’année suivante, en 1958, et l’architecte Albert Leclerc préconise le style d’architecture Dom Bellot. Le couvent intègre donc une architecture exclusivement religieuse, où les matériaux forment à la fois la structure et l’esthétisme. L’entrepreneur mandaté pour le projet est Eliud Pelletier.

Source : Patrimoine du Québec.