Pont Champlain : une déconstruction aux méthodes novatrices

19 mai 2021
Par Marie Gagnon

Lancée à la mi-aout 2020 avec la démolition de la culée et des deux travées enjambant le boulevard René-Lévesque, à L’Île-des-Sœurs, la déconstruction du pont Champlain progresse.

À la suite de la mise en place, en octobre 2020, des jetées temporaires ayant servi au démantèlement des sections en rive à L’Île-des-Sœurs et du côté de Brossard, le reste de la structure, qui équivaut à 65 % de l’ensemble des travaux, sera démonté à partir de plateformes flottantes selon une séquence précise et au moyen de méthodes novatrices.

 

Lors d’une visioconférence diffusée en novembre, Simon Hébert, directeur de projet adjoint de Nouvel Horizon Saint-Laurent (NHSL), le consortium formé de Pomerleau et de Delsan-AIM qui a remporté le marché de 225,7 millions de dollars, a indiqué que les travaux ont été modulés en fonction des périodes de frai et de navigation sur la Voie maritime. Le chantier a ainsi débuté à la mi-aout avec la démolition sélective de l’approche Ouest à L’Île-des-Sœurs, étape complétée à la fin septembre. Il progresse depuis avec les travaux en rive, à mesure que prend forme la jetée temporaire.

 

Quant aux travaux en eau, ils seront effectués, à compter de 2021, à partir de barges-catamarans et toujours en suivant le même ordre. On retirera d’abord la glissière médiane, les services publics et les renforcements latéraux. Puis, un système de vérins hydrauliques soulèvera la travée découpée, lui fera subir une translation en amont pour enfin la déposer sur la barge. La barge sera ensuite déplacée à l’aide de treuils ancrés aux piles et la section, démolie. Les débris seront évacués par barges de transport.

 

La démolition des piles prendra les allures d’une véritable chaine de production. Un plancher flottant étanche sera d’abord installé autour de la pile, puis le chevêtre sera démoli et ensuite le fût. Un système de confinement sera ensuite mis en place pour permettre la déconstruction des fondations et un remblai complètera la séquence. « On a environ 24 mois d’activités prévues sur le fleuve pour l’ensemble des sections, mentionne Simon Hébert. Mais la portion la plus spectaculaire du projet, ça va être le retrait de la structure d’acier. »

 

Située au-dessus de la voie navigable, cette portion de l’ouvrage sera déconstruite selon une séquence inverse à sa construction d’origine. La travée suspendue, un monstre d’acier d’environ 2 200 tonnes, sera d’abord déposée sur une barge au moyen de vérins et de câbles. Ce sera ensuite au tour des approches d’être démantelées, puis des porte-à-faux. Ces éléments seront soutenus par des appuis temporaires durant leur désassemblage, puis descendus à l’aide de grues installées sur la jetée temporaire et la digue de la Voie maritime.

 

Jusqu’ici le chantier évolue par ailleurs comme prévu, si l’on exclut le retard attribuable à la pandémie. Dans le secteur de Brossard, l’aménagement de la jetée temporaire va bon train. Cette étape est réalisée en deux phases : d’abord la construction du remblai, ensuite son élargissement au printemps prochain. Du côté de L’Île-des-Sœurs, la jetée devait être complétée vers la fin de l’hiver et les travaux en rive, lancés en octobre, s’échelonneront sur neuf mois, soit jusqu’à l’été.

 

Pour ce qui est des travaux sur le fleuve, ils sont prévus de 2021 à 2023. Ils seront en partie réalisés en simultané avec la déconstruction de la portion métallique qui surplombe la Voie maritime, une étape qui doit s’amorcer en 2021 et prendre fin en 2022. La déconstruction se terminera par les piles en 2023 et la démobilisation des jetées en 2024. Le chantier se clôturera par l’aménagement des rives.

 

Cet article est paru dans l’édition du 6 mai 2021 du journal Constructo. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous.