6 février 2012
Par Étienne Soucy

Vieillissement : Portrait de la situation (1/1)

 

Personne n’y échappera. D’ici 2041, le Québec pourra être considéré comme l’une des plus vieilles populations occidentales. À ce moment, 30 % de la population sera âgée de 65 ans ou plus. Dans certaines régions comme le Bas-Saint-Laurent, la Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine et la Capitale-Nationale, cette proportion grimpera jusqu’à 40 %. Ajoutons à cela plusieurs banlieues de grandes villes québécoises qui verront aussi leur population vieillir à un rythme accéléré. Portrait d’une province qui grisonne.

 

Toutes ces statistiques, tirées des résultats de la recherche Le vieillissement de la population : une nouvelle spécificité québécoise menée par l’équipe de Yves Bussière de l’Institut national de recherche scientifique, sont éloquentes. Au-delà des chiffres, le vieillissement de la population du Québec amènera avec lui de nombreux enjeux souffleurs d’un vent de changement dans l’industrie de la construction.

 

Une ère de changement social

Selon le chercheur Yves Bussière et son équipe, le vieillissement de la population soulève plusieurs problèmes dans le tissu social québécois. Globalement, le phénomène entraîne d’importants questionnements politiques et économiques, dont on entend d’ailleurs de plus en plus parler dans l’actualité.

 

La province parviendra-t-elle à garder intact son pouvoir économique si sa main-d’œuvre perd en effectifs ? Comment réagira le gouvernement face aux conventions politiques en vigueur par rapport aux régimes de retraite ? Chose certaine, d’importants changements sont à prévoir. Mais à l’aube de cette ère de changement, quelle est l’étendue de l’impact direct que subira l’industrie de la construction québécoise ?

 

Des infrastructures en mutation pour une mobilité accrue

Au cours des 30 prochaines années, les infrastructures du Québec devront nécessairement subir d’importantes transformations. Présentement, les infrastructures ne sont pas aptes à faire face à l’augmentation du handicap et à la perte de mobilité et d’autonomie des personnes âgées de plus en plus nombreuses. Cela signifie que toutes les infrastructures actuelles devront être adaptées pour satisfaire la perte d’autonomie de la population en général. Le grand défi ? Adapter les transports aux nouveaux besoins du Québec.

 

Avec la montée considérable du nombre de personnes âgées, les modes de transport à privilégier changeront. Prenons Montréal, par exemple, où « le métro est à 80 % inaccessible en fauteuil roulant. Il s’agit d’un des derniers métros au monde qui ne possède pas d’ascenseurs pour toutes ses stations », affirme Yves Bussière. Notons toutefois que la situation a été prise en charge par la STM qui a établi un plan stratégique pour munir la plupart des stations de métro d’ascenseurs.

 

Même si les citoyens de 65 ans et plus se tournent encore souvent vers l’automobile, l’intérêt de modifier les infrastructures de façon à favoriser l’utilisation du transport en commun se fait peu à peu sentir. Et ça ne vaut pas qu’à Montréal. Les régions aussi auront à négocier avec ce changement. En plus, la perte d’autonomie des personnes âgées entraînera une baisse du nombre de personnes aptes à conduire un véhicule automobile. L’adaptation du système de transport en commun favorisera le déplacement des personnes ayant perdu leur droit de conduite.

 

Immobilier : du pain sur la planche pour l’industrie

Au niveau des structures immobilières, les changements à prévoir sont inévitables. Concrètement, d’innombrables travaux devront être entrepris pour modifier l’accès aux institutions publiques du Québec afin de répondre à la nouvelle « réalité sociétale ».

 

À commencer par toutes les institutions de soins de santé ; la tâche est lourde : hôpitaux, cliniques, centres de soins de longue durée et autres bâtiments à vocation médicale devront passer sous le bistouri des entrepreneurs pour faciliter leur accès et permettre une meilleure mouvance de la population. Au-delà des institutions publiques, on verra aussi apparaître de plus en plus de centres privés de soins de santé de longue durée.

 

Ajoutons à cette liste tous les centres de services publics et les centres administratifs gouvernementaux. Même son de cloche pour les commerçants privés qui devront eux aussi se résoudre à adapter les accès. L’industrie de la construction a du pain sur la planche !

 

Transformation extrême en vue dans le secteur résidentiel

Les plus importantes modifications immobilières à prévoir demeurent cependant du côté résidentiel. Que ce soit dans le développement des nouveaux projets ou la réfection des résidences existantes, les plans devront être revus. Les constructions actuelles devront être rénovées selon les nouveaux besoins de la population et les prochaines mises en chantier seront adaptées à la réalité future du Québec.

 

Tous ces nombreux changements collaboreront ainsi à tenir fort occupée l’industrie de la construction. Une industrie qui elle aussi, invariablement, sera vieillissante.

 


Ce sujet pique votre curiosité ? Lisez tous les articles du dossier VIEILLISSEMENT :

 

Un Québec grisonnant (Portrait de la situation 1/1)

 

Portrait d’une industrie en transformation (Industrie de la construction 1/2)

L’industrie de la construction en action face au vieillissement (Industrie de la construction 2/2)

 

Former nos villes pour l’avenir (Urbanisme 1/1)

 

Une communauté en mouvance (Développement résidentiel 1/3)

Résidences pour retraités – Demain, c’est loin ? (Développement résidentiel 2/3)

Habitations mixtes – Une sagesse à partager (Développement résidentiel 3/3)