Un système de toiture renforcé sous vide

21 novembre 2018
Par Jean Garon

Les architectes, constructeurs et rénovateurs disposent d’une nouvelle option pour réaliser une toiture étanche et résistante aux conditions climatiques extrêmes. Il s’agit du système de toiture sous vacuum Protan développé et fabriqué par la compagnie norvégienne du même nom.

Utilisé en Europe depuis plusieurs décennies, ce système a fait l’objet d’une première tentative d’introduction dans le marché canadien et québécois il y a environ une trentaine d’années, sans obtenir le succès escompté. La compagnie Protan Toitures a finalement repris le collier en s’implantant au Québec en 2012, et son représentant, Guy Diamond, assure maintenant la commercialisation du système en exclusivité en Amérique du Nord.

 

L’architecte Claude Frégeau a été l’un des précurseurs ici, en 1990, en spécifiant l’installation du système dans deux de ses projets : le Collège Ahuntsic et l’Auditorium de Verdun. Vingt-huit ans plus tard, il constate que ses toitures ont bien résisté aux éléments, avec la membrane d’origine toujours en place et en bonne condition.

 

Récemment, il a récidivé en spécifiant l’installation du système Protan dans sa conception architecturale du projet de réfection de la toiture du Centre d’hébergement et de soins de longue durée (CHSLD) St. Andrew, situé dans l’arrondissement Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de- Grâce, à Montréal. Le 27 septembre dernier, il en a fait une présentation devant des invités locaux et internationaux sur le site même de l’installation. « De nos jours, a expliqué Claude Frégeau, l’étanchéité à l’air des toitures devrait être parfaite dans tous les cas, même dans des assemblages conventionnels ou sandwiches. Dans le cas d’un assemblage sous vacuum, c’est l’étanchéité à l’air qui assure la résistance au soulèvement par le vent du système de toiture. Une attention particulière est donc portée à tout le périmètre ainsi qu’à tous les éléments qui traversent la toiture : évents, drains, équipements ou conduits. »

 

Claude Frégeau, responsable de la firme Claude Frégeau Architecte, et Guy Diamond, président de Protan Toitures. Photo de René-Claude Senécal

 

En réalité, ce système fonctionne sous pression négative. Son installation consiste en l’application d’une membrane en PCV (polychlorure de vinyle), sans colle ni autres moyens de fixation. Au périmètre et aux ouvertures, il est recommandé d’appliquer un scellant adhésif de silicone à vulcanisation neutre, celui-ci n’étant pas affecté par les rayons ultraviolets et pouvant durer une cinquantaine d’années. S’ajoutent à cela des évents spéciaux installés le long des rives et dans les coins, qui servent à augmenter la succion lorsqu’il vente, en créant une pression négative entre la membrane de PCV et la membrane pare-vapeur installée sur le platelage. La force d’arrachement du vent se trouve de cette façon transmise jusqu’à la membrane pare-vapeur qui procure ainsi l’adhérence de la membrane au platelage structural. C’est donc dire que plus la vitesse du vent est importante, plus le système s’avère efficace.

 

Installation du système Protan lors du projet de réfection de la toiture du Centre d’hébergement et de soins de longue durée (CHSLD) St. Andrew, à Montréal. Photo de  Protan Toitures

 

Guy Diamond a pour sa part indiqué que le système Protan convient aussi bien aux réfections de toitures qu’aux constructions neuves, et plus particulièrement sur un platelage en béton. Il n’en demeure pas moins que le système peut également être installé directement sur un revêtement existant, en autant que le substrat est étanche à l’air et que les évents sont adéquatement installés pour assurer la succion de l’air par l’effet de la pression atmosphérique.

 

Le système Protan présente plusieurs avantages, en plus de réduire le temps d’installation et les couts. Il est léger avec un poids d’à peine 2 lb/pi2, alors que le poids en charge morte des matériaux de toiture est de l’ordre de 14 lb/pi2. De plus, la combinaison de matériaux imputrescibles, tels un pare-vapeur auto-adhésif étanche, un isolant et une membrane de PCV à haute perméance à la vapeur d’eau, permet d’assécher l’isolant si une infiltration d’eau se produit. En cas de perforation ou de bris, il suffit de souder une pièce sur la source d’infiltration.

 

Par ailleurs, la membrane de PCV offre plus de sécurité en étant auto-extinguible et antidérapante. La membrane blanche réfléchissante Cool Roof est également bonne pour l’environnement avec un albédo élevé qui abaisse la température des ilots de chaleur et diminue la charge des appareils de refroidissement en été, sans oublier qu’elle est entièrement recyclable. La seule ombre au tableau : la membrane n’est disponible qu’en importation.

 

Pour le projet de réfection de la toiture du CHSLD St. Andrew, c’est l’entrepreneur général et couvreur Groupe Cirtech qui a exécuté les travaux de recouvrement de la toiture d’une superficie de 1 450 m2, conformément aux plans de l’architecte Claude Frégeau et aux instructions du fabricant Protan et de son agent Guy Diamond.

 

La membrane blanche ultra réfléchissante a été simplement déroulée sur deux épaisseurs de 75 mm de panneaux isolants de polyisocyanurate. Ceux-ci ont été disposés en quinconce sur un nouveau pare-vapeur appliqué directement sur le pare-vapeur asphalté existant. Puis, le revêtement a été cintré par 300 mètres linéaires de solin de la même membrane en soudant cette dernière au parapet des trois bassins en pente vers les drains. Enfin, il est à noter que le plan de l’emplacement des dispositifs de vacuum (évents) a été préalablement approuvé par le fabricant en Norvège, une condition essentielle pour honorer sa garantie de 35 ans.

 

RÉSULTATS ÉPROUVÉS

L’assemblage de ce système de toiture a été testé en laboratoire avec succès en Norvège, en Russie et au Royaume-Uni. L’architecte Claude Frégeau a indiqué que « des essais ont été réalisés récemment avec la norme dynamique de résistance au vent, laquelle fait maintenant partie du Code national du bâtiment 2015 : CSA A 123.21-14. Les résultats de l’essai ont permis de se rendre au maximum de l’appareillage d’essai, soit -8,6 kPa (-180 psf), sans aucun dommage au complexe d’étanchéité, lequel avait été posé en adhérence sur un platelage d’acier nervuré ».