Chamouchouane—Bout-de-l’Île - À l’aube d’un chantier complexe de 1,4 G$

16 septembre 2015
Par Marie Gagnon

Sillonnant un vaste territoire semé d’embûches, le chantier Chamouchouane—Bout-de-l’Île s’annonce complexe à bien des égards. Regard sur un projet où rien ne peut être laissé au hasard.

Considérée comme le plus important projet de transport d’électricité des 20 dernières années, la ligne à 735 kV de la Chamouchouane—Bout-de-l’Île reliera le réseau du nord-est du Québec à la boucle métropolitaine. Son principal objectif est de sécuriser l’approvisionnement en électricité du Grand Montréal et de contrer l’effet d’entonnoir engendré par la convergence, vers les postes Chamouchouane et Saguenay, de quatre lignes de transport provenant du nord et leur raccordement à trois lignes cheminant vers le sud.Transports du Québec au Saguenay.

 

Composantes du projet du chantier Chamouchouane—Bout-de-l’Île

 

Le projet, dont la valeur s’élève à 1,4 milliard de dollars, se décline en trois volets. D’abord, la construction d’une nouvelle ligne de transport à 735 kV de plus de 400 kilomètres, entre le poste de la Chamouchouane et la boucle métropolitaine de Montréal. Ensuite, la construction du poste Judith- Jasmin à Terrebonne, auquel sera raccordée la nouvelle ligne. Enfin, la construction d’un nouveau tronçon de ligne à 735 kV sur une longueur de 19 kilomètres afin d’alimenter le poste du Bout-de-l'Île, dans l'est de Montréal.

 

Des défis électrisants

Sur le plan technique, les défis s’annoncent aussi nombreux que colossaux. Le projet nécessitera en effet l’érection de 1 002 pylônes sur un immense territoire jalonné d’aires protégées, de lieux de villégiature, de zones d’exploitation forestière et de territoires de chasse et de pêche. Le tout sillonné par un immense bassin hydrographique et caractérisé par une topographie souvent impraticable.

 

La nouvelle ligne croisera en outre des lignes de haute tension existantes dont il faudra tenir compte afin de ne pas affecter l’alimentation des clientèles desservies par ces lignes. Dans les zones à forte densité urbaine, les infrastructures routières et ferroviaires, de même que la présence de gazoducs et d’oléoducs, viendront également compliquer la donne.

 

Pour relever ces défis, les ingénieurs d’Hydro- Québec ont mis de l’avant des solutions aussi pratiques qu’efficaces. Parmi celles-ci figure la conception de 10 nouveaux pylônes afin de répondre aux critères d’utilisation et de charges propres au projet. Cet exercice d’optimisation a permis, d’une part, de réduire la masse d’acier des pylônes et de leurs fondations et, d’autre part, d’abaisser les coûts liés à la quincaillerie et de simplifier l’assemblage et le montage in situ de ces structures allégées.

 

« Un des principaux enjeux associés à ce chantier, c’est son éloignement, souligne Christian Royer, un des ingénieurs responsables du projet de construction. La majeure partie des travaux sera réalisée en forêt, dans des territoires où il n’existe aucune couverture cellulaire. Pour assurer la sécurité des travailleurs au chantier et relayer les communications en général, on doit donc implanter un réseau de télécommunication temporaire sur une distance d’environ 300 kilomètres. »

 

Une logistique bien huilée

Toujours dans la partie nord du tracé, l’étendue du réseau de chemins forestiers mobilisera de nombreuses ressources, tant financières qu’humaines. En effet, pour assurer la logistique d’approvisionnement et permettre l’accès aux sites des travaux hiver comme été, ce vaste réseau devra être réaménagé, complété et entretenu pendant toute la durée du chantier. Afin de compenser les impacts négatifs du projet, tout le bois marchand provenant des activités de déboisement sera acheminé vers des scieries.

 

Dans la partie sud du tracé, le chantier se compliquera en raison de la densité urbaine et des nombreuses infrastructures de transport qui la parcourent mais, surtout, par la présence de la rivière des Prairies, dont la traversée nécessitera la construction de deux pylônes dans le lit de la rivière.

 

« L’accessibilité au site est très limitée en raison de contraintes techniques et environnementales, commente Martin Joseph, également ingénieur pour Hydro-Québec. En été, l’eau n’est pas assez profonde et en hiver, on est limité par les glaces. Il faut aussi se coordonner avec le trafic maritime. Finalement, les travaux seront condensés entre les mois de septembre et de novembre. Ils nécessiteront de plus l’aménagement d’un débarcadère temporaire et seront effectués à partir de barges. »

 

Lors de sa mise en service, la ligne à 735 kV de la Chamouchouane—Bout-de-l’Île sera l’une des plus efficaces de la société d’État. En plus de générer des retombées économiques évaluées à 1,1 milliard de dollars, l’ajout de cette nouvelle ligne viendra décupler la rentabilité du projet en réduisant les pertes de puissance occasionnées par les longues distances à parcourir. Selon les prévisions d’Hydro-Québec, le projet permettra de réaliser des économies équivalant à la consommation d’une ville comme Repentigny et, ainsi, s’autofinancer à long terme.

 

UN CALENDRIER MODULÉ
  • Déboisement des emprises : août 2015 à septembre 2016
  • Construction des lignes : octobre 2016 à octobre 2018
  • Agrandissement du poste Chamouchouane : août 2015 à octobre 2018
  • Modification du poste du Bout-de-l’Île : octobre 2016 à octobre 2018
  • Construction du poste Judith-Jasmin : octobre 2016 à décembre 2019

 


Cet article est tiré du Supplément thématique – Infrastructures et grands travaux 2015. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous !