23 juillet 2014

Protéger ses travailleurs sur un chantier à dangerosité élevée exige une planification sécuritaire hors de l’ordinaire. Comme sur celui du quai multiusager du port du Sept-Îles.

Par Rénald Fortier

 

À l’automne 2012, le Port de Sept-Îles donne le coup d’envoi de la construction d’un quai multiusager qui lui permettra de se hisser au rang des plus importants lieux d’expédition de minerai de fer dans le monde, augmentant sa capacité annuelle de 50 millions de tonnes au passage. Un projet de 220 millions de dollars qui inclut un quai en eaux profondes d’une longueur de 400 mètres et 21 mètres de large, ainsi que d’une structure d’approche de 560 mètres de long sur 15 mètres de large.

 

Les deux structures seront composées d’un tablier de béton et de plus de 230 poutres préfabriquées reposant sur des chevêtres reliés par des longerons, également en béton ; des chevêtres qui seront supportés par plus de 130 pieux caissons droits et inclinés – 55 mètres de long en moyenne – ancrés au roc. Des ouvrages d'envergure peu communs.

 

Ce projet maritime est non seulement le plus important du genre au Canada, mais aussi à l’échelle nord-américaine. Et il enjoint à Pomerleau, l’entrepreneur chargé de réaliser le plus gros des ouvrages, de relever de grands défis tant sur les plans technique que logistique. En raison de l’envergure et de la particularité des installations à construire, certes, mais aussi de la complexité qu’amène l’exécution de travaux sur l’eau. De surcroît dans des conditions climatiques souvent rigoureuses.

 

Autant de dimensions singulières qui renvoient tout de go à un autre enjeu crucial : la santé et la sécurité des travailleurs, qui seront près de 300 à oeuvrer sur le chantier en période de pointe. Au premier chef parce que les risques de chute de plus de trois mètres sont omniprésents, les travaux devant être exécutés à partir de barges et de structures d’acier sur pieux temporaires.

 

Des risques de chute à la fois en hauteur et dans l’eau, donc. Et c’est sans oublier les dangers associés aux opérations de levage -- à partir des barges notamment -- des pieux caissons, les plus gros faisant 1,8 mètre de diamètre et pesant plus de 60 tonnes.

 

« C’est un projet qui posait un défi colossal sur le plan de la santé et de la sécurité des travailleurs, tant la dangerosité était élevée sur le chantier », indique Jean-Marc Simard, directeur de la santé et sécurité et des relations de travail chez Pomerleau, qui en a même fait une affaire personnelle en se rendant régulièrement sur les lieux pour s’assurer du respect de l’application du plan stratégique élaboré par l’entreprise pour protéger les travailleurs. Parce que Pomerleau a un plan, justement. Car dès le départ, l’entrepreneur veille à établir avec le maître d’oeuvre une étroite collaboration dans la planification des méthodes de travail, tout particulièrement dans une approche axée sur la santé et la sécurité des travailleurs.

 

Chacun des travailleurs sur le chantier devait connaître, comprendre et appliquer les instructions en matière de santé et de sécurité du travail. - Photo de Pomerleau

 

Des moyens de sécurité imposants sont évidemment mis en place, comme des garde- corps sur les barges et les structures temporaires – ils totaliseront quelques kilomètres tout au long du projet. Mais c’est principalement en raison des mécanismes mis de l’avant pour sensibiliser et informer les travailleurs que le projet se démarque en matière de santé-sécurité.

 

Normand Fortin, directeur de projets chez Pomerleau, précise : « Notre défi, c’était de nous assurer que chaque personne oeuvrant sur le chantier connaisse, comprenne et applique nos instructions en matière de santé et de sécurité du travail. Il fallait que le message de la direction de l’entreprise se rende jusqu’aux travailleurs.

 

« Et il nous fallait établir une communication bidirectionnelle, ajoute-t-il. Si on voulait que le message parte du haut vers le bas, on désirait que l’inverse soit aussi vrai. Parce qu’on voulait impliquer au maximum les travailleurs pour qu’ils puissent nous aider en nous faisant part de leurs observations. »

 

Ainsi, divers processus de mesures de formation, ainsi que de partage d’information, sont implantés pour mobiliser les effectifs derrière un objectif commun : améliorer en continu la performance globale en SST sur le chantier.

 

Une séance d’accueil et d’information est notamment tenue à l’intention de tous les travailleurs avant de permettre l’accès au chantier. Un plan de transport et de sauvetage est aussi mis en place dans l’éventualité où surviendrait une chute en hauteur ou dans l’eau. En outre, une formation de secouriste en mer est offerte à plusieurs travailleurs.

 

Entre autres mesures visant la diffusion d’information au personnel, chacun des contremaîtres de la vingtaine d’équipes de jour et de nuit effectue une pause sécurité quotidienne au début de chaque quart de travail, ceci afin de planifier les opérations sous l’angle de la SST. Une séance d’information hebdomadaire est également donnée à chacune des équipes par les membres de l’équipe de gestion et de supervision (surintendants, gérants de projet, ingénieurs de chantier et agents de prévention).

 

Tout au long du déroulement du projet, qui s’achèvera à l’été qui vient, on ne cesse de taper sur le clou de la santé et de la sécurité. À l’évidence avec succès puisque si quelques incidents sont rapportés en cours de route, aucun accident avec blessures graves n'est survenu. Si bien qu’en janvier dernier, l’Association des constructeurs de routes et grands travaux du Québec remettait son prix Gestion Santé-sécurité du travail 2014 à Pomerleau.

 

MESURES DE SÉCURITÉ
  • Adaptation des mesures de protection au fur et à mesure de l’avancement des travaux
  • Mise en place d’accès sécuritaires pour prévenir les chutes sur un équipement ou sur les structures
  • Installation de garde-corps réglementaires sur près d’une dizaine de barges de travail et toutes les structures
  • Obligation pour les travailleurs de porter une veste de flottaison sur les structures non protégées par des garde-corps
  • Obligation pour les travailleurs de porter une combinaison isothermique complète, en dehors de la saison estivale, pour l’exécution des travaux maritimes les plus à risque
  • Installation de lignes de vie sur les niveaux inférieurs des structures temporaires, tout comme sur les chevêtres une fois ceux-ci bétonnés
  • Installation d’un système de lignes de vie utilisant des poteaux fixés à l’armature en attente sortant des chevêtres, de façon à permettre l’installation sécuritaire des appareils d’appuis et des poutres de béton préfabriquées
  • Recours à un système de mini-potence permettant, une fois fixé aux ancrages d’appareil d’appui, de récupérer le plus rapidement possible un travailleur en attente de son harnais à la suite d’une chute
  • Et autres
  • Source : Pomerleau