Responsabilité sociale des entreprises : attirer et rétenir des talents

15 décembre 2023
Par Cynthia Bolduc-Guay

Au-delà de la projection de l’image d’un bon citoyen corporatif, les politiques liées à la Responsabilité sociale des entreprises (RSE) ont un impact important et souvent sous-estimé sur les employés actuels et futurs. Regard sur une pratique qui gagne à être davantage mise de l’avant.

Avec l’urgence climatique et les demandes grandissantes des citoyens, des fournisseurs et des investisseurs, on note actuellement une accélération du déploiement, notamment, de politiques ESG au sein des entreprises. « Le rôle et la place que joue l’entreprise dans la société sont en évolution depuis des années. On réalise de plus en plus qu’elle a un impact sur la société et vice-versa, que ce sont en fait des vases communicants », note Lucie Bourgeois, présidente fondatrice d’Umalia, une entreprise offrant des services de consultation en stratégies de développement durable et de partenariats d’impact.

 

Et la mise en place de telles politiques, en plus de permettre de mieux orienter et souligner les valeurs d’une entreprise, peut favoriser son attractivité, la rétention de ses employés ainsi que rassembler ces derniers autour d’un projet commun.

 

Attractivité et rétention

Isabelle Dubé et Tristan Oertli, respectivement vice-président Transformation humaine et pratiques ESG et directeur Pratiques ESG chez Talsom, une entreprise de services professionnels spécialisée en transformation durable, relèvent l’importance de la responsabilité sociale de l’entreprise à même le parcours des employés. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : selon la société d’assurance Willis Towers Watson, 58 % des gens, toutes tranches d’âge confondues, prennent en compte les politiques ESG des entreprises au moment de choisir un emploi.

 

Isabelle Dubé,  vice-présidente Transformation humaine et pratiques ESG chez Talsom. Crédit : Taslom

 

Au sein de la génération Z, soit ceux nés entre 1996 et 2010, 31 % d’entre eux disent même qu’ils ne prendront pas un poste si les antécédents ESG de l’entreprise sont faibles. Dans le cas des milléniaux, 40 % vont préférer choisir une organisation qui a des critères ESG. Autre fait intéressant : 55 % des employés vont même préférer travailler pour une entreprise socialement responsable même si le salaire est moins élevé. « C’est devenu un critère déterminant et incontournable qui mériterait d’être davantage mis de l’avant dans les offres d’emploi et les entrevues de recrutement, car on voit sur le terrain que ça commence à être discriminatoire », souligne Isabelle Dubé. Elle croit également que, si ce critère est aussi important dans la sélection d’un poste, il l’est probablement tout autant pour encourager les employés à rester au sein d’une entreprise.

 

Tristan Oertli, directeur Pratiques ESG chez Talsom. Crédit : Taslom

 

En matière de ressources humaines, les critères ESG peuvent notamment toucher la santé et la sécurité des employés, le bienêtre, la qualité de l’environnement de travail, le développement des compétences, les opportunités d’avancement ou les conditions salariales. Mais au-delà des facteurs qui touchent directement le quotidien de l’employé, les enjeux environnementaux et collectifs ont aussi leur importance.

 

Un projet collectif

Les politiques ESG permettent aussi de mobiliser les employés dans la réalisation d’un projet commun qui dépasse les objectifs financiers. « Dans la pyramide de Maslow, une fois que tes besoins de base sont comblés, tu cherches à créer du sens. Et ce sens-là est aujourd’hui l’une des grandes conditions du bonheur au travail », estime Tristan Oertli.

 

Lucie Bourgeois est du même avis. « Les gens s’investissent dans les focus groups : ils sont inspirés », valide-t-elle, insistant sur l’importance d’impliquer les employés et de mettre en place une approche participative au sein de l’entreprise en lien avec les enjeux ESG. En mobilisant leurs employés dans l’atteinte d’enjeux communs qui affectent positivement la communauté, les entreprises contribuent par le fait même à favoriser la collaboration entre les équipes, à instaurer une culture positive et à développer la créativité, ce qui a un impact sur la productivité. « En bout de ligne, tout le monde va s’engager, car tout le monde y gagne quelque chose », conclut Lucie Bourgeois.