S’assurer une position concurrentielle avec des stratégies de croissance

14 décembre 2020
Par Marie Gagnon

Une stratégie de développement bien orchestrée vaut à Ali Excavation une place enviable dans le marché des travaux de voirie et de génie civil.

Toute entreprise est condamnée à croitre si elle ne veut pas disparaitre. Cette formule, si elle sonne un peu dramatique, a tout de même l’avantage d’être claire : pour assurer la croissance et la pérennité de son entreprise, mieux vaut saisir les occasions d’affaires lorsqu’elles se présentent. Sinon les créer soi-même en se donnant les moyens de ses ambitions. Faute de quoi, on risque de se faire coiffer au poteau par la concurrence.

 

Cette formule, Ali Excavation en a fait son mantra. Du moins depuis 2013, année où Marc-André Loiselle, Simon Loiselle et Jean-François Beaulieu, tous trois ingénieurs civils, ont repris les rênes de l’entreprise fondée en 1942 par Arthur Loiselle. Et les résultats ne se sont pas fait attendre. En jouant de diverses stratégies de croissance, l’entreprise spécialisée en voirie et génie civil a vu ses revenus d’exploitation croitre de 30 millions de dollars (M$) en cinq ans, passant de 35 M$ en 2015 à 65 M$ en 2019.

 

Vision constructive

Une bonne performance que le président actuel d’Ali Excavation, Marc-André Loiselle, attribue tout d’abord à l’arrivée d’une nouvelle équipe à la tête de l’entreprise. « En partant, on avait une vision différente de celle de nos prédécesseurs : on ne voulait pas juste faire du volume, on voulait aussi sélectionner des projets intéressants pour nous démarquer en termes d’innovation et de qualité d’exécution, confie-t-il.

 

Marc-André Loiselle, président d’Ali Excavation. Photo : Patrick Palmer

 

« Pour y arriver, on a commencé par miser sur une croissance organique, c’est-à-dire en embauchant des ingénieurs civils pour augmenter notre savoir-faire. Notre plan a fonctionné. Présentement, on est 13 ingénieurs civils. L’an prochain, on sera 14 et on cherche déjà le quinzième. Il faut dire que l’actionnariat est jeune, avec une moyenne d’âge autour de 40 ans, et que l’entreprise a bonne réputation. C’est attractif pour la relève. »

 

Il ajoute que cette arrivée de sang frais, même si elle a causé une légère fracture générationnelle au sein de ses troupes, donne lieu à de fructueux échanges de savoir, tout en créant de fortes synergies entre les jeunes et les moins jeunes. Des synergies qui mènent souvent à des solutions innovantes et qui profitent autant à Ali Excavation qu’à ses clients.

 

Marc-André Loiselle signale au passage que l’obtention, en 2016, de l’accréditation de l’Autorité des marchés financiers (AMF) a également contribué à propulser Ali Excavation à l’avant-scène de son marché en lui donnant accès à des projets toujours plus ambitieux. Cette autorisation, faut-il le rappeler, est exigée depuis 2015 de toute organisation qui désire contracter un marché public d’un montant supérieur à 5 M$.

 

Démonstration pratique

Son autorisation en poche, l’entreprise de Valleyfield a pu démontrer son savoir-faire à travers des mandats comme l’excavation du Complexe des sciences de l’Université de Montréal en 2016 (5 M$), la réhabilitation de l’infrastructure souterraine du pôle institutionnel de Valleyfield en 2017 (8 M$), la réfection du boulevard Gouin à Montréal en 2019 (9 M$) et, cette année, la mise à niveau de l’infrastructure sanitaire du secteur de la Gare à Vaudreuil-Dorion (13,5 M$).

