La communication, cet outil essentiel pour assurer la sécurité sur les chantiers

29 septembre 2021
Par Aurélie Beaupré

Qu’il soit grand ou plus petit, tout chantier doit être planifié. Chacun d’entre eux, peu importe leur envergure, comporte effectivement des risques qui doivent absolument être écartés. Pour ce faire, une bonne communication entre tous les acteurs oeuvrant sur un projet est nécessaire.

La planification de tous les travaux à exécuter pour mener à bien un projet doit d’ailleurs être réalisée le plus tôt possible. Les premières étapes ont lieu avant même le début des travaux, soit l’évaluation des caractéristiques du chantier, le choix des méthodes de travail et des équipements ainsi que l’identification de tous les risques potentiels pour la santé et la sécurité des travailleurs. La mise en place des moyens pour éliminer les risques peut ensuite être entreprise.

 

Un processus continu

La planification nécessite cependant des ajustements tout au long des travaux, puisque des changements peuvent survenir à tout moment. « Il faut constamment revoir ce qu’on a planifié, au cas où il y aurait de nouveaux éléments à considérer ou des choses qu’on n’aurait pas vues. Il est important de faire une analyse sécuritaire des tâches, et ce toutes les semaines idéalement et, dans certains cas, tous les jours », souligne Benoit Bergeron, conseiller principal en santé et sécurité du travail et mutuelles de prévention à l’Association de la construction du Québec (ACQ). Une vision à long terme permet ainsi d’anticiper les besoins et de réduire les moments d’improvisation.

 

Benoit Bergeron, conseiller principal en santé et sécurité du travail et mutuelles de  prévention à l’Association de la construction du Québec (ACQ). Crédit : Léane Côté

 

Bien qu’il soit possible de planifier les travaux à distance, le conseiller en santé et sécurité encourage le travail de terrain : « En allant sur le chantier, c’est plus facile de voir et de comprendre les attentes de tout le monde. En télétravail, on ne voit pas tout. Par exemple, le poteau d’une ligne électrique peut avoir été déplacé de trois mètres, mais ça n’apparait pas sur le plan. C’est donc important d’aller constater physiquement l’état des lieux ».

 

Réduire les risques en maximisant les avantages

Car les risques sur un chantier mal planifié ne sont pas moindres : « Un chantier de construction, c’est très vivant. Beaucoup de véhicules circulent, donc il y a des risques de se faire heurter par ceux-ci ou de se faire écraser entre deux charges. Lors de travaux d’excavation, on peut se faire ensevelir. Les lignes électriques engendrent des risques d’électrocution et d’électrisation. Il y a aussi des risques de chutes de haut niveau ou de plain-pied. Et j’en passe ! », observe Benoit Bergeron. La Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) souligne effectivement que les accidents liés à la manutention manuelle et aux chutes sont fréquents, notamment en raison de la présence et de la circulation de plusieurs travailleurs mal planifiées.

 

Les avantages ne concernent cependant pas uniquement la santé et la sécurité des travailleurs. Une planification efficace peut effectivement engendrer des économies de temps… et d’argent. « Les avantages d’avoir un chantier bien planifié, c’est d’éviter les incidents, mais aussi d’augmenter l’efficacité. En planifiant un chantier, on évite l’arrêt des travaux par les inspecteurs de la CNESST. Les conséquences monétaires d’un arrêt de travaux sont beaucoup plus grandes que celles liées à la planification », note le conseiller.

 

Une responsabilité partagée

La responsabilité quant à la sécurité n’appartient d’ailleurs pas uniquement aux travailleurs ou aux employeurs : elle est partagée par chacune des équipes participant à la réalisation d’un projet. Une planification efficace est donc réalisée de manière collaborative. Cela permet, par exemple, d’obtenir des informations concrètes sur l’exécution des travaux en temps réel, d’identifier les contraintes, de déterminer les conditions nécessaires à la bonne réalisation des tâches, de responsabiliser chaque intervenant impliqué, d’ajuster les tâches en fonction des différents acteurs et d’améliorer la communication entre les acteurs au quotidien. « Les comités de sécurité sont intéressants. C’est souvent là qu’il y a des idées de mesures de prévention qui devraient être mises en place, souligne Benoit Bergeron. Ça crée un échange entre les travailleurs et ceux qui coordonnent les travaux, ça permet d’avoir un portrait plus large. »

 

Les travailleurs représentent d’autant plus des ressources importantes pour identifier certains risques ayant été omis par les autres membres de l’équipe : « Ils sont les premiers à être confrontés au danger et peuvent voir des choses qu’on n’a peut-être pas vues pendant la planification des travaux ». La gestion du risque n’est donc pas uniquement issue de calculs méthodiques, mais aussi de l’expérience de terrain.

 

Toujours essentielle, la communication

Qu’on se le tienne pour dit : une bonne communication demeure indispensable dans le domaine de la construction. Comme plusieurs acteurs sont impliqués lors de la planification du chantier, une communication efficace entre toutes les parties est de mise. Pour y arriver, Benoit Bergeron privilégie la communication en face-à-face : « Différents comités existent pour discuter de l’avancement des travaux. On peut évidemment en discuter par courriel, mais c’est toujours plus facile de planifier en personne pour s’assurer que tout le monde se comprend ».

 

Celui-ci remarque d’ailleurs que la communication est souvent en cause dans plusieurs accidents : « Le message ne se fait pas toujours bien entre tous les acteurs sur le chantier. C’est ce qu’on observe souvent dans les échanges d’enquêtes d’accident : la mauvaise compréhension d’un plan ou d’une procédure de travail. La communication est souvent rappelée à l’ordre par nos instances ». Une bonne planification, comme une bonne communication, permettra donc de réduire les risques sur un chantier et d’en maximiser l’efficacité.