L’économiste de la construction : où doit aller la profession?

6 juin 2017
Sara Belaid

Dans le cadre du congrès de l’Association des estimateurs et des économistes de la construction du Québec (AEÉCQ), qui s’est déroulé les 25 et 26 mai 2017, Patrick Vallerand, cofondateur et président de Strategia Conseil, a donné une conférence sur la profession d’économiste de la construction. L’objectif principal étant d’explorer la façon dont cette fonction pourrait favoriser la bonne gestion des projets publics et privés au Québec.

L’économiste de la construction joue un rôle d’expertise auprès des organisations. Il recommande la mise en œuvre de politiques économiques pour atteindre les objectifs fixés par l’entreprise. Son but ultime est de réaliser pour son client le meilleur projet, au meilleur coût.

 

Les responsabilités de la profession selon l’AEÉCQ

L’économiste de la construction planifie les coûts de construction et participe à la réalisation des études de faisabilité. Sa mission est aussi de contrôler les coûts aux différentes étapes de la conception et de la réalisation des projets. Il doit vérifier les budgets pour les prêteurs hypothécaires et contrôler les déboursés progressifs. En tant que témoin expert, il prépare et valide des documents d’appel d’offres et administre les contrats de construction. C’est un professionnel qui connaît l’industrie de la construction et ses particularités, il estime et prépare des soumissions, en plus d’effectuer la gestion de projets.

 

Les associations des économistes de la construction 

  • Royal Institution of Chartered Surveyors (RICS) est une organisation internationale qui a pour mission de réguler la profession immobilière à travers l’instauration de normes déontologiques et des standards;
  • Canadian Institute of Quantity Surveyors (CIQS) est une association dont la mission principale est de promouvoir et faire progresser le statut professionnel des économistes en construction au Canada;
  • Union nationale des Économistes de la construction (UNTEC) tend à  améliorer les conditions d’exercice de la profession. Elle accompagne les évolutions techniques et réglementaires relatives à l’acte de construire;
  • Association for the Advancement of Cost Engineering International (AACEI) est le leader des associations professionnelles du domaine des coûts et échéanciers de projets. L’Association veut mettre en valeur le développement professionnel des membres en maintenant le haut niveau des normes de la profession et en offrant des occasions de perfectionnement.

 

    Une vision d’avenir

    Patrick Vallerand estime que la profession d’économiste de la construction a beaucoup de progrès à faire, en particulier en matière de reconnaissance. Il explique que « l’objectif est d’être reconnus en tant que profession à part entière au sein de l’industrie de la construction et de la société. Il faut que nous soyons reconnus comme conseillers auprès des décideurs, promoteurs, constructeurs et bailleurs de fonds, mais également comme experts et spécialistes des coûts de construction, en mesure d’évaluer et de maîtriser les coûts sur le cycle de vie des projets. »

     

    Congrès AEÉCQ - Photo de Sara Belaid

     

    Comment contribuer au développement de la profession?

    Le conférencier a établi cinq axes de développement pour augmenter la valeur ajoutée des économistes de la construction.

     

    1- Mettre en place des mesures disciplinaires plus exigeantes en matière de déontologie : les codes déontologiques génèrent deux bénéfices, soit celui de protéger le public, mais également celui de préserver la réputation des travailleurs qui appartiennent à un ordre.

     

    2- Augmenter la notoriété du titre d’économiste de la construction en communiquant sa valeur ajoutée : il faudrait davantage faire reconnaître la profession grâce à des moyens de promotion et de communication. Il est également nécessaire de mettre en place des moyens de reconnaissance pour les membres avec des prix et des galas d’excellence. Enfin, il faudrait s’affilier à un réseau d’associations internationales et faire davantage de publications pour vulgariser les projets de recherches scientifiques.

     

    3- Exiger un niveau de formation élevé et élargir le champ de connaissance : par exemple en gestion des technologies de l’information et BIM, en gestion immobilière, en analyse de risques ou en développement durable.

     

    4- Faire valoir la reconnaissance professionnelle auprès de l’Office des professions du Québec


    5- Développer et étudier la profession dans les universités et les instituts de recherche


    Patrick Vallerand termine la conférence en faisant un état de la situation concernant la profession. Les économistes sont des joueurs clés de l’industrie, avec des projets de plus en plus orientés vers le développement durable et des modes de réalisation diversifiés. Mais d’un autre côté il reconnaît qu’il y a un réel manque de reconnaissance et une faible sollicitation de la part de l’industrie. Il souligne notamment « un programme de formation peu développé par les établissements », ce qui a tendance à avantager les professions concurrentes.