COVID-19 : des outils en évolution pour assurer la sécurité sur les chantiers

7 octobre 2020
Par Marie Gagnon

Un guide a été élaboré pour assurer la reprise sécuritaire des activités au chantier. Loin d’être statique, il évolue au rythme des connaissances sur la COVID-19. 

Dans le branle-bas qui a précédé la fermeture des chantiers, le ministre du Travail du Québec confiait à la Commission des normes, de l’équité et de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) le soin de former un groupe de travail afin de répondre aux préoccupations du secteur de la construction concernant la COVID-19. Baptisé Comité tactique CNESST – Chantiers COVID-19, ce groupe a pour tâche de cerner les problématiques propres au secteur et de déterminer les meilleurs moyens de prévention en vue d’une reprise sécuritaire des activités.

 

Louis Genest, directeur du génie-conseil à la direction générale de la gouvernance et du conseil stratégique en prévention de la CNESST - Photo : Gracieuseté

 

Chapeauté par Louis Genest, directeur du génie-conseil à la direction générale de la gouvernance et du conseil stratégique en prévention de la CNESST, et réunissant des représentants de la Direction de la santé publique et des associations patronales et syndicales du milieu de la construction, ce comité ad hoc se réunit, par téléphone, à raison de deux après-midis par semaine jusqu’à la production, au retour des vacances de Pâques, d’un premier guide qui sera diffusé le 28 avril 2020.

 

Une genèse historique

« On était tous un peu néophytes, rappelle Louis Genest. On est donc partis de la foire aux questions élaborée par la CNESST, qui contenait alors une dizaine de questions et réponses, dont une ou deux spécifiques au secteur de la construction, et des mesures d’hygiène recommandées par la Santé publique, comme se laver les mains, tousser dans son coude et jeter son papier-mouchoir à la poubelle. »

 

Il précise qu’au départ le guide de prévention devait prendre la forme d’une foire aux questions. Mais les membres du comité ont insisté pour que soit développé un guide énumérant, point par point, les mesures à mettre en place pour protéger la santé des travailleurs au chantier. La première étape consiste donc à élaborer la structure du futur Guide de normes sanitaires en milieu de travail pour le secteur de la construction – COVID-19. Viendront ensuite la grille de vérification quotidienne, puis l’affiche rappelant les responsabilités de chacun dans la prévention de la propagation de la maladie.

 

« On a été les premiers, parmi toutes les industries, à produire un guide pour notre secteur, signale Louis Genest. Ce n’est qu’après la publication de notre guide que les autres secteurs industriels ont voulu la même chose et qu’ils ont emboité le pas. De plus, tout au long du processus, on a alimenté la Santé publique en relayant, entre autres, les préoccupations des gens sur le terrain. Elle s’est d’ailleurs servie des travaux du comité pour élaborer certaines recommandations. On est très fiers du travail accompli. »

 

Une tâche complexe

Et avec raison, car la tâche était tout sauf aisée. Le 11 mars dernier, lorsque l’Organisation mondiale de la santé (OMS) déclare l’état de pandémie, la planète entière se retrouve face à l’inconnu. Ou plutôt face à une inconnue. À ce moment, on ne sait que très peu de choses de la COVID-19. Quelle est sa dangerosité ? Quels en sont les symptômes ? Comment se transmet-elle ? Comment s’en prémunir ? Autant de questions qui, si elles ont trouvé réponse à ce jour, confondent les membres du comité qui sont appelés à concevoir un guide simple et ne laissant place à aucune interprétation.

 

Simon Guay, inspecteur à la CNESST. Photo : CNESST

 

Malgré sa transparence, sa mise en application connait d’ailleurs quelques ratés dans les semaines qui suivent la réouverture des chantiers résidentiels. Selon un article du Devoir publié le 3 juillet dernier, la CNESST a enregistré, pour le seul secteur construction, 459 plaintes liées à la COVID-19 entre le 12 mars et le 17 juin derniers. « Au début, il y a eu un peu de flottement et les gens étaient anxieux, convient Simon Guay, inspecteur à la CNESST. On a donc mis plus de gens sur le terrain, pas seulement pour vérifier si les mesures étaient bien appliquées, mais aussi pour donner de l’information. »

 

Il rappelle du même souffle que l’employeur qui contrevient aux nouvelles règles sanitaires s’expose à un constat d’infraction et, éventuellement, à la fermeture de son chantier en vertu de la Loi sur la santé et la sécurité du travail (LSST). Ainsi qu’à des amendes allant de 3 000 à 45 000 dollars. « Quand une non-conformité est constatée, on demande à l’employeur d’apporter les correctifs nécessaires. Si la situation est corrigée, on n’entamera pas d’autres procédures. Et jusqu’ici, à ma connaissance, on n’a émis aucun constat d’infraction.

 

Un guide évolutif

Heureusement, car le Guide de normes sanitaires en milieu de travail pour le secteurde la construction – COVID-19 évolue à mesure que les connaissances sur le nouveau coronavirus s’affinent. Sa première mise à jour, diffusée le 16 juillet 2020, apporte des précisions sur le transport des travailleurs et le port du couvre-visage. « Dans la première version du guide, le port de la visière était accepté, mentionne Louis Genest. Dans la deuxième version, on préconise plutôt le masque médical, jugé plus efficace par la Santé publique.

 

« Mais le port du masque ne dispense pas l’employeur de ses obligations légales, ajoute-t-il. Il doit avant tout respecter l’esprit de la loi, qui veut que le danger soit d’abord éliminé à la source. Autrement dit, il doit changer ses méthodes de travail et ses façons de faire afin que la distanciation physique de deux mètres soit respectée. Si la règle des deux mètres ne peut pas être appliquée, alors le masque médical et, en tout dernier recours la visière, sont acceptés. »

 

Louis Genest précise qu’une nouvelle mise à jour du guide est prévue à l’automne, mais refuse d’en divulguer la teneur. « Le comité poursuit ses travaux, dit-il. Tout est fait pour éviter les grosses éclosions et une nouvelle fermeture du secteur. Jusqu’ici, les employeurs ont bien collaboré et mis en place les mesures nécessaires. Et à ce jour, aucun chantier n’a été contraint de fermer. C’est ce qui compte. »

 

PARTOUT AVEC MA TROUSSE

Ma trousse CNESST est une application mobile évolutive qui permet, en quelques clics, de consulter diverses fiches de prévention et listes de vérification quotidienne pour éviter la propagation de la COVID-19 au chantier. On la télécharge gratuitement sur Google Play ou App Store.

 

LE PORT DU MASQUE : MYTHE ET RÉALITÉ

Non, les masques n’empêchent pas l’oxygène de passer, titre le Détecteur derumeurs dans un billet du 8 juillet 2020. Certains anti-masques ont en effet avancé que le port d’un couvre-visage représenterait un risque grave pour la santé en diminuant le taux d’oxygène sanguin et en exposant à des niveaux excessifs de dioxyde de carbone (CO2).
Une affirmation que le Détecteur de rumeurs déboulonne en renvoyant à diverses études scientifiques réalisées au fil des décennies. Il ressort de ces études que le masque n’empêche pas l’air de passer. Bien au contraire : la molécule d’oxygène est suffisamment petite pour passer à travers les mailles du filet. Ce qui n’est pas le cas pour les gouttelettes qui peuvent véhiculer des virus et qui, à l’échelle microscopique, sont beaucoup plus grosses qu’une molécule d’oxygène ou de CO2.

 


Cet article est tiré du Supplément thématique – Santé et sécurité 2020. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous !