Au-delà de ChatGPT, cette nouvelle technologie en constante évolution offre une véritable opportunité aux entreprises qui souhaitent optimiser leurs opérations.
« Qu’on le veuille ou non, l’IA est déjà partout », explique Mathieu Barreau, directeur Affaires, communication et partenariats au Centre de recherche informatique de Montréal (CRIM). On n’a qu’à penser à nos cellulaires, à Google Home ou même à la voiture autonome.
Cependant, lorsqu’on parle des technologies destinées aux entreprises, deux types se distinguent. « L’IA peut s’aborder par deux grandes approches : l’IA dite commerciale, proposée par des spécialistes et revendeurs et qui consiste en des solutions clés en main, puis l’IA dite sur mesure, développée dans les centres de recherche qui viennent répondre à des besoins spécifiques auxquels ne répondent pas les solutions commerciales », précise-t-il.
Des applications concrètes et rentables
Les raisons d’investir dès maintenant dans ces technologies sont nombreuses. Parmi elles, l’automatisation des processus, la rapidité du traitement des données, la précision augmentée et l’amélioration de la planification qui permettent de limiter les pertes de temps et la hausse des coûts.
« Par exemple, en cas de bris sur une ligne de production, l’IA peut générer rapidement une nouvelle “cédule” en moins de 15 minutes afin d’avoir le moins d’impact possible sur la production à venir », explique Jean-Christophe Voyer, architecte de solutions chez Vooban.
Il mentionne aussi la réparation de la machinerie, souvent faite de manière réactive. Celle-ci peut cependant être planifiée à l’aide de senseurs qui s’occupent du suivi de son entretien. « À partir du moment où une anomalie est détectée, l’IA peut croiser les autres opérations de l’entreprise et proposer le meilleur moment pour effectuer la réparation », ajoute-t-il. De la même manière, elle peut planifier les différents travaux à faire sur le chantier en fonction de la météo ou de toute autre donnée qui peut affecter le bon déroulement de ceux-ci.
Autre force de l’IA : pouvoir exécuter plus rapidement et avec une grande précision des tâches répétitives ou cléricales. « Par exemple, elle peut extraire la liste des matériaux dans un devis ou des plans pour faciliter leur commande », mentionne l’architecte de solutions. Selon lui, l’avènement de l’intelligence artificielle ouvre la porte non seulement à l’amélioration de la qualité des services et des produits, mais aussi, à la redistribution des tâches afin de donner de meilleures conditions de travail aux employés, valorisant ainsi leurs véritables talents.
Carburer aux données pour une plus grande fiabilité
Un des intérêts les plus courants pour l’application de l’IA réside en la prise de meilleures décisions. Cette technologie peut se baser dans un premier temps sur un historique de données, dont la qualité déterminera celle des réponses qu’elle va générer. « Les données sont le carburant dans un projet d’IA », fait valoir Mathieu Barreau. Les décisions seront prises à partir de faits complexes que l’humain ne peut pas analyser seul, ce qui vient aider et augmenter la qualité de décisions des dirigeants.
Miser sur les données de l’entreprise et sur les connaissances qu’elles représentent permet également d’assurer une plus grande stabilité des activités en conservant le savoir à l’interne. « Ceci met moins de pression sur les humains, qui peuvent changer d’entreprise », rappelle-t-il. L’IA peut aussi permettre d’extrapoler des données de différentes sources afin de générer des prédictions d’une grande précision. Jean- Christophe Voyer donne l’exemple d’un client pour qui lui et son équipe ont développé un algorithme de prédiction des ventes. « C’est vraiment efficace, parce qu’on prend en compte des données économiques, le nombre de mises en chantier, la première neige… Plein de critères qui ont une influence sur la demande future. »
Réussir son implantation
Avant d’implanter l’IA dans une entreprise, les experts s’entendent pour dire qu’il est important d’analyser ses besoins en termes de productivité et d’objectifs d’affaires. « Il faut d’abord se demander quelles questions complexes est-ce que je me pose chaque jour dans mon entreprise et, surtout, quel est l’impact des mauvaises décisions », estime l’architecte de Vooban. Analyser où se situent les pertes de temps et d’argent peut aider à déterminer quelles tâches gagneraient à être davantage automatisées.
Après cette étape, il faut identifier les données dont on a besoin et s’assurer de leur qualité. Les experts sélectionnent ensuite le modèle d’IA le plus approprié pour la tâche spécifique à réaliser puis procèdent à son entraînement, ajustant ses paramètres pour optimiser sa performance. Avant de finaliser le déploiement chez le client, le modèle est rigoureusement évalué pour s’assurer qu’il fonctionne correctement et qu’il répond aux exigences et aux standards attendus. Cette approche méthodique garantit la fiabilité et l’efficacité des solutions fournies.
Et l’avenir ?
Nous sommes encore aux premiers balbutiements de cette technologie. Mais la particularité est que l’IA apprend très rapidement. « Par exemple, dans un atelier de soudure, on peut l’entraîner à détecter une bonne et une mauvaise soudure en lui montrant différentes images et en lui expliquant pourquoi il s’agit ou non d’une soudure de qualité », explique Mathieu Barreau.
Dans le secteur de la construction, le CRIM travaille actuellement avec certains clients à mieux suivre et mesurer leur impact environnemental, notamment du point de vue des émissions de GES. Mathieu Barreau croit également que le développement de solutions pour la gestion des risques financiers ou juridiques et l’optimisation des coûts va s’accentuer dans les prochaines années.
« Du côté de l’IA générative, on peut s’attendre à des solutions qui vont générer des rendus de projets plus facilement et rapidement », estime Jean-Christophe Voyer. Mathieu Barreau abonde dans le même sens : « L’IA pourrait générer des fichiers, des contrats, des plans, des photos… », énumère-t-il.
On tend ainsi vers une plus grande automatisation des processus. « Il y a des cas où on automatise déjà 95 pour cent des décisions », précise le spécialiste. Il existe également un grand potentiel du point de vue de la planification des travaux, du suivi de chantier et de tout ce qui touche au BIM. « Imaginez connaître déjà tous les tuyaux qui vont aller dans un bâtiment et qu’un algorithme vous montre comment les couper afin de limiter les pertes », ajoute l’architecte. Et plus de données seront amassées, plus les façons de construire s’en verront améliorées.
« Il y a 40 ans, on se disait que ce n’était pas tout le monde au bureau qui avait besoin d’un ordinateur, et maintenant, tout le monde en a un, rappelle Jean-Christophe Voyer. Bientôt, il y aura des solutions à fort impact propulsées par l’IA dans tous les domaines. C’est ce qu’on a devant nous : alors vaut mieux apprendre à jouer avec et se mettre en mouvement tout de suite. »
- Planifier les travaux et la production
- Prédire les besoins en ressources humaines ou matérielles et les ventes
- Générer des fichiers
- Automatiser des procédés répétitifs
- Comparer des scénarios
- Détecter des irrégularités
- Réduire le temps d’analyse
- Augmenter la qualité des produits
- Automatiser le service à la clientèle (chat bot)
- Optimiser la qualité des procédés
- Réorganisation en cas d’imprévus
Cet article est tiré du Magazine – Les Leaders de la construction 2023. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous !
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