Hilo : moteur de la transition énergétique

29 novembre 2019
Par Jean Garon

Hydro-Québec amorce un virage vers la consommation intelligente d’énergie avec Hilo, une initiative qui s’inscrit dans le mouvement de la transition énergétique en tablant sur l’électrification de l’économie québécoise.

Ce nouveau grand projet énergétique de la société d’État pour les cinq prochaines années ne reposera pas cette fois-ci sur le développement d’infrastructures de production, de transport et de distribution d’énergie. Il sera réalisé par le biais du développement d’une plateforme technologique qui mettra à contribution, en amont, l’intelligence artificielle et toute une gamme de produits et services, et en aval, l’ensemble de ses clientèles résidentielles, commerciales, industrielles et institutionnelles.

 

À terme, Hilo pourrait ainsi récupérer entre 800 et 1 500 mégawatts d’électricité par année auprès des clients par un contrôle plus fin de leur consommation avec sa technologie intelligente. L’offre de nouvelles mesures d’efficacité énergétique permettrait à ceux-ci de gérer la consommation de certaines charges, comme le chauffage en période de pointe, ce qui contribuerait à réduire les besoins en puissance de 600 mégawatts d’ici une dizaine d’années.

 

L’industrie interpellée

Sébastien Fournier, président-directeur général d’Hilo, ne cache pas que la société d’État souhaite travailler avec l’industrie de la construction pour s’assurer que l’équipement installé dans les nouveaux immeubles sera compatible avec la plateforme technologique, et ce, tant sur le plan des constructions neuves résidentielles que sur celui des immeubles commerciaux, industriels ou institutionnels. « On croit que ça leur apportera un argument de vente intéressant auprès de leurs clients pour devenir des clients d’Hilo. »

 

Sébastien Fournier - Photo : Hydro-Québec

 

Hilo compte également sur l’implication des propriétaires et gestionnaires des grands bâtiments pour se connecter à sa plateforme et participer à des événements de déplacement de leur consommation d’énergie moyennant certaines rétributions. « Pour Hilo, admet Sébastien Fournier, cela implique d’avoir accès aux données de chauffe, de ventilation, de climatisation et d’éclairage d’un bâtiment afin d’optimiser l’efficacité énergétique tout en permettant de mieux contrôler la demande d’énergie et de puissance dans le temps, sans affecter le confort des occupants. »

 

Déploiement de la stratégie

Le p.-d. g. d’Hilo affirme avoir un plan de match très ambitieux pour la commercialisation de ses produits et services. « Technologiquement, on est prêt. Il reste quelques ficelles à attacher, mais on se lancera prochainement dans le marché résidentiel. » Selon lui, le lancement commercial grand public du modèle d’affaires visant la maison intelligente (domotique) pourrait avoir lieu durant l’été ou au début de l’automne 2020. Celui touchant l’immotique suivrait peu de temps après avec une offre de produits et services pris en charge ou clés en main s’adressant à ses différentes clientèles d’affaires, (immeubles de bureaux, écoles, hôpitaux, etc.).

 

En gros, Hilo proposerait à ce marché d’ajouter une couche d’intelligence aux systèmes de contrôle en place, comme des contrôles prédictifs, en fonction des plages d’activité des bâtiments ou d’événements météorologiques (grands froids ou grandes chaleurs). Cela pourra se faire en déplaçant la consommation hors des périodes de pointe ou en faisant appel à d’autres sources d’alimentation, comme le stockage (batterie) ou l’autoproduction d’énergie (solaire, éolien). « On croit que c’est une proposition qui va toucher l’ensemble de la société québécoise, qui devrait y gagner au change », conclut Sébastien Fournier.