La Cité Verte, l'urbain durable dans le moindre détail

27 juin 2011
Par François Cantin, M. Sc. Arch.

Le 2 juin dernier, sous la thématique du développement urbain durable, la section du Québec du CBDCa, en partenariat avec Hydro-Québec, a convié ses membres à une soirée à la Cité Verte de Québec. Toujours en chantier au moment d'écrire cette chronique, ce projet d'écoquartier prend néanmoins de plus en plus forme et révèle, petit à petit, l'ambition de ses concepteurs. La Cité Verte, située dans le quartier Saint-Sacrement sur les anciens terrains des Sœurs du Bon-Pasteur, c'est plus de 93 000 mètres carrés de superficie, soit 14 bâtiments groupant 800 unités d'habitation (dont plus de 600 en copropriété), des maisons de ville ainsi que de nombreux espaces commerciaux.

 

Après quelques allocutions, dont une de l'architecte montréalais Guy Favreau portant sur le concept d'écoquartier en général, les participants de la soirée ont pu visiter les installations du complexe en compagnie des principaux professionnels gravitant autour du projet. Véritable épine dorsale du projet, la chaufferie urbaine centralisée avec son silo, ses imposantes chaudières et ses banques de chaleur a pour sa part su étonner et susciter bon nombre de discussions enrichissantes.

 

Énergie urbaine

Alimentée aux granules de bois en provenance de Saint-Félicien, la chaufferie urbaine fournit l'apport de chaleur nécessaire à l'exploitation des différents bâtiments. Rien n'ayant été laissé au hasard, un partenariat avec les transporteurs assurant la livraison de céréales aux producteurs agricoles de Saint-Félicien permet de minimiser les impacts environnementaux relatifs au transport des granules. Ainsi, une fois que les céréales en provenance du port de Québec ont été livrées, un système de communication efficace permet au transporteur de connaître les besoins en approvisionnement de la chaufferie. Si nécessaire, il est alors possible de coordonner efficacement le transport de granules jusqu'à Québec, évitant par le fait même d'effectuer le voyage de retour à vide.

 

Tel que mentionné lors de la visite des lieux par Pierre Mercier, l'architecte chargé du projet, la chaufferie a représenté un défi de taille puisque différentes exigences du Code national du bâtiment relatives à la sécurité en ont compliqué la mise en place. Au final, M. Mercier espère que la Cité Verte pourra servir d'exemple et faire avancer les choses. D'ailleurs, il ne manque pas de souligner que plusieurs équipements similaires sont opérationnels dans diverses régions européennes depuis bon nombre d'années et que ceux-ci cohabitent très bien avec les habitations qui leurs sont juxtaposées.

 

Sensibiliser l'utilisateur

Des études ont démontré que le simple fait d'informer les gens sur leur consommation entraîne une réduction de l'ordre de 14 % de cette dernière. Dans cette optique, l'équipe de conception a déployé beaucoup d'efforts afin de s'assurer que les habitants de la Cité Verte soient bien au fait de leur consommation énergétique. Chaque unité d'habitation sera donc munie d'un panneau de contrôle tactile à partir duquel les données relatives à la consommation pourront être consultées. Combien de litres d'eau potable ai-je consommés aujourd'hui ? Est-ce que ma consommation énergétique se compare avantageusement à celle de mes voisins immédiats et à celle des résidents d'un écoquartier suédois ?

 

Toutes ces questions et bien plus encore trouveront réponses grâce à la simple consultation des données colligées par le système intelligent. Dans une perspective de recherche à moyen et à long terme, ces données amassées au fil des années à la Cité Verte permettront aux différentes institutions, telles qu'Hydro Québec, de connaître de manière détaillée le profil énergétique de leur clientèle et ainsi d’identifier les meilleures stratégies pour rationnaliser la consommation.

 

Ce sont souvent les détails qui font toute la différence et la Cité Verte ne fait pas exception. À titre d'exemple, les unités d'habitation auront une cavité aménagée au bas du mur derrière la sécheuse afin d'éviter que le tuyau d'échappement ne soit comprimé lorsque l'appareil est installé à son emplacement. Une attention simple, mais qui garantit un rendement énergétique optimal de l'électroménager. Ce détail, parmi tant d'autres, contribue à faire de ce projet d'écoquartier un modèle collectif d'ingéniosité et de durabilité.

 

En terminant, sachez qu'il me fera plaisir de prendre connaissance de vos commentaires concernant cette chronique ou tout autre sujet connexe. Pour ce faire, vous pouvez m'écrire à l'adresse courriel suivante : fcantin@hudonjulien.com.

 


L’auteur est stagiaire en architecture chez Hudon Julien et Associés, bénévole au sein de la section du Québec du CBDCa et membre d’Écoopération, une coopérative offrant divers services de consultation en architecture durable.


Cette chronique est parue dans l’édition du jeudi 23 juin 2011 du journal Constructo. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous !