Le futur centre aquatique de Rouyn-Noranda déjoue les éléments

Le centre aquatique Agnico Eagle, à Rouyn-Noranda, se concrétise enfin. La Ville souhaitait d’abord construire un complexe multisport, avec gymnases, terrains de soccer et de basketball, mais le projet a été scindé en deux. La priorité a été accordée au volet aquatique, parce qu’un bassin désuet existant a été fermé et parce que la configuration de la piscine du cégep, aussi en fin de vie, n’est pas conforme pour les compétitions de natation.

Avec une empreinte au sol de 2150 m², le futur bâtiment accueillera un bassin sportif d’une longueur de 25 m, découpé en six couloirs, ainsi qu’un deuxième bassin de 16,75 m destiné à la pratique d’activités récréatives. Le complexe sera érigé dans le secteur de la ville occupé par le cégep et l’université, un lieu assez central et bien desservi par une piste cyclable et le transport en commun.

Conception axée sur les caractéristiques régionales

Puisque le budget et les autorisations dataient d’avant la pandémie, et que les prix ont explosé depuis, beaucoup de travail a été effectué pour restreindre la largeur du bâtiment afin de réduire les coûts liés à la structure, et chaque pied carré a été maximisé. « Une des fiertés qu’on a, c’est que les professionnels ont travaillé vraiment fort pour n’avoir aucune mécanique apparente. Donc à part les grilles de ventilation, tout a été caché à l’intérieur des murs », mentionne Sonia Provencher, coordonnatrice de projets pour la Ville de Rouyn-Noranda.

Au chapitre du design, l’utilisation du bois — une ressource au cœur de l’économie locale — a été privilégiée, tant pour la structure que pour les panneaux perforés qui viendront masquer les panneaux acoustiques. Autres caractéristiques propres à l’Abitibi : des hivers qui s’éternisent et des lacs en grand nombre. Sonia Provencher explique que les concepteurs du bâtiment ont notamment voulu rappeler les lignes d’horizon d’un lac. « Quand on est dans le stationnement, on regarde à travers le centre aquatique et on voit tous les bassins. Quand il fait -40 et que tout le monde est découragé d’aller à ses cours, on trouvait ça intéressant d’avoir un visuel sur de l’eau qui n’est pas gelée en hiver. »

Elle ajoute que les architectes ont tout de même pensé à installer des panneaux de métal perforé devant les fenêtres pour éviter que le soleil se reflète sur la surface de l’eau et empêche les sauveteurs de bien voir ce qui se passe dans le bassin.

Solution de rechange aux pieux

Si certains attributs régionaux ont inspiré la conception, d’autres s’avèrent un défi en matière de construction. Le roc sur le site, très profond et de surcroît en forme de pointe, rend l’installation de pieux — la norme à Rouyn-Noranda — assez problématique. « L’ingénieur en structure nous a proposé une méthode qui se voit peut-être un petit peu plus dans le sud, mais pas en Abitibi. On fait la compaction des sols avec des colonnes à module contrôlé, de sorte qu’on est capable de se faire une structure de sol qui a une bonne capacité portante. Par conséquent, on peut faire une fondation pratiquement standard avec des murs de béton, puis des semelles de fondation », fait valoir Sonia Provencher. Elle avoue du même souffle ressentir une certaine nervosité devant cette nouveauté, mais avoir pleinement confiance en l’ingénieur.

Le lundi 12 mai marquait le début de travaux, avec la mobilisation du chantier. La Ville prévoit que l’entrepreneur livrera le centre aquatique à l’automne 2026, pour une ouverture au début de 2027, ou au printemps advenant des retards. Le coût total du projet s’élève à 35 M$, dont 16,2 M$ proviennent du Programme d’aide financière aux infrastructures récréatives et sportives (PAFIRS).

Équipe de projet

• Architecture et architecture de paysage : ABCP Architecture / Trame architecture + paysage
• Entrepreneur : Groupe Geyser
• Génie mécanique et électricité : GBI
• Génie civil : Ville de Rouyn-Noranda (département d’ingénierie)