 

« En pavage, on va chercher de plus en plus de contrats de deux millions et plus, révèle Marc-André Loiselle. On a fait entre autres un contrat de cinq millions pour le REM à Brossard et un de deux millions sur l’autoroute 20 pour le MTQ. Pour garnir un carnet de pavage, ça prend beaucoup de contrats, mais aussi beaucoup d’asphalte. Nous, on possède notre propre usine d’asphalte depuis 1985. Ça sécurise notre approvisionnement et ça assure aussi notre autonomie et notre indépendance dans le marché. »

 

Pleine autonomie

Cette volonté, les dirigeants d’Ali Excavation lui ont donné un nouveau souffle, en juin dernier, en acquérant les Carrières Sylvio Galipeau au terme de 15 mois de pourparlers. Cette acquisition stratégique, qui est l’aboutissement d’une relation d’affaires de plus de 30 ans, garantira désormais à l’entreprise un contrôle sur ses approvisionnements en agrégats.

 

Puis, en octobre dernier, c’est au tour de Pearson Pelletier, une entreprise montérégienne qui a fait sa marque dans les trottoirs et les bordures de béton, d’entrer dans le giron d’Ali Excavation. L’entreprise de Sainte-Catherine profitera de l’expansion d’Ali Excavation dans la couronne nord – elle en partagera d’ailleurs les installations de Saint- Jérôme –, pour s’y faire une niche en offrant des services de bétonnage aux entrepreneurs de la région.

 

Avec ces récentes acquisitions, les effectifs du groupe sont passés de 225 à plus de 300 employés. Dont environ 200 salariés de la construction et une cinquantaine de gestionnaires, en incluant la haute direction, les surintendants, les contremaitres et les chargés de projet. Quant aux revenus d’exploitation, ils devraient franchir le cap des 100 millions de dollars au terme de 2020.

 

Innovation en tête

« Aujourd’hui, notre principale stratégie de croissance, c’est l’acquisition de partenaires ou de compétiteurs, indique Marc-André Loiselle. D’abord parce que ça nous permet d’atteindre nos objectifs de développement et de créer des synergies entre nos différentes entités : Pearson Pelletier apporte des contrats à Ali et vice-versa. Ensuite parce qu’on veut devenir une entité autonome à 100 pour cent. On veut atteindre un niveau supérieur et être libres d’innover comme bon nous semble. »

 

L’innovation est en effet le troisième pilier de la croissance d’Ali Excavation. Dès 2017, elle faisait ses premières armes dans le planage et la pulvérisation d’asphalte, deux techniques novatrices qui contribuent à préserver les ressources. Puis, en 2013, elle entrait de plain-pied dans le marché du recyclage à froid en s’équipant d’un train routier allemand. « Mais c’est difficile de convaincre le MTQ d’appliquer cette technologie à l’ensemble du territoire, déplore Marc-André Loiselle.

 

« Pourtant, cette approche a fait ses preuves, elle va jusqu’à doubler la durée de vie des chaussées, ajoute-t-il. Il est temps de faire évoluer la science des chaussées et de faire les choses autrement pour donner des routes durables au Québec. Et on pousse pour que cette méthode soit mieux connue. C’est d’ailleurs ça la ligne de pensée d’Ali Excavation : innover mais dans la durabilité. »

 

DIVERSIFIER, LE MOT CLÉ

Au sein d’Ali Excavation, la croissance passe aussi par la diversification des activités. À preuve, l’entreprise de Valleyfield vient de s’équiper pour le déneigement afin d’honorer deux contrats, l’un de 7,5 M$ sur cinq ans à Saint-Lazare-de-Vaudreuil, l’autre de 5,5 M$ sur trois ans à Valleyfield. « On offre plusieurs services complémentaires, comme la signalisation, l’installation de chantier et la conception de plans de contournement, souligne Marc-André Loiselle.

« Mais notre prochain défi, ce sera de développer des partenariats, tantôt avec des sous-traitants, tantôt avec des compétiteurs, indique-t-il. En fait, l’idée est de laisser de côté les rivalités et de créer des alliances pour poursuivre notre croissance, mais aussi pour conserver notre expertise et faire face à la concurrence étrangère. »