Relance, construction et place des femmes

  • Fondée en 2010, Les Elles de la construction est un organisme sans but lucratif dont la mission est de promouvoir la place des femmes dans le secteur de la construction, et ce, à différents niveaux : entrepreneures, chargées de projet, femmes de métier, professionnelles et étudiantes.

16 juillet 2020 | Les Elles de la construction

La relance de l’économie est propulsée par l’industrie de la construction, la construction résidentielle ayant repris dès la mi-avril et l’ensemble du secteur début mai. De nombreux projets d’infrastructures publiques ont été lancés et les grands projets qui étaient en discussion ont été mis en œuvre brutalement. Les travailleurs de la construction ont repris leurs activités de façon précoce avec des règles sanitaires élaborées très rapidement.

Dans ce tourbillon, les femmes de l’industrie de la construction ont pris le virage comme tout le monde, mais avec quelques difficultés en plus. De façon générale, les hommes ont été 42,1 % à retrouver leurs emplois contre 24,6 % pour les femmes. Cette reprise différenciée est due en partie à l’insuffisance de places en garderie et à la diminution des camps de jour. Dans la majorité des ménages, c’est encore la femme qui assume la responsabilité des enfants, et ce phénomène s’est accentué dans le contexte actuel. Les femmes de la construction monoparentales ou celles qui partagent leur vie avec un autre parent travaillant dans la construction ont été dans l’obligation d’assumer le rôle de gardienne. Rappelons que la construction n’avait pas le droit aux garderies des travailleurs essentiels même si c’est elle qui relançait alors l’économie du Québec au plus fort de la crise.

 

Pourtant le secteur de la construction est actuellement en pénurie de main-d’œuvre. Les employeurs peinaient déjà à embaucher avant la crise et c’est encore plus difficile maintenant. Le manque de main-d’œuvre serait l’une de leurs préoccupations principales. Peut-être des postes à combler par des femmes. L’intérêt de celles-ci pour les métiers de la construction est grandissant, notamment les emplois pour la construction des infrastructures publiques. La présence croissante de femmes ingénieures est aussi à souligner. Les états d’esprit changent des deux côtés. Les hommes se sont habitués à voir de plus en plus de femmes sur les chantiers et dans des postes à responsabilités. Elles osent plus prendre leur place.

 

Les femmes entrepreneures sont également plus nombreuses qu’auparavant. Elles ont affronté la crise comme leurs homologues masculins et ont connu les mêmes difficultés et incertitudes. Néanmoins, lors de la relance, les femmes entrepreneures ont été défavorisées, par la minorité certes, mais aussi le manque de confiance dans l’entrepreneuriat féminin au sein de la construction, notamment à cause d’un manque d’accès au financement et au cautionnement. Un fait qui est aussi la réalité des petites entreprises. Cette situation déjà problématique avant la crise de la COVID-19 s’est accentuée et les femmes entrepreneures ont un accès inégalitaire sur le marché et les programmes de la relance. L’entrepreneuriat féminin souffre encore d’un manque de reconnaissance et de soutien.

 

Ainsi la crise a durement touché la construction comme le reste de l’économie et les travailleuses de cette industrie ont été rappelées à leur condition féminine ancestrale, dans laquelle elles demeurent responsables des enfants comme toutes les autres femmes. Pourtant la relance pourrait être pour elles une occasion d’effacer les inégalités inhérentes au secteur de la construction, notamment par l’entrepreneuriat féminin, à condition qu’on l’encourage un peu.