Tirer le meilleur d’un équipement novateur

9 juin 2014

Investir dans l’innovation est souvent synonyme d’efficacité, de performance et de rentabilité. À condition de bien l’intégrer au chantier.

Par Marie Gagnon

 

Vingt-six étages en vingt-trois levées seulement. C’est la prouesse accomplie par Coffrage Alliance dans le cadre des chantiers de la Tour Deloitte et du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM). Cette performance, Coffrage Alliance l’a obtenue en faisant appel à un équipement novateur, le Super Climber de Doka, un système autogrimpant qui permet de télescoper le coffrage d’une levée à l’autre sans recourir à aucun équipement de levage.

 

« Il s’agit d’un système entièrement autonome qui est particulièrement avantageux en milieu urbain, où l’espace est souvent très restreint, résume François Pomerleau, vice- président exécutif de Coffrage Alliance. Il est surtout utile dans le coffrage d’éléments structuraux de grande hauteur, comme les cages d’ascenseurs, les piliers de pont, les cheminées et les silos. La beauté de la chose, c’est qu’il est actionné au moyen d’une télécommande : il suffit d’appuyer sur un bouton pour hisser les éléments de coffrage. »

 

Le Super Climber est constitué d’une plateforme de travail à laquelle sont attachés les coffrages préfabriqués. Ce portique est soulevé vers la levée suivante, d’un seul mouvement, au moyen d’un puissant vérin hydraulique solidement fixé à la structure de béton du niveau inférieur. Non seulement ce système ne mobilise aucune grue à tour pour son levage, mais il permet en outre de gagner du temps en bétonnant à l’avance plusieurs murs, avant même que ne soient coulées les dalles.

 

Faire vite et bien

« Ce qu’il y a d’intéressant aussi avec le Super Climber, c’est qu’il permet de couler des murs d’une hauteur typique, mentionne François Pomerleau. Bien souvent la hauteur des murs d’un immeuble varie d’un étage à l’autre. Tantôt, ils peuvent être de 4,2 mètres, tantôt de 4,8 mètres. Avec cet équipement, les hauteurs sont constantes. Par exemple, au CHUM, la hauteur des murs est de 4,4 mètres. Tandis qu’à la Tour Deloitte, elle est de 5 mètres. Au bout du compte, on arrive à réduire le nombre de levées. »

 

Si le Super Climber promet rapidité et facilité d’exécution dans les travaux de coffrage, par contre son installation demande du temps. Et c’est sans compter le coût de l’équipement, qui oscille autour des 3 millions de dollars. Selon le vice- président exécutif de Coffrage Alliance, l’exercice n’en vaudrait pas vraiment la peine pour un immeuble de faible hauteur.

 

« On a acheté un premier système de télescopage automatique pour le chantier du CHUM et on l’a déployé au complet à partir de la deuxième levée, précise-t-il. Pour la Tour Deloitte, on s’est engagé à en acquérir un deuxième si on remportait la soumission. Ce qui a été fait. Mais il serait faux de prétendre qu’on puisse rentabiliser de tels équipements avec deux projets seulement, aussi importants soient-ils. »

 

Surmonter les réticences

Il ajoute que l’opération de levage assistée par télécommande représente en soi une révolution majeure dans les méthodes de travail. Et que, comme toute innovation, son introduction a suscité méfiance et résistance au sein de ses équipes de travail. Des réactions négatives qui ont été vite jugulées au moyen d’une formation intensive et par la démonstration d’avantages tangibles, comme des risques moindres sur le plan de la santé et de la sécurité du travail.

 

Le système autogrimpant de Doka assure en effet une protection périphérique, même à des hauteurs importantes, et une plateforme de travail sécuritaire à l’abri des intempéries. Des échelles et des escaliers permettent d’y accéder en toute sécurité. Il offre de plus suffisamment d’espace pour y entreposer les charges de service, et ce, même pendant les levages.

 

Franchir les difficultés

Les défis relevés par l’équipe de Coffrage Alliance ne se sont pas arrêtés là. À l’étape de l’estimation, ils ont dû jongler avec un système jusque-là inconnu. Même chose en ce qui concerne l’ingénierie du projet : la préfabrication des panneaux de coffrage, entre autres, leur a donné de sérieux maux de tête. Ils ont également eu à composer avec la logistique de chargement et de déchargement au chantier. Sans oublier, évidemment, l’implantation de procédures de travail liées à son installation.

 

« La première installation au chantier du CHUM s’est fait sans trop de heurts, même s’il s’agissait d’une première, souligne François Pomerleau. Au chantier de la Tour Deloitte, nos équipes étaient déjà familiarisées avec le concept, tout s’est bien déroulé. Le secret de cette réussite, c’est avant tout une excellente communication entre tous les intervenants du projet. Notre approche systémique et notre ouverture à l’amélioration continue y ont beaucoup contribué aussi. »

 

Il précise que le choix d’un système aussi novateur, malgré toute l’énergie déployée pour l’implanter, s’inscrit dans les valeurs de Coffrage Alliance. « En misant sur l’innovation, on assure la pérennité de notre entreprise. Bien sûr, un tel achat ne se rentabilise pas en deux projets. Mais si on pense à long terme, c’est là que ça devient rentable. »

 

TROIS AVANTAGES
  • Souplesse d’utilisation : système modulaire qui s’adapte à tous les tracés et à toutes les hauteurs d’ouvrage
  • Rapidité d’exécution : levage rapide et en simultané de plusieurs modules par télécommande
  • Sécurité au chantier : protection périphérique protégeant contre les intempéries et déplacements sécuritaires au moyen de passerelles, d’escaliers et d’échelles