Design architectural et mission médicale vont de pair à l’Hôpital Fleurimont

5 avril 2021
Par Marie Gagnon

Le futur Centre mère-enfant et urgence (CMEU) du Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke (CHUS) facilitera la circulation des usagers tout en limitant la propagation des agents infectieux.

Depuis plusieurs années déjà, l’Hôpital Fleurimont – l’une des deux constituantes du CHUS –, est confronté à une hausse constante de son achalandage. Notamment en matière de soins prodigués aux mères et aux enfants, qui monopolisent à eux seuls 30 % des activités de l’établissement. Cette demande croissante, conjuguée à des installations vétustes, justifie aujourd’hui l’agrandissement et le réaménagement de l’hôpital, dont la mise en service date des années 1960.

 

Le projet, qui nécessite un investissement total de 328,8 millions de dollars, comporte cependant plus d’un volet. D’abord un volet principal, qui se résume essentiellement en l’aménagement du nouveau centre mère-enfant ainsi qu’en l’agrandissement et en la consolidation des urgences. Ensuite des volets secondaires, qui concernent entre autres la création d’une nouvelle entrée pour l’hôpital, la bonification des services de soutien logistique, la construction d’un stationnement souterrain, de même que celle d’un bâtiment indépendant pour les génératrices auxiliaires.

 

Au final, quelque 35 000 mètres carrés (m2) seront ajoutés à l’Hôpital Fleurimont, dont la grande majorité sera affectée à la néonatalogie et aux soins d’urgence. Ces services de pointe seront groupés dans le futur CMEU, un bâtiment de cinq niveaux qui viendra se greffer au corps principal sur son flanc ouest. Mais pas n’importe comment. Plusieurs critères d’aménagement ont guidé la conception de cet imposant ajout. Dont la planification de circulations intuitives et une organisation efficace des espaces de manière à optimiser la prestation des services aux usagers.

 

Un travail d’équipe

Pour ce faire, des groupes de travail constitués d’usagers et de personnels hospitaliers – médecins, infirmières, préposés, agents administratifs – ont été formés en 2019 afin de cerner les besoins des différents services hospitaliers et d’y répondre de façon adéquate. « Ces groupes ont participé à une vingtaine d’ateliers de simulation visant à concevoir les nouveaux espaces de travail et à définir l’organisation des lieux, commente Nadia Mathieu, conseillère en gestion de projet pour le CMEU. Par exemple, pour faciliter l’accès des poussettes au centre, on a prévu des portes tournantes et des stationnements réservés aux familles. »

 

Nadia Mathieu, conseillère en gestion de projet pour le CMEU. Photo : Gracieuseté

 

Elle ajoute que le futur centre misera par ailleurs sur une signalisation efficace, basée sur des repères visuels clairs. Dans le même esprit, les équipes cliniques ont été sondées afin d’optimiser les postes des infirmières et de minimiser les pertes de temps. « On a appliqué les principes du Lean Management pour définir des processus de travail plus efficaces, précise-t-elle. Que ce soit pour les activités cliniques ou pour le matériel médical, chaque personne et chaque équipement occupera la place idéale. »

 

Des stratégies adaptées

Dans la foulée de ces simulations de groupe, de nouvelles stratégies visant à limiter la propagation des infections nosocomiales, à savoir les maladies contractées à l’hôpital et non directement liées à l’affection qui a mené à l’hospitalisation d’un patient, feront leur apparition aux urgences. Dont des salles d’observation individuelles et cloisonnées de murs. COVID-19 oblige, chaque unité de soins du CMEU sera désormais cohortée, c’est-à-dire que les mêmes pathologies seront groupées dans un même secteur, et dotée d’une ventilation indépendante de manière à prévenir la propagation des infections.

 

Pour satisfaire à cette exigence nouvelle, des ajustements ont dû toutefois être effectués sur les systèmes mécaniques. « Sur le plan de la conception, ça représente un défi, car les ingénieurs doivent refaire leurs calculs, mentionne Nelson Ruel, directeur exécutif de projet pour la Société québécoise des infrastructures (SQI). On parle d’ajustements mineurs et on est encore à l’étape où c’est possible de réajuster les systèmes. Par contre, comme on est en fast track, on doit accélérer la conception pour que le design soit accepté rapidement et qu’on puisse sortir les lots de construction au plus tôt. »

 

Il signale à cet effet que le recours au BIM a été préconisé, tant en matière de conception que de construction. « Pour les professionnels, c’est une exigence contractuelle, soulignet- il. La SQI l’exige de plus en plus dans le cadre de ses grands projets d’infrastructure. Certains lots de construction, surtout en électro-mécanique, seront réalisés au moyen de la maquette numérique. Ça favorise une meilleure coordination en amont entre les intervenants et un meilleur contrôle de la qualité dans la chaine de production. »

 

Une efficacité assurée

Comme tout projet d’envergure porté par la SQI, le nouveau CMEU, qui portera le nom de Pavillon Enfant Soleil, sera marqué du sceau LEED v4. Il est cependant trop tôt pour connaitre le niveau visé et les interventions prévues en ce sens. Une chose est certaine, le bâtiment sera très efficace sur le plan énergétique, tant en matière d’enveloppe que d’équipements mécaniques et d’appareils d’éclairage. Sur ce dernier point, Nadia Mathieu signale la part prépondérante accordée à la lumière naturelle. Le centre sera en effet percé de plusieurs ouvertures, offrant de ce fait de nombreuses vues vers l’extérieur, et la lumière pénétrera dans les différents locaux grâce à des bandeaux vitrés installés dans la partie supérieure des cloisons intérieures.

 

Enfin, comme le projet doit être livré à la fin de 2023, pour une occupation prévue à l’été 2024, des travaux préparatoires ont été réalisés en 2018 et en 2019 afin d’accélérer le processus. Parmi ceux-ci, on note la construction d’un bassin de rétention, la préparation du site en vue de l’agrandissement du stationnement des visiteurs et le réaménagement des urgences. Quant aux travaux d’agrandissement et de réaménagement, leur coup d’envoi a été donné en janvier dernier, avec la publication des cinq premiers lots de construction.

 

Une prochaine vague d’appels d’offres est prévue au début d’avril. En tout, quelque 50 lots de construction sont prévus et ils seront administrés par Construction TEQ. De plus, pour mener à bien cet imposant projet, la SQI s’est également adjoint les services de Jodoin Lamarre Pratte/Yelle Maillé/Jubinville, architectes en consortium, des firmes en mécanique et en électricité de CIMA + et de Bouthillette Parizeau, et des professionnels en génie civil et structure de CIMA + et de SDK.

 

CINQ CRITÈRES QUI ONT GUIDÉ LA CONCEPTION DU CMEU
  1. Une lumière naturelle abondante
  2. Un espace d’accueil vaste et chaleureux
  3. Une signalisation facilitant l’orientation et le repérage
  4. Le regroupement de fonctions, de services et de secteurs similaires
  5. L’élaboration d’un vocabulaire architectural en harmonie avec l’existant