Les TIC gagnent du terrain... grâce à la COVID

7 octobre 2020
Par Jean Garon

La crise sanitaire de la COVID-19 a transformé l’organisation du travail dans l’industrie de la construction, notamment par l’usage accru des technologies de l’information et de la communication (TIC).

Télétravail, géolocalisation des employés, gestion des horaires de travail et des projets à distance, plateformes numériques de collaboration, médias sociaux; autant de champs d’application que les entreprises de construction apprennent à apprivoiser depuis les derniers mois. Un apprentissage qui se fait bien évidemment selon la taille et les besoins de l’entreprise.

 

Certaines vont même plus loin en testant de nouvelles façons de faire, que l’on pense aux robots sur les chantiers qui envoient des images de l’évolution des travaux aux gestionnaires cantonnés en télétravail, ou à la conception d’hôpitaux temporaires grâce à l’apport de la construction modulaire et d’éléments préfabriqués en usine. Mais avant même de penser à la façon dont les chantiers peuvent être améliorés, il faut assurer la santé des travailleurs qui s’y présentent chaque jour.

 

Un contexte favorable

Car pour bon nombre d’entrepreneurs, la transition technologique s’est d’abord amorcée par l’implantation d’un formulaire permettant de valider l’état de santé de chaque travailleur avant son entrée au chantier, une mesure suggérée par la Commission de normalisation, de l’équité, dela santé et de la sécurité du travail (CNESST), à la suite du déconfinement du printemps dernier.

 

Afin de soulager les gestionnaires d’une tâche supplémentaire dont ils pouvaient aisément se passer, des fournisseurs de solutions informatiques ont saisi la balle au bond afin de développer des applications numériques.

 

Pour en finir avec la paperasse

Des compagnies comme Mobile-Punch, Maestro en collaboration avec Spiria et Oriso, ou encore la Mutuelle de prévention des PME avec VisionÈre, proposent en ce sens des alternatives numériques pour le fameux formulaire COVID. Il s’agit d’un document électronique de trois questions permettant de savoir si le travailleur a des symptômes spécifiques au virus, s’il a été en contact avec une personne infectée ou testée positive et s’il a voyagé depuis quatorze jours.

 

Ces applications sont offertes gratuitement aux entreprises clientes régulières ou à peu de frais pour les autres. Il suffit de télécharger l’application sur un téléphone mobile et d’enregistrer une fiche pour chaque travailleur en lui assignant un identifiant d’accès et un mot de passe.

 

Michel Tremblay, président de la Mutuelle de prévention des PME au Saguenay - Photo : Shana Hrynowiecki

 

« Une tablette à essuyer après chaque usage pourrait aussi être fournie au chantier en l’absence de téléphones mobiles disponibles pour les employés, afin de collecter les données de leur formulaire santé, suggère Michel Tremblay, président de la Mutuelle de préventiondes PME au Saguenay. À la limite, un simple code QR (Quick Response Code) pourrait enregistrer automatiquement la fiche santé quotidienne de chaque employé en présentant leur portable devant l’écran d’identification du formulaire, sans aucun contact physique. »

 

Des résultats probants

Pour l’heure, ces technologies mobiles s’avèrent plutôt populaires. À titre d’exemple, entre 5 000 et 6 000 travailleurs utilisent le formulaire santé de Mobile-Punch, suivant leur activité sur les chantiers. En tout, plus de 300 000 formulaires auraient été remplis jusqu’ici. Et les réponses des employés sont toujours sauvegardées dans l’infonuagique. « On a même ajouté une quatrième question au formulaire s’adressant aux sous-traitants, qui leur demande s’ils veulent envoyer les formulaires remplis à l’entrepreneur général », souligne Jérôme Guay, président de Mobile-Punch.

 

Jérôme Guay, président de Mobile-Punch - Photo : Guy Morel – Le Photographe

 

Jean-François Langevin, président d’Ascenseurs Altitude et utilisateur du formulaire santé développé par Mobile-Punch, a profité de l’occasion pour aller encore plus loin dans la transformation numérique de son entreprise, notamment pour ce qui est des appels de service, de la géolocalisation des employés et de la remise de la feuille de temps pour la paie. Il s’apprête d’ailleurs à faire un pas de plus en octobre prochain. « Il est prévu de faire migrer nos opérations vers la plateforme Microsoft Dynamics 365, une solution de gestion intégrée pour entreprise. Celle-ci remplacera des outils disparates et utilisés pour la gestion de projet, la comptabilité, la gestion des ressources humaines et des relations avec la clientèle », explique-t-il.

 

Une pause salutaire ?

La solution abordable du formulaire santé électronique a été acceptée plus facilement par les entrepreneurs parce qu’elle leur permet d’épargner de l’argent, mais surtout de préserver leur capital humain. Même si l’intention est noble, d’autres bénéfices, que l’on pense seulement aux gains en efficacité et en couts, ne sont pas à négliger lorsqu’une entreprise décide d’aller de l’avant avec l’implantation de nouvelles technologies.

 

Même s’il restera toujours d’irréductibles Gaulois, la pandémie viendra bousculer le statu quo et poussera sans doute les dinosaures au bord du précipice. Les « j’ai toujours fonctionné comme ça » devraient donc se faire de plus en plus rares et les remises en question seront beaucoup plus fréquentes. À bien des égards, la COVID-19 aura été perçue comme un obstacle au développement des entreprises, si l’on ne regarde que les impacts financiers. Cependant, elle aura permis d’agir comme un accélérateur de la transformation numérique et aura servi de temps d’arrêt pour mieux se repositionner…pour une meilleure santé économique.

 

SE SERRER LES COUDES

L’ACQ-Québec et plusieurs autres associations affiliées du réseau ACQ ont développé en mai dernier, conjointement avec trois entreprises issues du domaine des technologies (Maestro, Spiria, Oriso), la plateforme Sentinel. Répondant aux exigences des autorités de la santé publique du Québec, ce questionnaire en ligne, que l’on peut remplir à l’aide de son téléphone intelligent, de sa tablette ou de son ordinateur, vise à détecter les possibles symptômes de la COVID-19 auprès des travailleurs de l’industrie de la construction. Les données sont ensuite dirigées en temps réel vers l’employeur et ensuite compilées dans le but d’assurer une vigie.

 


Cet article est tiré du Supplément thématique – Santé et sécurité 2020. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous !